mattia

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J'ouvre la porte et je n'attends pas de l'entendre s'écraser contre le mur pour aller attraper deux hommes et les faire reculer hors de la pièce. Ils bégaient et réajustent leurs vêtements tandis que des insultes fusent, et je profite de leur surprise pour foncer vers le dernier soldat, accroupi par terre, trop concentré sur ses gestes répugnants pour m'accorder de l'attention. Mais quand j'entre dans son champ de vision et que je le pousse plus loin, il me fusille du regard en criant :

Cosa fai, stonzo ?!

(*Qu'est-ce que tu fais, connard ?!)

Vattene ! je lui ordonne.

(*Dégage.)

— Tu ne donnes d'ordre à personne ici, soldato !

(*Soldat.)

S'il pense que cela va m'arrêter, il peut se mettre les doigts dans les yeux et même ailleurs. Je lui fais face et lui désigne la porte, là où poireautent ses deux amis, qui ne semblent pas vouloir entrer dans notre combat. On dirait des chiens qui ont été grondés pour une bêtise et qui restent dans un coin, penauds et gênés, la queue entre les jambes. Le dernier, lui, ne se résigne pas à les rejoindre et fait grimper ma colère.

— Je ne le répéterai pas deux fois, fuori da !

(*Dehors.)

Il m'ignore et je suis obligé de lui bloquer les bras dans le dos afin qu'il cesse ses gestes. Il se débat et se redresse alors je le pousse avant de lui écraser la tête contre la table. Il balance des tas d'injures tandis que j'entends des pas derrière nous. La porte se referme et j'en conclue que les deux hommes présents sont partis sans chercher les problèmes. Il ne reste plus que nous trois dans la petite pièce et je me force à ne pas la regarder elle, pour ne pas le battre à mort lui.

Sei spregevole, poco istruito, tua madre non ti ha mai insegnato a rispettare le ragazze ?

(*Tu es méprisable, peu éduqué, ta mère ne t'a jamais appris à respecter les filles ?)

— Ne parle pas de ma mère, stronzo.

— J'aimerais beaucoup lui parler pour lui dire à quel point son gosse est une merde humaine. Dégage ! je crie en le virant de la pièce.

Je lui claque la porte au nez et soupire pendant que je l'entends encore déblatérer des insultes à tout va. Je prends une grande inspiration avant de me tourner vers mon ancienne camarade de cellule, recroquevillée dans un coin. Elle murmure des mots en boucle pendant que je m'approche d'elle doucement.

— Je sais que tu rêves sûrement d'en finir avec moi, mais si tu as un minimum de cœur, laisse ma dignité tranquille, souffle-t-elle.

Après les quelques péripéties traversées ensemble, je pensais que son avis sur moi avait évolué. Que je n'étais pas seulement le fils de mon père. Apparemment pas.

Elle relève la tête et croise mon regard, et c'est la première fois que j'y découvre de la peur dans le sien. Où est passée la courageuse Cuerestra que j'ai rencontrée ? Où sont parties les étoiles émeraudes qui brillaient, la dernière fois que je l'ai croisée ?

Je laisse mes yeux posés sur son visage et je serre les dents quand je remarque toutes les blessures encore ouvertes qu'ils lui ont données. Certains n'ont pas honte de s'en prendre à des femmes. Je me redresse et pour éviter qu'elle se sente encore plus humiliée, je lui offre mon pull. Elle me lance une grimace mais l'enfile tant bien que mal et on semble tous les deux soulagés en voyant qu'il est assez grand pour couvrir une bonne partie de son corps.

MAFIA : AMAREZZAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant