Alors que les derniers rayons du soleil couchant laissaient place à l'obscurité nocturne, Ling Bai se promenait paisiblement dans les rues d'Everly. Quelques lampes accrochées aux devantures des magasins éclairaient encore les passants égarés. Les bars et les tavernes déversaient leur flot de rires et de chants joyeux dans toute la ville, alors que quelques ivrognes traînaient dans les rues.
Absorbé dans ses pensées, Ling Bai faisait le bilan des événements de ces derniers jours. Il avait enfin eu la chance de commencer une nouvelle vie et ne voulait pas la risquer afin d'entrer dans la tour rouge. Il avait pris sa décision : quitter la ville dès le lendemain. Après tout, la vie regorgeait d'opportunités sans qu'il n'ait besoin de prendre autant de risques.
Arrivé devant l'auberge des trois empereurs, il aperçut un homme d'âge moyen, habillé d'une longue tunique brune, adossé contre le bâtiment et observant l'entrée avec attention. Il observa Ling Bai quelques secondes avant d'aussitôt reporter son regard sur la porte.
Une fois à l'intérieur de l'auberge, Ling Bai croisa le vieil homme, gérant de l'hôtel, en train de sermonner l'un de ses employés. Ce dernier jeta un coup d'œil à Ling Bai, mais ne le reconnut pas à cause de son déguisement.
Fatigué, Ling Bai regagna sa chambre et s'effondra sur son lit, tandis que son masque magique se dissipait, laissant apparaître ses véritables traits. Épuisé par l'effort, il sombra immédiatement dans un profond sommeil.
Auberge des Trois Empereurs, 13ème jour du 3ème mois du calendrier impérial 00h54 :
Ling Bai se réveilla en sursaut, son lit trempé de sueur, et un malaise profond lui étreignant le cœur. Le jeune homme se redressa en soupirant :
"Mon corps est dans un état lamentable... une faible consommation magique suffit à me mettre dans cet état..."
En reprenant ses esprits, Ling Bai comprit immédiatement que quelque chose clochait. La ville était agitée, tous les soirs, les ivrognes se rassemblaient dans les auberges pour dépenser leur argent durement gagné en beuveries.
Habituellement, la mauvaise isolation des bâtiments de la ville lui permettait de profiter des cris et des rires des fêtards, mais ce soir-là, il n'entendait aucun bruit provenant de la taverne la plus populaire de la ville, celle de l'auberge des trois empereurs.
Ling Bai décida alors de jeter un coup d'œil à la taverne pour voir ce qu'il se passait. Peut-être que les mercenaires et les ivrognes avaient trop bu, ou peut-être que la taverne avait dû fermer pour une raison quelconque.
Il ouvrit la porte de sa chambre et récita à voix basse :
"lumina mollis".
Une petite boule de lumière apparut alors dans sa paume, projetant sa pâle lumière blanche sur les murs richement décorés de l'auberge. Ling Bai sillonna les couloirs de l'auberge pendant quelques minutes sans trouver quoi que ce soit d'anormal, puis il décida de descendre au rez-de-chaussée.
Arrivé au niveau de l'escalier central, il devint vigilant et alerte en reconnaissant l'odeur du sang dans l'air. En effet, lors de sa carrière d'assassin, il avait appris à reconnaître instantanément cette odeur particulière.
Avec précaution, Ling Bai descendit les marches de la taverne, ses sens aiguisés en quête du moindre danger. Cependant, le silence régnait toujours dans l'établissement. Il repéra alors un corps décapité près de l'entrée, baignant dans une mare de sang. Il reconnut la tête du gérant de l'auberge, Lao Yan, qui gisait à quelques mètres de là.
Alors qu'il tentait de comprendre la situation, Ling Bai entendit un léger bruit émanant de l'intérieur de la taverne. Son ouïe fine lui permit de le repérer, mais il décida de poursuivre ses investigations, prêt à fuir au moindre danger.
Il se dirigea vers l'aile est du bâtiment, mais plus il avançait, plus il ressentait un malaise grandissant. C'est alors qu'il découvrit un deuxième corps, celui de Huyan Huo, le jeune serviteur avec qui il avait eu une altercation. Sa gorge avait été tranchée sans qu'il n'ait pu se défendre.
Ling Bai resta vigilant et chuchota :
"pugio immaterialis".
Un poignard translucide apparut alors dans sa main. Ce sort était très pratique, il évitait la perte de son arme et la solidité de l'arme dépendait uniquement de la quantité de magie utilisée. Il avait maintes fois sauvé la vie de Ling Bai.
Ling Bai se retrouvait enfin devant les grandes portes de la taverne, la sinistre odeur sanguine, devenant de plus en plus forte. Dès qu'il franchit l'entrée, une vague de nausée l'envahit. Devant lui s'étalait une scène cauchemardesque avec des cadavres éparpillés à travers la salle, tous égorgés sans avoir eu le temps de se défendre.
Comprenant qu'il avait commis une grave erreur en venant ici, Ling Bai se rendit compte qu'il n'était pas un héros. S'il était possible qu'un individu ou un groupe ait pu tuer tous ces gens, y compris des mercenaires de haut rang, comme si c'étaient de simples poulets, alors il ne serait probablement pas à la hauteur de la situation avec sa force actuelle.
Tandis qu'il s'apprêtait à quitter les lieux, le sentiment de malaise qui l'avait étreint depuis son réveil s'intensifia et une sensation d'urgence s'empara de lui.
Soudain, Ling Bai perçut une présence derrière lui. Il se retourna alors à une vitesse prodigieuse, projetant son poignard en avant, mais il passa dans le vide pour venir s'enfoncer dans la porte. Tandis qu'il soupirait de soulagement, pensant s'être imaginé des choses, une douleur foudroyante lui traversa l'abdomen.
En baissant les yeux, Ling Bai vit une épée ensanglantée qui sortait de son ventre.
- " Qu'est-ce que... "S'effondrant à genoux sous la douleur, il tourna la tête pour apercevoir son ennemi.
Il s'agissait d'un homme tout de noir vêtu, portant un masque rouge vermeil.
Soudain, une lame se dirigea vers le visage de Ling Bai, puis les ténèbres le submergèrent.
VOUS LISEZ
Chroniques d'un magicien égaré
AventureLing Bai, le maître de l'ordre des magiciens est mort. Trahi par ses pairs, il meurt dans la solitude et la tristesse. Cependant, notre histoire ne s'arrête pas ici et il se réincarne dans un monde nouveau dans lequel il se jure de vivre la vie qu'i...