Chapitre 16 : Chercher la verité

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Auberge des Trois Empereurs, 12ème jour du 3ème mois du calendrier impérial 8h07 :

"Toc Toc Toc."

"Monsieur Ling Bai, le repas sera servi dans une dizaine de minutes !"

Ling Bai, réveillé brusquement par le toquement insistant, émergea de son sommeil. Les vestiges du sommeil se dissipèrent rapidement, mais une expression perplexe s'empara de son visage, trahissant sa confusion.

"Quelque chose ne va pas...", murmura-t-il, perdu dans ses pensées. "J'étais certain d'avoir quitté la ville... Ce ne pouvait pas être un simple rêve !"

Tandis que son esprit cherchait fébrilement les raisons derrière ces événements absurdes, Ling Bai se rendit compte que ses souvenirs de la veille semblaient enveloppés d'un brouillard énigmatique, devenant de plus en plus difficiles à saisir à mesure que les secondes s'écoulaient.

Prévoyant, Ling Bai prit immédiatement la décision de consigner ses souvenirs sur papier, rédigeant en quelques mots les fragments d'événements dont il pouvait encore se rappeler. Chaque détail était précieux, et il savait que le temps jouait contre lui.

Puis, un pressentiment s'empara de lui, l'incitant à quitter sa chambre sans plus tarder. Il se mit en quête de Sun Jiao.

Le trouvant assez rapidement, Ling Bai lui demanda alors :

- " Salut Sun Jiao... quel jour sommes nous s'il te plait ? "

Sun Jiao le dévisagea d'un air étrange, manifestement déconcerté, avant de répondre avec une pointe d'incertitude dans sa voix :

"Euh... nous sommes le 12... enfin, je pense que c'est aujourd'hui..."

La réponse reçue confirmait les soupçons de Ling Bai : quelque chose n'allait pas. Selon lui, la date actuelle devrait être le 14. Ling Bai, dont les souvenirs s'évanouissaient de plus en plus à chaque seconde qui s'écoulait, fixa la note qu'il tenait entre ses mains.

Sur celle-ci, quelques phrases étaient griffonnées, résumant ce qu'il ne voulait pas oublier :

"Prince Xeres lié aux événements énigmatiques (avertissements + mentions par les assassins)"

"L'attaque aura lieu aux alentours de 0h30."

"Trop puissant en combat frontal (niveau inconnu)."

"Mes souvenirs s'effacent."

Il ajouta alors une phrase :

"Boucle temporelle ? Pourquoi ? Est-ce la raison de mes souvenirs qui disparaissent ?"

Ling Bai devait maintenant élaborer un plan d'action. Il semblait se réveiller chaque jour pendant la journée du 12, sans que cela ne soit lié au passage au 13, puisqu'il s'était endormi dans les arbres, en dehors de la ville, vers 1h du matin.

La source de ses problèmes devait donc résider ailleurs.

Il devait maintenant décider de la suite des événements, Ling Bai avait alors le choix entre aller voir le prince Xeres, tenter de s'enfuir encore plus loin de la ville, où rester caché dans sa chambre en attendant que l'orage passe.

- " Quel merdier ! " pesta t-il.

- " Bon, commençons par aller interroger le prince, je ne lui fait pas vraiment confiance mais il ne sera pas trop tard pour fuir plus tard je suppose..."

Ainsi déterminé, Ling Bai se dirigea d'un pas résolu vers la taverne. À mesure qu'il s'approchait, les échos joyeux des rires et des conversations bruyantes se faisaient entendre, émergeant de l'intérieur du bâtiment en bois robuste.

Lorsqu'il franchit la porte, il fut accueilli par une scène inattendue. La taverne, en réalité, était étonnamment déserte sûrement à cause de l'heure matinale et le soleil qui se levait à peine. Seuls quelques individus semblaient déjà être présents : des soûlards matinaux qui somnolaient au comptoir, et quelques érudits dont les esprits alertes semblaient absorbés par leurs parchemins.

Cependant, Ling Bai ne vit aucune trace du jeune homme qu'il recherchait.

Alors qu'il allait repartir d'où il venait, le vieux gérant de l'auberge l'interpella :

- " Gamin ! Son altesse sérénissime impériale m'a demandé de te dire d'aller dans ses appartements... c'est là chambre 56 ! "

Ling Bai ne rata évidemment pas le ridicule qui emplissait les propos du vieil homme.

En réalité, la plupart des citoyens de l'empire d'Isacar vouait une haine intense envers les habitants de la principauté d'Aleb.

La raison était que les deux pays s'étaient menés une guerre il y a une vingtaine d'années.

Cette hostilité enracinée remontait à la guerre sanglante qui avait ravagé les terres il y a maintenant vingt longues années. Malgré l'écrasante supériorité et la puissance incommensurable de l'empire, la petite principauté d'Aleb avait miraculeusement survécu, soutenue par sa formidable habileté militaire, son armée d'élite, ses réseaux commerciaux florissants et les alliances forgées avec les nations hostiles à l'Isacar, qui comptaient plus d'un voisin de l'empire parmi leurs rangs.

Ces alliances, tissées en secret, formaient une toile complexe d'intérêts politiques et de jeux de pouvoir, où la principauté d'Aleb s'était révélée être une épine particulièrement douloureuse pour l'orgueilleux empire. Malgré les victoires remportées, Isacar était demeuré impuissant face à cette nation voisine déterminée à ne pas se soumettre à sa volonté écrasante.

Ainsi, de nombreux vétérans de guerre, attendaient leurs vengeances et aiguisaient leurs armes en attendant le deuxième acte du conflit.

- " Très bien merci de m'avoir prévenu. "
Répondit simplement Ling Bai.

Notre protagoniste se dirigea vers le cinquième étage de la taverne, en quête de la chambre numéro 59. À peine quelques minutes plus tard, il parvint à dénicher la porte qu'il cherchait et frappa sans attendre.

" C'est Ling Bai... Vous avez demandé à me voir ?" déclara-t-il d'une voix ferme.

Après quelques instants, une voix faible lui parvint de l'intérieur de la suite.

"Entrez..."

Ainsi, Ling Bai ouvrit la porte et pénétra dans la pièce qui s'offrait à lui. Un spectacle somptueux se dévoilait, presque à la limite de l'outrance. Les murs étaient parés de magnifiques tentures, et une toile gigantesque ornait majestueusement le plafond.

Au fond de la pièce trônait un lit à baldaquin imposant, semblable à un trésor. Le prince gisait dessus, d'une pâleur si extrême qu'elle inspirait la crainte. Son visage, autrefois doux comme de la soie, était maintenant ridé et desséché, tel celui d'un vieillard épuisé par les tourments du temps.

Le silence s'écoula, lourd et oppressant, pendant quelques secondes avant que le prince ne rompe enfin cette tranquillité troublante.

"Je t'attendais... Nous devons parler."


Chroniques d'un magicien égaréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant