Chapitre 6 - Roy

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Neuf heures vingt.

Vingt minutes que j'attends que mon téléphone, coincé dans ma paume, sonne, mais rien ne se passe.

Assis dans mon fauteuil en cuir, une jambe repliée sur ma cuisse, mes yeux ne quittent pas l'écran. Un brouhaha ambiant bourdonne dans mes oreilles, mais je n'en tiens pas rigueur.

- J'ai accepté d'acheter un lot de peluches d'éléphants rose pour cent mille dollars.

- D'accord.

- J'ai également vendu pour un dollar la société.

- OK, OK.

Mon meilleur ami et associé, Caleb, assis juste en face de moi, tape du poing sur la table. Je sursaute et sors de ma léthargie.

- Roy !

Je le dévisage, un sourcil arqué. Qu'est-ce qui lui arrive ?

- Tu m'expliques ?

Totalement désespéré, j'ai engagé une nounou pour June. Celle qui avait le plus d'expérience avec les enfants. Plus que de simples babysitting le samedi soir. Je lui ai demandé de passer me voir ce matin, comme le fait d'habitude Teresa. Lorsque je rentre le soir, il est bien trop tard pour que je puisse profiter de mon bébé. C'est notre petit rituel. J'ai prévenu mademoiselle Garcia que ça me tenait à cœur. Je suis libre jusqu'à dix heures, elle aurait déjà dû me prévenir de sa présence au sein des locaux.

Je laisse tomber mon téléphone sur le bureau avant de passer une main sur mon visage. Je souffle, en le fixant.

- J'attends l'appel de la nouvelle nounou de June.

Il sait qu'il ne faut pas plaisanter avec ma fille, alors il se redresse dans son siège et réajuste sa cravate. Pas de place à la plaisanterie, ses traits sont sérieux.

C'était sans doute une mauvaise idée, cette histoire de nounou. Je remets toutes mes décisions en question. Pourtant, au fond de moi je sais que Teresa ne pourra pas tenir encore longtemps. Ce n'est pas son rôle, mais j'ai l'impression qu'il n'y a personne à sa hauteur.

- Si tu l'as engagée c'est pour une bonne raison.

Il cherche à me rassurer et l'espace d'un instant, ça fonctionne. Je m'entoure uniquement de personnes de confiance. Je ne choisis pas mes employés au hasard. Je me fis toujours à mon intuition, et jusqu'à présent elle ne m'a jamais trahie. Je préfère la qualité à la quantité.

Le CV de mademoiselle Garcia est parfait, tout comme ses références. L'entretien s'est très bien passé, même si ma fille s'est montrée timide envers elle. Elle l'est toujours quand elle ne connaît pas.

- Si tu as besoin d'être rassuré, appelle-la.

Il fait glisser mon portable dans ma direction.

Il a raison, ça ne sert à rien de continuer de me morfondre de la sorte alors qu'avec un simple coup de fil je peux être rassuré. Caleb fait partie des personnes en qui je voue une confiance aveugle. Il n'y en a pas beaucoup sur cette Terre. Elles se comptent sur les doigts d'une main. C'est pour cette raison qu'il est à la fois mon ami, mon associé et le parrain de ma fille.

Je ne réfléchis pas davantage et saisis mon téléphone.

Au moment où je déverrouille l'écran, ma secrétaire me sonne pour m'avertir que je suis attendu à l'accueil. Je n'ai pas plus d'informations. J'imagine que mademoiselle Garcia m'y attend, ce qui est étonnant étant donné que j'ai prévenu la sécurité de la faire monter à mon bureau.

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