Chapitre 1

226 3 0
                                    


AYREEN

Maintenant – Ayreen, âgée de 21 ans

Grâce à mon maquillage, mes yeux rougis ne sont pas ce que l'on percevra en premier. Mon personnel s'active à gommer toute trace de laideur, selon les désirs de ma mère qui refuse tout bonnement que je mette un pied dehors sans être peinturlurée. D'après elle, les paparazzis ne manqueront pas de me ridiculiser dans les médias, et ce n'est pas faux, ils passent leur temps à chercher un scoop qui alimentera leurs journaux sans intérêt. Je me demande encore pourquoi des gens se passionnent pour la vie des célébrités. Le monde s'écroule, et eux, tout ce qu'ils veulent, c'est découvrir Ayreen Campbell au naturel. Une manière de détourner le peuple des vrais problèmes, de les abrutir avec des futilités, en somme.

Puisque j'ai rendez-vous avec Andrew, je tâche d'adopter une mine ravie, alors qu'au fond, je ne suis pas très enjouée à l'idée de le voir.

Quelqu'un toque à la porte de ma chambre, ma maquilleuse et coiffeuse vient de partir. C'est donc probablement ma domestique.

— Entrez.

Sally apparaît sur le seuil, tête baissée. Elle a l'interdiction de nous regarder dans les yeux. Chose ridicule. Toutefois, elle tient à la place qu'elle occupe depuis des années dans notre somptueuse villa du quartier riche de Bel-Air. Ma génitrice a tendance à virer les gens très facilement. Elle n'a aucune pitié, alors nos employés se plient à ses demandes farfelues.

— Bonjour, Mademoiselle Ayreen. Je viens vous annoncer que M. Andrew est arrivé, il vous attend au salon.

La maîtresse de maison aime que nos salariés nous nomment avec un titre. Selon elle, ça démontre notre rang supérieur aux autres. Je ne partage pas ses idéologies, mais je préfère me taire. Il ne sert à rien d'aller contre Annalise Nichols Campbell. Elle déteste qu'on la contredise.

— Ah, il est déjà là... ! soufflé-je.

— Oui.

Je m'empresse d'enfiler une veste même s'il doit faire une vingtaine de degrés à l'extérieur. Il ne faudrait pas que qui que ce soit remarque mes blessures récentes.

— Je descends, signalé-je en passant devant Sally.

Je déambule dans le couloir en traînant des pieds. Mes talons claquent sur le sol en marbre, le son se répercute dans tout l'habitat, attestant de mon approche. Mon estomac se tord sous le stress que m'engendre cette situation. Parce que mes sorties avec Andrew n'ont rien d'enthousiasmant.

Lorsque j'arrive en bas des marches, dans le vestibule, je discerne les deux agents du Secret Service[1] assurant la protection de mon petit ami. En tenue de civil, chacun arbore l'oreillette inhérente à leur métier. Les mains jointes, ils me saluent gentiment, sans perdre de vue Andrew ni les alentours.

— Bonjour, Mademoiselle Campbell, me disent-ils en chœur.

Je leur réponds chaleureusement, puis bifurque vers le salon où la voix de mon petit ami se mêle à celle de Rylan, ainsi que celle de mon père. Je chemine jusqu'à eux, dirige mon regard vers les baies vitrées donnant sur une partie de la terrasse. Le soleil a l'air de taper plus fort que je le pensais. Ses reflets se propagent sur l'eau de notre piscine qui m'attire plus que mon rendez-vous foireux.

— Ah, te voilà ! s'exclame Andrew en venant à ma rencontre, un sourire enjôleur sur les lèvres.

Mes zygomatiques se sont étirés, je parais très heureuse face au brun devant moi. Dans une autre vie, j'ai dû être actrice vu ma facilité à jouer un rôle.

Carnage [Publié]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant