Je ne sais pas depuis combien de jours je suis enfermé. Est-on le matin ? Fait-il nuit ? Il n'y a aucune fenêtre, la pièce est faiblement éclairée, mais seulement lorsqu'on vient me passer à tabac. Sinon, je suis plongé dans l'obscurité, ce qui m'empêche de voir les heures et les jours filer. Les interrogatoires et les moments passés évanoui me font perdre la notion du temps. Je ne sais pas non plus quand ce calvaire s'arrêtera, mais je ne supporte plus d'être ici, attaché et cloîtré entre quatre murs délabrés. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été à la place du prisonnier. Je déteste cette position.
Je sens mon corps faiblir de plus en plus et je ne préfère pas imaginer mon visage. À quoi est-ce que je ressemble, maintenant ? Suis-je balafré de partout, le serai-je à vie ? J'ai mal de partout. J'ai un goût atroce de fer dans la bouche, les lèvres fendues et je porte en horreur le sang séché sur mes joues. Peut-être ai-je des côtes cassées, et des centaines d'hématomes qui colorent ma peau. Je suis sûrement en si piteux état que je préfère taire mes pensées.
La porte s'ouvre de nouveau et je vois la jeune fille revenir vers moi, pour la je ne sais combientième fois de la journée. Je la détaille en silence et remarque qu'elle tient une trousse entre ses bras, ainsi qu'une bouteille d'eau et ce qui semble être un sandwich. Elle pense me faire souffrir en mangeant devant moi ? Sait-elle au moins quelles tortures j'ai subi dans le passé ?
— On a un problème, dit-elle à peine entrée dans la cellule.
Je la regarde sans rien dire, fatigué. Si elle désire faire une nouvelle conversation le même jour, elle fera les questions réponses toute seule.
— Écoute, soupire-t-elle, c'est soit tu collabores et on peut voir ce qu'il advient de toi, soit tu vas pourrir ici le reste de ta vie et par élan de pitié quelqu'un te tuera. Et comme tu es mon problème, ce sera sûrement moi.
Je l'observe toujours sans ciller, et après un haussement d'épaules, je détourne mon attention sur ce qu'elle tient entre les mains. Des compresses et de l'alcool. Elle pense que je vais coopérer en échange de soin ? Soit elle est encore plus bête que je ne le pensais, soit elle délire.
— Je n'ai rien à dire de plus que les autres fois.
— Il y a plein de choses à dire, pourtant. Qui es-tu, quel est ton vrai prénom, d'où viens-tu, qu'est-ce qui t'amène ici, et tout un tas d'autres. Et on va pas tourner autour du pot si ? Tu ne veux pas me faire perdre mon temps ? Ni le tien ?
C'est à mon tour de souffler. N'ont-ils rien compris depuis mon arrivée ici ? Je ne suis pas la personne qu'ils recherchent et je ne suis mêlé ni de près ni loin à cette histoire. C'est eux, qui me forcent à en faire partie. Je n'ai aucune envie de répondre, aucune envie d'être sincère, aucune envie de dévoiler ma vie. Pas à elle. Pas à eux.
— Aucune de ces informations ne te regarde, toi. J'ai quitté l'Italie et ce n'est pas pour qu'on m'oblige à y rester de force. Et encore moins enfermé.
— Si toutefois ce que tu dis est vrai, tu ne vas pas réussir à quitter le pays si tu ne coopères pas.
— Tout le monde ici est censé connaître mon prénom, d'où je viens, et ce que je fais là, ce petit manège a assez duré, j'aimerais m'en aller.
Je la vois lever un sourcil et gorger d'alcool une compresse. Je grimace. N'a-t-elle jamais soigné quelqu'un ?
— Tu crois que je me casserai le cul si je savais déjà tout ?
Je n'ajoute rien et profite de son attitude peu violente, pour la première fois qu'elle me l'offre. Après tout, peut-être que ça ne durera que quelques minutes avant que les coups reviennent. Je regarde autour de nous, le petit espace devient de plus en plus étouffant au fil des jours et je prie tous les dieux de me laisser retrouver l'air pur de dehors. Apparemment, ils ne m'entendent pas sous terre. Le seul trait d'espoir que j'observe c'est cette fichue ampoule au-dessus de ma tête, qui ne cesse de clignoter. De quoi me rendre fou plutôt que croyant.
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MAFIA : AMAREZZA
AksiyonEn Italie, les mafias 𝙉𝙚𝙧𝙤 𝘾𝙪𝙚𝙧𝙚𝙨𝙩𝙧𝙖 et 𝘼𝙧𝙩𝙞𝙜𝙡𝙞 𝙍𝙤𝙨𝙨𝙞 sont en conflits depuis la nuit des temps. Lorsque cette dernière porte un coup fatal à la famille adverse, elle déclenche une guerre encore plus sanglante entre les deux...