CHAPITRE 18

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«Burn, David Kushner »

James.

Mes mains encore tremblantes et en sang la portaient jusqu'à sa chambre. J'avais perdu tout contrôle et venais de lui balancer la pire des vérités à la gueule. Je me détestais pour ça, j'en avais rien à foutre des sentiments à la base. Ce que les gens pouvaient bien ressentir m'était totalement indiffèrent, mais la voir souffrir, elle, m'atteignait moi aussi.

J'allais payer pour ce que je venais de faire à Rick, mais les voir là tous les deux aussi proches, le voir la toucher de cette manière en sachant qui il était et ses intentions à son égard m'était insupportable à regarder. Elle tentait de le repousser comme elle avait certainement dû le faire cette nuit-là. Je lui avais promis que plus jamais on ne la toucherait sans son consentement, alors lorsque je les ai aperçu dans ce bois, je n'avais pas hésité une seule seconde.

Il tenait tellement à garder son précieux secret qu'il était même prêt à laisser sa propre fille tomber. Il était comme ça, Alaric. Il se moquait des gens, de ce qui était moral ou non tant qu'il arrivait à ses fins. À vrai dire, habituellement j'étais comme lui, mais pas quand ça la concernait.

Mon étreinte se fit plus ferme, je la serrai contre mon torse. Je revoyais ses mains sur sa peau, la peur dans ses yeux. La peine l'avait submergée. Elle s'est éteinte soudainement, évanouie dans mes bras et encore une fois, c'était à cause de moi.

Je ne pouvais pas aller dans sa chambre, sa colocataire aurait pu nous apercevoir. Qui plus est, le règlement l'interdisait formellement. Je riais intérieurement suite à cette pensée, se foutu règlement. Je ne l'avais jamais respecté, que ce soit durant mon enfance et encore maintenant alors que j'étais adulte. Mais si jamais je le transgressais, je n'allais pas être le seul à en payer le prix et je pense qu'elle avait déjà assez payé les conséquences de mes propres actes.

Lui adressant un regard à travers l'obscurité de la nuit, je montai les marches de l'institut, me dirigeant alors vers ma chambre. Je l'avais blessée en la laissant tomber brusquement au sol. Je devais la soigner avant le lever du jour, avant qu'on m'enlève pour me faire payer ce que j'avais fait.

Une fois à l'intérieur, je la posai délicatement sur mon lit avant d'aller me rincer les mains. Je regardai le sang couler, réalisant que je venais de tabasser ce qui se rapprochait le plus d'un père à mes yeux. Alaric était non seulement mon boss, mais également celui qui m'avait sauvé de la rue. Dès lors qu'il m'avait confié cette mission, m'expliquant tout en détail, dès l'instant ou j'avais croisé son regard de petite fille apeurée j'avais compris que rien ne serait comme avant. Qu'elle n'allait pas, elle aussi être un vulgaire pion avec lequel j'aimais jouer.

Lara Blake m'avait changé en une seule petite seconde. Ses yeux, d'un bleu pur m'avait attirés à eux et avec les années, je m'étais noyé dans son océan.

C'était elle, l'océan. Sa voix qui pouvait être aussi douce que la brume et parfois aussi brutale que les vagues s'écrasant sur les rochers. Cette même voix qui retenait mes démons lorsqu'ils voulaient sortir. Je n'avais jamais réussi à la percée à jour, tel le vaste continent sur lequel elle m'avait emporté. Elle n'était rien au départ, un simple petit grain de sable puis, elle avait créé cette île sur laquelle je me trouvais désormais. L'océan dans lequel j'aimais me baigner. Elle remplaçait peu à peu le palais dans lequel on m'avait éduqué. Elle était devenue ma nouvelle famille, ma nouvelle maison. Elle m'avait sauvée, et ce sans même s'en rendre compte parce que je ne lui avait jamais rien montré. Il m'en avait toujours empêcher. Comment pouvait-il se jouer d'un ange, de mon ange ? Fais chier...

Mon poing heurta le mur avec force, elle me détestait.

Elle était en train de me changer et je détestais ça. Je me devais de n'avoir aucune faiblesse, vouée ma vie à l'organisation, ma loyauté envers Alaric devait être sans faille et elle avait remis tout en question. Elle avait tout chamboulé et était devenue ma seule et unique faiblesse.

LA VERITÉ MENT TOME1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant