Chapitre 4 - Hope

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Rien ne va aujourd'hui. En sortant de chez moi, mon talon s'est brisé, je n'ai pas entendu mon réveil sonner, je suis donc arrivée en retard à mon entretien d'embauche et pour couronner le tout, je viens de recevoir un énième refus.

Ce n'est pas mon jour.

Ni hier.

Encore moins avant hier.

J'enchaîne les entrevues, mais je n'ai jamais de retour positif, à croire que Jeremy Parker a terni ma réputation dans le milieu de la restauration. Il en serait bien capable ce con.

Il me reste trois semaines avant que mon loyer ne tombe, et je n'ai plus grand chose sur mon compte en banque. Je dois à tout prix trouver quelque chose. Peu importe ce qui s'offre à moi, je prends. Question de survie. Je n'ai plus le luxe de choisir désormais.
- Allez mange, il faut que tu prennes des forces.

Officiellement, Félicie est venue me tenir compagnie. Mais officieusement elle a tellement peur que je ne puisse pas manger à ma faim qu'elle m'a préparé sa spécialité : la bandeja paisa. Il y a une variété et une abondance d'aliments dans ce plat incroyable. Il y en a quatorze. De l'avocat, de la tomate, de la viande hachée, un œuf fris, pour ne citer qu'eux. Avec cette recette, mon appétit d'oiseau et moi sommes rassasiés pour les prochains jours.

- Tu n'étais pas obligée...

- Ça me fait plaisir, me rassure-t-elle en remplissant de nouveau mon assiette.

Heureusement qu'elle est là. Je n'ai pas d'amis alors je bénie le créateur de cette Terre d'avoir mis cette femme sur mon chemin. Je n'ai jamais réussi à tisser des liens avec des jeunes de mon âge, sans doute parce que j'ai grandi plus vite qu'eux.

- J'ai vu qu'il cherchait du personnel au coin de la rue, tu as essayé ?

- Laisse tomber, ils sont au complet.

Elle laisse échapper un soupir, puis d'un geste qui se veut tendre et rassurant, caresse mon bras.

Félicie a voulu refaire le portrait de mon ancien patron quand je l'ai mise au courant, mais j'ai mis un frein à ses ardeurs. Il est hors de question qu'elle perde son travail à cause de moi.

- Je peux toujours demander...

- J'ai fait tous les restaurants du quartier, et même les bars. Mais servir des cocktails en bikini, très peu pour moi, la coupé-je en prenant une bouchée de son fabuleux repas.

Elle fronce les sourcils avant d'attraper le journal sur la table basse. Mon amie ouvre la page des petites annonces et se rend compte rapidement qu'elles sont annotées d'une croix pour refus ou complet et d'un cercle pour les prochains entretiens. Seules deux sont entourées : toiletteur et dog sitter.

Je ne me suis jamais occupée d'animaux, mais j'imagine que ça ne doit pas être si compliqué.

La sonnerie de mon téléphone nous interrompt. Le son est proche pourtant je suis incapable de me souvenir où je l'ai posé. Je soulève un à un les coussins de mon clic-clac, mais rien. Je réserve le même sort au tas de feuilles présent sur le bar de ma kitchenette, échec.

Bon sang, mon appartement - studio - est aussi petit qu'une cage à lapin, il ne peut pas être bien loin.

Il faut absolument que je réponde. Il doit s'agir de mon entretien du début de semaine. Le patron m'a dit qu'il appellerait uniquement si la réponse était positive et que si je ne décrochais pas, ce n'était pas la peine de le rappeler. Je n'ai pas envie de laisser passer cette chance. Comment je le sais ? Personne d'autre que Félicie ne m'appelle.

Last HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant