iris

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Le bruit qui règne dans le manoir lorsque j'y entre est insupportable. Un brouhaha qui ne cesse dans aucune pièce. Tout le monde s'active, tout le monde court dans tous les sens et parle à voix haute. Quelques personnes essaient d'échanger avec moi mais je trace mon chemin, ne souhaitant pas m'attarder. Il y a plus urgent. Je traverse rapidement le rez-de-chaussé, monte les premiers escaliers tout en esquivant au mieux le personnel. La cohue me bouscule de partout et j'emprunte les escaliers à toute hâte vers le troisième étage pour m'en échapper. Il n'est autorisé qu'à un nombre restreint de personnes et rapidement, les discussions ne deviennent que des murmures étouffés au loin. J'arrive devant le bureau de mon père et après avoir pris une rapide inspiration, je cogne trois fois et pousse l'épaisse porte en bois sans attendre une réponse.

Mon regard englobe la pièce dans toute sa grandeur que je connais depuis ma plus tendre enfance. Du bois de partout. Des étagères au sol, du bureau aux armoires. Un canapé en cuir, quelques chaises du même style et enfin, le fauteuil de mon père, le plus confortable que j'ai pu tester de ma vie. Les grandes fenêtres permettent à la lumière d'entrer et les quelques miroirs agrandissent l'endroit.

- Tu sais, lorsqu'on frappe à une porte, on attend d'être invité à entrer, Iris.

Mes yeux se posent sur le dos mon grand frère qui ne prend même pas la peine de se retourner pour me regarder. Je lève les yeux au ciel et détourne mon attention sur mon père qui me détaille de haut en bas, pour vérifier que je ne suis pas blessée. Eh non papa, j'ai appris du meilleur.

- Parce que maintenant je dois être invitée pour entrer dans le bureau de mon propre père ? Je dois l'appeler Don Gianni ou papa passe encore ? j'ironise en m'approchant pour croiser le regard d'Orso.

Mon frère tourne enfin son regard froid vers moi et je ricane. Il y a un monde entre aujourd'hui et la dernière fois où ses yeux de glace m'ont fait peur. Je lui tire la langue et je lis la désapprobation sur son visage. Il me trouve souvent trop peu sérieuse, en dehors des protocoles et estime que ça pourrait me porter préjudice. Ce qu'il ne sait pas c'est que jamais je ne voudrais devenir aussi froide que lui parce que mon Dieu que la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue.

- Quelles sont les dernières nouvelles ? demande mon père pour couper notre échange silencieux.

Je reprends mon sérieux et me reconcentre sur la situation. Nous venons de prendre position dans un conflit qui nous concerne directement et nos actions ne vont pas rester sans conséquences. La colère qui vibre en moi me fait serrer les poings quand je repense aux derniers mois. J'étais triste, aujourd'hui je ne suis plus que rage. La douleur s'est transformée en haine et il m'arrive d'avoir envie de tout détruire sur mon chemin.

- Le fils Moretti n'est pas encore réveillé, je commence. Plusieurs gardes le surveillent. Diego est dans les parages et tourne.

Mon père hoche la tête avant de regarder Orso, attendant son rapport.

- J'ai aussi posté des gardes à toutes les entrées pour repousser toute attaque des Rossi, ajoute mon frère. Et je me suis assuré que Lucia est en sécurité avec les enfants.

Mon père hoche une nouvelle fois la tête tandis que je serre et desserre mes poings. Le mot d'ordre de ces dernières semaines est sécurité. Encore plus depuis que j'ai capturé le fils Moretti. Les vengeances doivent être contrôlées et aucun acte ne doit comprendre une part de hasard. Les membres des familles vulnérables doivent être en sécurité, comme la femme d'Orso, Lucia, et ses deux enfants. Tout doit être géré au millimètre près. Et c'est ce que nous nous efforçons à faire. Il y a eu trop de pertes ces derniers mois pour qu'on puisse se permettre la moindre erreur.

MAFIA : AMAREZZAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant