Last Hope

Chapitre 6 - Roy

— Pronta, principessa mia?

June sort de sa chambre à toute vitesse alors que je l'appelle du bas de l'escalier.

— Arrivo papà, répond-elle en prenant soin d'accrocher ses petites mains le long de la rambarde.

Mon sourire s'élargit quand je découvre la tenue qu'elle a choisie pour aller au parc ; une des nombreuses robes de princesse Disney que je lui ai offertes.

Celle-ci est jaune alors si je ne me trompe pas il s'agit de Belle. J'ai beau avoir vu plusieurs fois les dessins animés, il m'arrive encore de me tromper, ce qui me vaut une petite remontrance de la part de ma fille à chaque erreur.

Son costume d'Elsa est au pressing, sinon c'est celui ci qu'elle aurait choisi. Sans aucun doute.
Arrivée en bas de l'escalier, elle incline légèrement le haut de son corps, sans courber le dos, tandis que sa main soulève avec délicatesse le bas de sa robe.

— Che bella principessa.

Ma réplique lui arrache un sourire et mon cœur se met à fondre comme une guimauve lors d'une veillée nocturne au coin du feu.

June tend sa main et j'y dépose un baiser. Elle glousse en fronçant son petit nez. Dans ces moments-là, je me demande ce que je faisais avant qu'elle ne soit là. C'était trop fade. Elle apporte cette touche de couleurs, cette vivacité et cette espièglerie qu'on a tendance à ranger dans un tiroir une fois adulte.

— Par contre, tu prends une veste au cas où le temps se gâte.

Elle opine et se dirige vers la cuisine.

Nous sommes dimanche et comme chaque week-end je décide de me consacrer uniquement à June, la prunelle de mes yeux. Aujourd'hui ne fait pas exception et au vu des températures j'opte pour un pique-nique à Central Park en compagnie de Caleb. Elle n'a pas vu son parrain depuis plusieurs jours, elle sera heureuse.
La cuisine baigne dans une lumière chaleureuse tandis que quelques rayons dorés parviennent jusqu'au hall rénové il y a peu. J'ai fait appel à un peintre, nous avons conservé les moulures des murs et seule la partie supérieure a été peinte, dans un bleu comète. Une myriade de cadres les décorent, avec uniquement des photos de June et le parquet a été vitrifié. C'est ma fille qui a choisi la couleur, en tant que grande fan d'Elsa, le bleu est sa couleur favorite.

— Tu veux une tresse la mia principessa?

June opine en me tendant les bras. Je l'attrape pour la hisser sur l'un des tabourets de la cuisine, qui elle aussi mériterait un coup de pinceau. Je n'en peux plus de ce blanc immaculé, c'est trop froid, trop impersonnel.

Les coiffures de ma fille n'ont plus aucun secret pour moi, j'ai passé des heures entières à éplucher les vidéos YouTube pour parfaire mes techniques. Je glisse mes doigts dans ses cheveux et en quelques secondes ils sont noués avec l'élastique qu'elle avait autour du poignet. Elle reste assise pendant que je termine de remplir le sac. Teresa ne travaille pas le week-end, le pique-nique a été préparé par mes soins; des sandwiches à la dinde et aux cornichons, des petits légumes crus — concombres, carottes — des chips ainsi que des fruits et des boissons. Pas d'alcool, simplement de l'eau plate et pétillante – Caleb boit uniquement du Perrier – et du schwepps nature pour moi. Cal m'a dit qu'il se chargeait du dessert et que June serait aux anges.
Je ferme le sac et la fait descendre de la chaise haute. Elle se dirige vers l'entrée pour se vêtir de sa veste qui traîne encore sur le banc. C'est le week-end, pas de doute, lorsque Teresa est là rien ne traîne. Une vraie fée.

— In cammino, mia principessa.

**

J'étale la couverture sous un arbre, à l'abri de la lumière, trop forte à cette heure pour June.
Tous les regards sont tournés sur ma fille qui ne passe pas inaperçue avec son costume. Elle en est fière. Les enfants l'envient et les parents sont attendris. Ce n'est pas une tenue conventionnelle, certains seraient outragés, mais elle n'a que trois ans. Laissons lui encore un peu d'innocence, elle ne fait de mal à personne.