Heureusement que Félicie ne travaille pas aujourd'hui. Elle a pu m'y déposer en voiture, sinon j'aurais dû prendre le bus et j'en aurais eu pour plus d'une heure.
- Ne t'en fait pas tout va bien se passer, me rassure-t-elle de son doux regard.
D'ordinaire, cette phrase m'aurait détendue, mais aujourd'hui c'est différent ; je m'engage vers l'inconnu et je déteste ça. C'est effrayant.
La main sur la poignée, je grimace, pas convaincue. Je sais uniquement porter des plateaux et prendre des commandes. Je ne sais pas ce qu'il compte me proposer mais je ne suis pas sûre d'avoir ma place dans ce lieu.
Je sors de la voiture, peu confiante, les jambes tremblantes.
Je lève la tête et une immense tour vitrée s'offre à moi. Si haute que j'en ai le tournis. De grosses lettres gothiques dorées surplombent les portes coulissantes de l'entrée. MILLER. Pas de doute, je suis au bon endroit.
Une boule de stress qui s'est formée dans mon ventre pendant le trajet est en train de remonter dans ma gorge. Je dois à tout prix respirer pour ne pas perdre pied.
Courage Hope, ça va bien se passer.
Je me demande pendant une demie seconde ce que je fais ici, avant de me rappeler que je n'ai rien trouvé d'autre pour le moment.
Je souffle un bon coup avant de pénétrer dans le bâtiment où j'y découvre une décoration à la fois épurée et luxueuse. Le blanc prédomine, du sol au plafond. Cette couleur accentue la profondeur du lieu. Je me sens minuscule. Quelques touches de verdure avec des plantes bien plus grandes que moi gisent aux quatre coins de la pièce. Il y a même un arbre qui trône au milieu du hall. C'est original, je pensais qu'on les trouvait uniquement à l'extérieur. Deux grandes aiguilles noires décorent le mur derrière l'accueil. Une horloge très design, comparée à la mienne que j'ai trouvé en brocante pour 3 dollars où des marguerites tapissent un fond vert. Oui, j'aime beaucoup les fleurs.
Je lisse les pans de mon blazer noir avant de me diriger vers l'accueil. Une jeune femme blonde au chignon parfaitement tiré m'observe à chacun de mes pas. Plus je me rapproche et plus elle renforce mon sentiment de malaise. Je ne suis pas à ma place et elle me le fait savoir rien qu'avec son regard.
- Bonjour, commencé-je fébrilement, j'ai rendez-vous avec monsieur Miller.
Elle fronce les sourcils puis scanne ma tenue. Visiblement, elle n'y croit pas. Je l'imite, essayant de chercher ce qui cloque : une tâche, un accro, un fil qui veut se faire la malle. Mais rien. J'aime beaucoup cette petite robe patineuse. Elle me fait une jolie taille. Avec du noir c'est toujours plus classe, on est sur de pas faire d'impair. C'est peut-être ma broche en forme de rose qui me porte défaut.
- Impossible, il est en rendez-vous, m'assure-t-elle sans avoir pris le temps de regarder son planning.
Je sais que je n'ai pas ma place ici, elle n'a pas besoin de me regarder de la sorte pour me le rappeler. Néanmoins, je ne supporte pas les gens qui jugent aux apparences alors je ne compte pas m'en aller, pas tant que je n'aurais pas vu Roy Miller.
- Il m'a demandé de venir pour quinze heures.
- Je ne sais pas d'où vous sortez ça mais...
- C'est vrai ! la coupe une voix masculine.
Je n'ai pas besoin de me retourner pour en connaître l'auteur. Son bras posé sur le comptoir, m'encadre chaleureusement. La blonde rougit jusqu'à la racine de ses cheveux avant de se renfrogner dans son fauteuil.
- Oh, je ne sav...
- Quand on ne sait pas, on se renseigne.
Waouh. Je tressaille aux vibrations du ton qu'il vient d'employer. En temps normal, j'aurais ajouté mon grain de sel à propos de sa façon de s'adresser à elle, mais je décide de me taire. Elle l'a mérité. Il ne fallait pas me dénigrer.
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Last Hope
RomanceRoy Miller a besoin d'une nounou. Hope Johnson a besoin d'urgence d'un nouveau travail. Deux personnes qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Les princes charmants n'existent pas que dans les livres. Ouvrez les yeux, vous pourriez rencontrer le vot...