La pièce était plongée dans une obscurité oppressante, le silence s'étendant comme une présence mortelle dans cet espace immense.Ling Bai, tous ses sens en alerte, chuchota d'une voix à peine audible, veillant à ce que ses mots se fondent dans le silence environnant :
"Pars ablatione."
Alors, les contours de son corps commencèrent à se dissiper lentement, telle une brume éthérée s'évanouissant dans les ténèbres. Ling Bai se fondit progressivement dans l'obscurité ambiante, ses contours s'estompant jusqu'à se confondre avec les ombres. Sa présence se volatilisa.
Immobilisé, Ling Bai maîtrisait sa respiration, veillant à ne pas émettre le moindre son qui puisse trahir sa présence. Il se fondait avec une habileté inégalée dans l'environnement, tel un prédateur camouflé à la perfection, son expérience inégalée dans l'assassinat était ici un atout essentiel à sa survie.
Les secondes s'écoulaient, étirées dans une éternité silencieuse, seulement troublée par le sang s'échappant des veines du corps sans vie du vieillard, tel un ruisseau sombre, maculait le sol en marbre d'un motif macabre.
Alors que Ling Bai commençait à croire que son agresseur avait quitté les lieux et s'apprêtait à s'échapper, une brise légère troubla les ténèbres de la pièce, portant avec elle un léger froissement. Une silhouette, agile et furtive, se mouvait avec assurance en direction du cadavre et de Ling Bai.
L'intrus, d'un geste vif, claqua des doigts, libérant une flamme rougeoyante qui jaillit au sommet de son pouce, projetant une lueur vacillante dans l'obscurité oppressante. Les contours flous de la pièce se révélèrent brièvement, offrant une vision correcte de l'environnement qui l'entourait.
Enfin, Ling Bai put discerner le visage du tueur, éclairé par la lueur de la flamme. Il s'agissait de l'homme d'âge mûr qu'il avait croisé plus tôt dans la journée. Son regard étincelait d'une lueur malsaine, animé par une colère brûlante.
L'assassin se tenait maintenant tout près de Ling Bai, sa présence menaçante exacerbée par la lueur rougeoyante. Il murmura d'une voix colérique, chargée d'une frustration palpable :
"Où est passé ce gamin ? Il était avec le vieillard. Comment a-t-il pu s'évaporer ainsi sous ma surveillance ?"
Après quelques instants de réflexion, son regard acéré se posa sur le corps inerte du vieil aubergiste, étendu dans une mare de sang sombre. Un sourire narquois se dessina sur les lèvres du tueur, accentuant les rides qui marquaient son visage vieilli par le temps et l'expérience. Il contempla avec dédain le cadavre du vieillard, dont la vie s'était évanouie.
Le regard de l'assassin se perdit un instant dans les traits figés du défunt, reflétant une satisfaction teintée d'amertume. Il murmura d'un ton méprisant :
"Quelle déchéance, vieux salaud ! Le Tigre d'Asturian abattu d'un seul coup de ma main. Quelle déception !"
Un sentiment d'invincibilité semblait l'animer, alimentant son arrogance.
Alors qu'il s'apprêtait à poursuivre ses recherches pour retrouver le mystérieux jeune homme qui avait réussi à échapper à sa vigilance, un deuxième homme apparut subitement à ses côtés. Ses traits étaient austères, marqués par une autorité naturelle, et son regard accusateur se fixa sur le tueur.
D'une voix froide et tranchante, il lui lança :
"Que s'est-il passé ici ? Pourquoi as tu tué le vieillard ? Tu ne sais pas qui se tient derrière lui ?!"
Une pénombre oppressante engloutit la pièce, instaurant un silence mortel qui semblait s'étendre à l'infini.
Le tueur, pris au dépourvu par l'apparition inattendue de son supérieur, sentit son arrogance vaciller imperceptiblement. Il détourna le regard, cherchant frénétiquement une explication rapide pour justifier ses actes.
- " Monsieur... Je n'avais pas d'autre choix, merde il m'avait repéré !" mentit l'assassin sans hésiter, espérant échapper aux conséquences de ses échecs.
Son supérieur le fixa d'un regard empreint de déception. "Tu es incapable d'accomplir une mission aussi simple que l'infiltration ? Ton incompétence est navrante. Nous règlerons cela à la fin de cette mission. Maintenant, suis-moi. Nous sommes sur le point d'accomplir le rituel et le prince est déjà entre nos mains !"
Sur ces mots, l'homme mystérieux disparut, laissant l'assassin d'âge moyen seul dans le hall silencieux... enfin, presque seul.
Jetant un dernier regard scrutateur dans la pièce, ses sens en alerte à la recherche de la moindre trace de Ling Bai, l'homme finit par se résigner et disparut soudainement dans une rafale de vent.
Ling Bai suait à grosses gouttes, de larges gouttes perlant sur son corps, ruisselant telles des cascades. Cette transpiration était le résultat de l'utilisation de sa technique d'invisibilité, une magie qui imposait un fardeau immense au corps de son utilisateur. C'est pourquoi Ling Bai avait jusqu'alors évité de la mettre en œuvre.
Lorsque la pression qui pesait sur Ling Bai se dissipa enfin, il choisit de désactiver sa technique. Son corps, autrefois invisible, réapparut graduellement devant ses yeux.
Haletant, il se hâta d'ouvrir la porte de l'auberge, s'engouffrant dans l'obscurité de la ville endormie.
Une dizaine de minutes plus tard, Ling Bai laissa Everly derrière lui et se dirigea vers le nord de la cité. Grâce aux connaissances héritées de l'esprit de l'ancien Ling Bai, notre héros savait qu'un petit bois se trouvait dans cette direction. Il espérait y trouver un refuge où se cacher et se reposer. Son corps épuisé ne pouvait guère supporter un effort supplémentaire.
Une demi heure plus tard, Ling Bai s'endormait, allongé entre les branches d'un arbre imposant.
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Chroniques d'un magicien égaré
PertualanganLing Bai, le maître de l'ordre des magiciens est mort. Trahi par ses pairs, il meurt dans la solitude et la tristesse. Cependant, notre histoire ne s'arrête pas ici et il se réincarne dans un monde nouveau dans lequel il se jure de vivre la vie qu'i...