iris

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La porte s'ouvre et je redresse la tête de mon ordinateur sur lequel je travaillais. Enzo me regarde et je hoche la tête pour lui indiquer qu'il peut interroger Alec si ça l'enchante. Peut-être essaie-t-il de se racheter mais je doute qu'il arrive à lui soutirer des informations. J'ai passé les sept derniers jours avec lui et cet homme est un menteur né. Parfois, j'aime lui faire croire que je crois à ce qu'il me dit : paraître plus stupide que ce que je suis, c'est une technique que je peaufine au fil des ans.

Je reporte mon attention sur mon ordinateur pour continuer d'écrire les rapports que mon père m'a demandés. Une des conséquences d'avoir capturé le mauvais Moretti est une tonne de paperasse qui m'a été donnée. Mon père sait que j'ai en horreur tout ça et aime m'en filer lorsque je faute. Il n'a pas hésité une seule seconde cette fois. C'est de bonne guerre.

— Où est-ton frère ? j'entends Enzo demander.

Je relève la tête et observe Alec, délaissant mon rapport. Sa résistance m'impressionne. J'en ai torturé des personnes, jusqu'à la mort. Et de tous, je crois que c'est celui qui tient le mieux. Sauf que j'ai fini par me lasser de son manque de réponse. Je sais que la douleur ne le fera pas parler. Les soins non plus. J'ai opté pour ma dernière option : faire ma vie à ses côtés et lui imposer le silence. Il finira peut-être par se mettre à parler.

— Qu'est-ce que j'en sais ?
— C'est ton frère.
— Je ne sais pas où il est. Ça fait plus de six ans que je ne l'ai pas vu.

Malgré moi, je souris. Il ment comme il respire. La seule chose sur laquelle je le crois, c'est qu'il n'a pas posé le pied sur le continent depuis toutes ces années. Le reste : que du vent. Les hommes d'Orso nous ont confirmé qu'il travaillait toujours pour les Rossi, mais pas de l'Italie, de l'Amérique. On ne quitte jamais totalement sa Mafia.

— Arrête de mentir ! s'énerve Enzo. Tu devrais savoir mieux que quiconque où il est.

Je me retiens de soupirer. Je comprends pourquoi Orso me disait de ne pas mêler mes sentiments à un interrogatoire. Ça ne mène à rien.

— Et je te répète que je n'en sais rien ! Et tu crois quoi ? Même si je le savais, je ne te le dirais pas, dit-il avant de lui cracher au visage.

J'ai l'impression d'être une spectatrice, il ne me manque plus que le popcorn. Ça va devenir intéressant. J'espère seulement qu'Enzo ne va pas rester trop longtemps parce que je déteste qu'on empiète sur mes plates bandes. Un peu de divertissement ne me dérange pas, mais s'il en vient aux mains, ça va vite devenir ennuyeux. Autant que je frappe Moretti moi-même.

— On a été gentils jusqu'ici, mais si tu ne me dis où se terre tuo fratellino, ça va mal se terminer.
*ton frère

Enzo se rapproche et lui envoie un coup de poing. Je vois Alec l'amortir tandis que je me relève tout en refermant mon ordinateur pour le déposer au sol. Le temps d'être sur mes deux pieds, mon prisonnier prend de l'élan avec sa tête et l'envoie à toute vitesse dans le visage d'Enzo qui vacille. Oh oh oh, ça chauffe donc à ce point. En même temps, pour lui, c'est un traître. Et les traîtres ne méritent que la mort.

Je viens me placer entre les deux pour éviter que ça dégénère et repousse Enzo vers la porte en tournant le dos à Alec.

— Enzo, sort. Et va dire à Orso que j'ai besoin de personne dans les pattes pour gérer le problème. Et que s'il m'envoie encore une personne, je me décharge de tout et je reprends mes autres fonctions.

Je perds mon temps ici et je n'ai qu'une envie : en finir avec Moretti. Mais nous sommes dans une impasse et je me dois de trouver la solution. À savoir, casser un mur pour en sortir ou bien le tuer et faire demi-tour. La décision n'est pas encore prise.

MAFIA : AMAREZZAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant