Ⲟⳙⲅ ⳽ⲧⲅⲁⲛⳋⲉ ⳑⳕⲧⲧⳑⲉ ⳨ⲟⲅⲉ⳽ⲧ

154 21 10
                                    

L'on dit que la vie d'une personne peut être représentée par un arbre. Ou plutôt, par ses branches.

Parce que chaque chemin emprunté ouvre des embranchements, des possibilités, qui ne fleurissent parfois pas et n'atteignent pas leurs limites.

C'est sans doute pour cela que l'on parle d'arbre généalogique pour désigner le commencement et la fin de toute vie.

Rencontrer, créer des liens, s'attacher. Construire les nouvelles branches d'un arbre, ou en couper.

C'est, pour chaque être humain, devenu une habitude. Puisque le monde va et vient, que les vies se croisent, s'entremêlent, se séparent, et se retrouvent.

Pourtant, habitude et habitué sont deux termes bien distincts. Parce qu'on a l'habitude de faire le même trajet ne veut pas dire que l'on est habitué à y trouver toujours les mêmes voitures, toujours les mêmes panneaux.

Alors pour certains, cette habitude continue d'être brûlante. Elle est brûlante, mais jamais de la même intensité. C'est pourquoi il est des jours plus difficiles à vivre que d'autres.

C'était un de ces jours pour Jisung.

Un de ces jours où, au réveil, il avait eu du mal à ouvrir les yeux, l'esprit embrumé, le corps courbaturé. Il avait commencé sa journée la tête ailleurs, et il ne pouvait se targuer d'être au moins là physiquement. Parce que ses muscles avaient eu du mal à le porter dès les premières minutes.

Alors il avait soufflé, s'était passé le visage sous l'eau fraîche, et avait débuté cette journée brûlante. Brûlante de ses regrets, de ses maux, de ses mots, trop longtemps gardés.

Ses accompagnants du jour, les fourmis qui parcouraient son corps, avaient rendu ses tâches de serveur plus difficiles encore.

Mais il en avait l'habitude, alors Jisung avait ouvert le bar en bord de plage dans lequel il travaillait depuis six ans maintenant. Sous le soleil d'été qui faisait pâle figure face à la chaleur incandescente qui l'avait parcouru dès le réveil.

Il était resté là, debout entre les tables de la terrasse. D'aucun aurait pu dire qu'il avait observé l'océan. Qu'il avait détaillé les baigneurs, envieux de leur liberté.

Il n'avait fait qu'utiliser ses yeux comme leurre.

Jisung n'avait regardé ni l'océan, ni ses visiteurs. Il avait observé l'horizon, à la recherche du coucher du soleil qui ferait revenir les étoiles. Attendu l'obscurité, qui viendrait éteindre ses regrets pour la nuit.

Car s'il valait mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets, Jisung avait appris à partager sa vie, tant avec l'un qu'avec l'autre.

Depuis qu'il avait, un jour, prit peur.

Prit peur face à ce qu'il n'avait ni connu ni entrevu durant sa courte existence; l'amour.

Jisung n'avait jamais eu de chance. Il était né, lui avait-on dit, de parents trop jeunes pour se soucier de son bien être. Il avait été placé en foyer avant même d'ouvrir les yeux sur ce qui l'entourait, avant même d'apercevoir celle qui l'avait porté et mis au monde.

Et il aurait pourtant aimé lui en dire, des choses, à cette femme.

Il aurait aimé lui demander pourquoi.

Pourquoi, si ça n'était pas pour l'accompagner, l'avait-elle gardé jusqu'au terme ?

Pourquoi n'avait-elle jamais cherché à le trouver ?

Pourquoi n'avait-elle pas vérifié la réputation du foyer dans lequel on l'avait placé ?

Jisung avait vécu une vie rongée de questions sans réponses. Il avait fini par en avoir l'habitude. Mais certaines de ses questions pesaient encore, accrochées à ses chevilles pour l'empêcher d'avancer.

✧˚Ⲟⳙⲅ ⳽ⲧⲅⲁⲛⳋⲉ ⳑⳕⲧⲧⳑⲉ ⳨ⲟⲅⲉ⳽ⲧ [a Minsung OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant