Chapitre 2 - Hope

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3 septembre 2022, New York.

— Je hais ce boulot ! pesté-je en jetant mon torchon dans l'arrière-cuisine.
Et la décoration du lieux également. Je n'en peux plus de ces sièges en vinyles, de ces banquettes rouges, des murs ornés de photographies de star de cinéma des années soixante et du Juke-box qui crache en permanence du rock'n'roll. La musique de prédilection du patron, qui se prend pour Elvis Presley à ses heures perdues. La seule ressemblance avec cette légende est celle du porc qui porte le même prénom (c'est la mascotte de l'État voisin). Et encore, c'est dégradant pour l'animal d'être comparé à cet individu.
J'aimerais retrouver l'ambiance d'antan, plus intimiste, plus familiale.
— Que passa, mi niña ? me demande Félicie de sa douce voix, en délaissant son poste de travail.
Elle vient vers moi et ça me fait encore tout drôle qu'elle m'arrive à la poitrine, car sa taille est compensée par son immense caractère. D'origine colombienne, elle a le sang chaud. Très chaud. Elle ne passe pas par quatre chemins quand quelque chose ne lui plaît pas, et elle le fait savoir aisément.
Qui s'y frotte s'y pique, comme on dit.
Ses grands yeux chocolat me caressent tendrement tandis que ses deux mains qui ont déjà bien vécu attrapent les miennes.
— J'en ai marre de cet uniforme, de ces clients plus que vicieux, de celui qui me sert de patron... j'en ai...
Je n'arrive même pas à terminer ma phrase tant l'émotion me saisit à la gorge. Des perles d'eau salée tentent de s'échapper de mes paupières closes lorsque la chaleur de Félicie m'enveloppe. Mon corps serré dans l'étau de ses bras, je me laisse aller. Son odeur vanillée me fait voyager, les boucles de ses cheveux noir de jais me chatouillent les narines.
— Toujours ce Mike ?
J'opine du chef contre son épaule – enfin, je devrais dire le haut de son crâne, vu notre différence de taille.
Mike est un habitué des lieux qui vient uniquement pour se rincer l'œil et non pour les savoureux pancakes du chef.
S'il regardait qu'avec les yeux, à la limite... je saurai faire abstraction. Seulement, depuis nos nouveaux uniformes, il a les mains un peu trop baladeuses.
Tout ça, à cause de Jeremy Parker.
Mon patron.
Une jupe bleu ciel, courte. Si courte, qu'en marchant on aperçoit la naissance de la culotte. Je me sens honteuse et ridicule dans une telle tenue. Je n'ai toujours pas compris pourquoi il tenait tant à ce qu'on soit aussi... peu couvertes.
— Il faut attirer les clients, ma chérie, m'a-t-il dit en mâchouillant vulgairement son chewing-gum lorsque je lui ai posé la question.
La bonne nourriture n'est visiblement pas suffisante. Que suis-je bête ? Montrer sa poitrine et se laisser peloter, rien de tel pour faire le succès d'un restaurant.
Bien évidemment, je n'ai pas mon mot à dire, comme il aime me le rappeler en me désignant la porte.
— Je vais lui faire rencontrer Selena et Patricia, on verra s'il continue encore longtemps à te tripoter !
Je rigole malgré moi.
Selena et Patricia.
Des amies ? Des sœurs ?
Non.
Ses mains.
Deux armes destructrices selon elles.
— Crois-moi, elles en ont broyé des noix, poursuit-elle en les agitant sous un regard railleur, et pas que des comestibles !
Cette fois-ci, nous éclatons de rire si fort que les membres du personnel se retournent, étonnés.
— Y a rien à regarder ! lance-t-elle, les yeux remplis d'éclairs.
Petite par la taille, mais impressionnante par son caractère, je vous l'ai dit.
Heureusement que cette femme est arrivée dans ma vie il y a presque trois ans maintenant – jour où je suis entrée dans ce dinner –, je ne sais pas ce que je serais devenue si elle n'avait pas été là.
— Arrête de travailler pour ce vieux con, me conseille ma mère de substitution en replaçant une de mes mèches dorées derrière mon oreille.
— Si seulement je pouvais...
Je suis seule, je n'ai pas de famille sur qui compter. Personne pour m'aider financièrement, malheureusement.
J'ai été baladé de famille d'accueil en famille d'accueil depuis ma plus tendre enfance. Je ne connais pas ma mère, elle a rejoint les anges alors que je n'avais que trois ans dès suite d'une longue maladie. Je n'ai aucun souvenir d'elle. Mon père a été formidable, jusqu'à mes huit ans.  ge où je l'ai également perdu dans un accident de voiture. Un chauffard ivre l'a percuté de plein fouet.
Dès que j'ai eu dix-huit ans, j'ai pris mon envol. Je n'en pouvais plus de ces personnes qui cherchaient uniquement l'argent. Je n'ai pas été maltraité, mais je n'ai jamais reçu l'affection qu'un enfant devrait avoir pour se construire correctement. C'est sans doute pour cette raison que toutes mes relations amoureuses sont des échecs.
— Je pourrais t'aider à...
— Non ! la coupé-je brutalement. Tu n'as pas à t'endetter pour moi. Tu en fais suffisamment.
Un sourire sincère étire ses lèvres avant que ses bras viennent m'envelopper.
— Je ne vous paie pas pour vous câliner ! Au travail ! Les clients vous attendent, gronde Jeremy Parker en débarquant en cuisine.
Je me détache à contrecœur en lui assenant un regard noir.
Je relève mes cheveux dorés en une queue de cheval, serre les dents, lisse ma jupe et retourne prendre des commandes. Avoir une discussion avec lui est de l'ordre de l'impossible. Il est têtu et borné.
Armée de mon calepin, je me dirige vers la table 8. Un couple de sexagénaires. Des habitués.
— Bonjour, madame et monsieur Thompson. Comment allez-vous aujourd'hui ?
— Très bien et toi, ma petite ? me demande Olivia, en me caressant de son doux regard azur.
— Ça va. Deux formules du jour ?
Ils opinent, toujours avec ce sourire chaleureux.
— Et moi ? Tu m'as oublié ?
Le ton grivois de Mike m'irrite les tympans. Je serre si fort le calepin entre mes mains que le papier se froisse.
Le client est roi.
Voilà ce que la voix de Jeremy me crie dans mon esprit.
Je m'avance vers sa table et sans le regarder, je lui demande s'il désire un apéritif pour commencer.
—  Si tu le prends avec moi, avec plaisir.
Cette fois, j'ancre mes yeux aux siens. J'espère que les éclairs que je lui lance sont assez persuasifs pour qu'il cesse son petit jeu.
— Je prends ça comme un non, soufflé-je, agacée. Avez-vous fait votre commande ?
Je ne sais pas ce qui me dégoûte le plus. Son regard lubrique quand il s'adresse à moi, son jean slim pour essayer de paraître jeune qui moule un peu trop ses parties intimes ou alors son odeur d'eau de Cologne. Sûrement un mélange de tout ça.
— Tu pourrais quand même m'accorder un minimum d'intérêt, je ne suis pas un vulgaire client, gronde-t-il d'une voix basse.
Il semble vexé, grand bien lui fasse. Je n'ai pas le temps pour ça.
— Je reviendrai plus tard, quand votre choix sera fait.
Encore une fois, mon cerveau brûle et ma mâchoire se contracte si fort que mes dents sont sur le point de se fissurer. Je retourne en cuisine, cherchant un refuge. Je décide de sortir derrière m'aérer, j'ai besoin de calme et de solitude.
Cinq minutes, un bol d'air frais et une nouvelle assurance plus tard, me voilà de nouveau à sa table.
— Vous avez choisi ?
— Toi et moi dans mon lit ce soir, ça te plairait ?
— Très bien. Dans ce cas, je vous envoie une autre serveuse ! tempêté-je en lui tournant les talons, sans faire attention à ses mains baladeuses qui glissent sur mes cuisses, pour remonter jusqu'à mes fesses.
J'aurais dû anticiper. Un haut-le-cœur me saisit à la gorge.
Trop, c'est trop !
Mon sang bouillonne si fort que je le sens affluer jusqu'à mes tempes.
Sans réfléchir, je me retourne et lui assène une gifle.
Sa tête virevolte de gauche à droite avant qu'il ne bondisse à l'instar d'un lion enragé.
— Tu te prends pour qui, petite conne ! Appelez-moi le patron, que je lui en touche deux mots ! hurle-t-il en repoussant la table, faisant tomber ses couverts.
Et merde.
Je sens les couleurs de mon visage varier au gré des secondes.
Non pas qu'il m'impressionne physiquement, il doit faire au bas mot cinq centimètres de plus que moi, soit un mètre soixante-dix.
J'aurais peut-être dû réfléchir avant de le gifler. Je sais très bien ce qui m'attend : la porte. Peu importe ce que j'ai fait, mon patron ne m'écoutera pas. Ce n'est vraiment pas le bon moment. Je déteste ce job, mais j'ai besoin de cet argent pour payer mon loyer. Et puis, c'est tout ce qui me reste de mon père. Ce restaurant lui appartenait de son vivant. Malheureusement, il était criblé de dettes alors je n'en ai pas hérité. Voilà pourquoi j'y suis autant attachée.
On peut rembobiner la scène ?
Je...
Je veux bien aller à la messe tous les dimanches si mon patron a mystérieusement disparu de son établissement.
Je ferme les yeux, pince les lèvres en espérant qu'il ne débarquera pas en furie, les oreilles rouges de colère et la chemise débraillée à cause de son surpoids — parce qu'il préfère prendre une taille en dessous.
— Présentez-lui vos excuses !
Une voix grave, presque sensuelle et étourdissante, m'oblige à me retourner. Costume haute couture, montre inestimable, cheveux gominés. Sa crinière mi-longue et plaquée en arrière lui confère un petit air de malfrat des années 1960. Ça, ce n'est pas mon patron.
L'entièreté du dinner est en apnée. Tous les regards des clients sont braqués sur nous. Moi qui déteste être le centre de l'attention, je suis servie.
Je reste scotchée par son intervention. Qui êtes-vous ?
Mike, tout aussi surpris, met quelques secondes avant de réagir. Il le dévisage avec son éternel air de chien de la casse, sans savoir à qui il a affaire.
— De quoi tu te mêles ? grogne-t-il.
— Présentez-lui vos excuses !
Il répète ses mots avec la même intonation sans se départir de son regard d'acier. Les pieds solidement ancrés au sol, il n'est pas prêt à en démordre.
Je déglutis devant leur échange. L'inconnu ne cille pas, n'exprime aucune émotion, tandis que Mike est littéralement en train de fulminer. Son visage est tellement rouge qu'on a l'impression qu'il va exploser.
— Occupe-toi de ton cul ! vocifère-t-il en le pointant du doigt.
Plus d'un lui aurait déjà fait avaler sa langue, mais l'homme au costume reste impassible. Aucune veine battant contre ses tempes, pas de poings serrés. Il est d'un calme olympien. C'en est presque déstabilisant. Comment peut-on avoir autant de sang froid ?
— Vous voulez vraiment que je répète une troisième fois ?
Je crois que toute personne sensée n'essayerait pas de le provoquer davantage.
— Quel homme traite une femme de la sorte, si ce n'est un moins que rien ?
Il n'attend pas de réponse, pure question rhétorique. Ça réchauffe le cœur de voir qu'il existe encore des chevaliers servants dans ce bas monde. C'est une espèce en voie de disparition.
Les narines frémissantes, la respiration saccadée, Mike essaye de trouver une échappatoire, mais il n'y en a pas. Pour une fois, il n'est pas en position de force. Son regard dévie pour s'arrimer au mien. Il me lance des éclairs, mais aujourd'hui il ne m'intimide pas, au contraire. Avec l'inconnu à mes côtés, je me sens puissante. Ses lèvres bougent, mais il se ravise, préférant arracher la veste de sa chaise et prendre la porte.
Je suis impressionnée.
Je me demande ce que cet homme est venu faire dans ce dinner. Il n'y a que des habitués ici ou des gens de passage, mais certainement pas des individus qui portent des costumes hors de prix.
— Tout va bien... m'interroge-t-il en inclinant le visage afin de lire mon prénom sur mon badge. Hope ?
J'ouvre la bouche, prête à lui répondre, mais la voix nasillarde de mon patron m'empêche de le remercier. L'après-rasage bon marché de Jeremy Parker me donne la nausée. Un vilain frisson me parcourt l'échine quand je croise ses pupilles dilatées.
— Que se passe-t-il ?
— Rien, tout est réglé, dis-je précipitamment.
Bien évidemment, il ne tient pas compte de ma réplique. Ma parole n'a jamais eu de valeur au sein de son restaurant, pourquoi je me fatigue à le faire ?
Je vois la mâchoire de Jeremy se contracter, ainsi que ses poings. Il tente de contrôler sa colère.
— Elle vous importunait ?
— Oh non, vous vous méprenez !
Malheureusement pour lui, mon patron n'écoute jamais les réponses qu'on lui donne. Il les fabrique lui-même. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi il s'échine à nous en poser. Peut-être pour la forme.
— Veuillez nous excuser pour son comportement. Ça ne se reproduira plus.
— Mais je n'ai...
Je tente de m'interposer, en vain.
— Je vous offre le repas, lâche-t-il sans m'adresser un seul regard.
L'enfoiré !
L'inconnu fronce les sourcils avant de lever une main dans les airs, afin de mettre un terme à toute cette mascarade.
— Écoutez-moi. Cette jeune femme ici présente...
Mon patron agite son index boudiné sous ses yeux, le coupant ainsi dans son élan. Je n'ai jamais vu quelqu'un manquer autant de respect si vite.
— Ça ne sert à rien d'essayer de la défendre. Il y a toujours un problème avec elle ! Ne perdez pas votre temps.
— Elle s'est simplement défendue !
Il ne crie pas comme mon crétin de responsable, néanmoins sa voix est suffisamment assurée et tranchée pour qu'on l'écoute.
Il se tourne enfin vers moi et, comme d'habitude, c'est en grommelant qu'il me parle :
— Défendue ? Qu'est-ce que tu as encore fait ?
Les yeux de mon patron sont sur le point d'exploser et je me retrouve à me triturer les doigts, nerveuse. Je sens alors le regard de l'inconnu se poser sur moi et quelque chose d'étrange se passe. Une douce chaleur réconfortante m'enveloppe et un léger sourire ourle mes lèvres.
— Ce qui importe ce n'est pas le résultat, mais ce qui l'a poussé à le faire, répond-il à ma place.
Il ne connaît pas Jeremy Parker. C'est un homme qui déteste qu'on tourne autour du pot, et surtout qu'on lui tienne tête.
— Qu'est-ce que tu as fait ?
Il réitère sa question les dents si serrées que je peux les entendre grincer.
— J'en ai marre que Mike me tripote ! Je lui ai rendu la monnaie de sa pièce, en le giflant, éclaté-je.
Un mélange de surprise et de colère lui mange les traits de son visage.
L'index pointé dans ma direction, il me postillonne dessus :
— Toi, dans mon bureau.
Je grimace, écœurée. Je m'essuie la figure du revers de la main. Super, je vais en prendre pour mon grade alors que je n'ai rien fait si ce n'est me défendre. L'homme continue à lui faire entendre raison, mais Jeremy ne l'écoute plus. Finalement, l'adage « le client est roi » fonctionne uniquement quand ça l'arrange. Je renvoie un sourire contrit à l'inconnu en lui disant de laisser tomber avant de disparaître.
J'ai à peine le temps de refermer la porte qu'une soufflante monumentale m'accueille. Il crie plus qu'il ne parle.
— De quel droit oses-tu lever la main sur un client ?
— Tu trouves ça normal qu'il me tripote ? riposté-je, les dents serrées.
— Je n'ai pas vu ce qui s'est passé !
Il balaye l'air de ses doigts boudinés tout en roulant les yeux. Quel con ! Je n'ai jamais connu une personne avec autant de mauvaise foi.
Pff, je ne sais même pas pourquoi je suis étonnée... Il n'a jamais pris ma défense. Jamais.
— Évidemment, j'ai tout inventé...
Il ne tient pas compte de ma remarque. Je parle dans le vide.
— À cause de toi, on va encore avoir un avis négatif ! poursuit-il.
C'est donc ça le problème.
Il ne vit que pour ça. J'ai conscience de l'importance que cela représente, mais c'est au détriment de ses employés. Il n'en a rien à faire qu'on soit maltraité par les clients, tout ce qu'il souhaite ce sont les cinq étoiles.
Moi, on s'en fiche.
— J'aurais dû ne rien dire ? grondé-je.
— Tu aurais dû m'appeler et...
— Comme la dernière fois et tu m'aurais humiliée devant lui ? le coupé-je d'une voix acrimonieuse.
Des fourmis rouges grouillent dans mes veines, ça brûle, ça pique et je ne sais pas s'il s'agit de sa façon de me parler ou celle de me reluquer les jambes, mais je laisse éclater ma colère.
— Tu veux que je te dise, Jérémy ?
À ce moment précis, je me fiche des retombées, de le tutoyer. J'en ai marre de me taire. Ça fait trois ans que je subis sans rien dire et j'en ai ma claque.
Les yeux aussi ronds que son bide me répondent.
— Tu n'es qu'un vicelard, doublé d'un con ! Ce n'est pas de cette façon que tu garderas tes employés.
Il grogne comme un chien enragé tout en gesticulant dans tous les sens. Je ne l'écoute pas jusqu'à ce que les mots fatals ne sortent de sa bouche putride:
— Tu sais quoi ? Je vais te rendre ta liberté.
— Ma liberté ? bredouillé-je.
— Tu m'as très bien compris ! Tu es virée !
— Mais...
Ses lèvres s'étirent en un sourire moqueur.
— C'est ce que tu voulais, non ?
Oui... mais non. Je voulais juste vider mon sac.
Tourner sept fois sa langue dans sa bouche.
Voilà ce que j'aurais du faire.
  — Pour quelle raison ? Parce que je me suis défendue ?
— Pour avoir insulté ton patron.
— T'es vraiment qu'un...
Je ravale mon mot ou plutôt mon injure au fond de ma gorge. Il a voulu me pousser à bout pour avoir une bonne raison de me virer. Et je suis tombée dans le panneau.
— Qu'un ?
Je n'ai jamais eu de pensées meurtrières, mais aujourd'hui je ferai bien des confettis de son visage et afin d'effacer son sourire narquois.
Au fond, c'est ce que je souhaitais. Arrêter de bosser pour ce con et d'être traitée comme un morceau de viande, mais la partie rationnelle me dit que je suis dans la merde.
La grosse merde.
Non seulement je vais devoir retrouver un travail très vite pour pouvoir continuer de payer mon loyer, mais je viens aussi de perdre la seule chose qui me rattachait à mon père.
— Parfait, je n'aurais plus à revoir ta misérable carcasse !
Voulant partir la tête haute, je me suis mise à sa hauteur en feulant contre son visage. C'est nul.
Empli de colère, je bouscule malencontreusement un de mes collègues en m'échappant de son bureau. Je file au vestiaire pour changer de tenue. Hors de question de prendre le métro dans cet accoutrement. J'ai tout juste le temps d'apercevoir Félicie et de lui dire que je l'appellerai pour lui expliquer avant de me fondre dans la marée humaine extérieure. La cacophonie new-yorkaise m'accueille à bras ouvert.

Last HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant