4| MAUVAIS INTERLOCUTEUR

2.3K 130 114
                                    


Je regarde l'écran s'éteindre dans la pénombre de ma chambre coupant le reste de lumière

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Je regarde l'écran s'éteindre dans la pénombre de ma chambre coupant le reste de lumière. Elle s'est volatilisée avec sa voix coupée.

Je broie dans mes mains mes cheveux tout en observant le calme qui règne dehors.

"Maman", ce n'est pas moi qu'elle demandait.

Ce ne doit être qu'une erreur.

Je reste assis là encore quelques minutes, à triturer nerveusement mes cheveux tout en regardant par la fenêtre. Par anxiété, je suppose.

Elle est dehors, et elle hurle que l'on vienne la sauver. Il n'y a rien de normal, rien de normal du tout. Qu'est-ce qu'elle faisait dehors à cette heure si tardive ? Se baladant seule. Je ne la crois pas assez insouciante pour ça.

Mes sens en alertes, j'enfile un sweat, dévale les escaliers, accourt vers la vieille Keeway de mon père qui m'attend dans l'allée.

Niché sur la moto avec le casque, je démarre à toute allure. Il est évident qu'elle a besoin d'aide, je ne peux pas me résoudre à ne rien faire. Je ne suis pas un sauveur compétent. Je ne sais même pas si je suis capable de l'aider.

Seulement, j'aimerais essayer, comprendre simplement la source de ses spasmes effrayés. Les coups d'accélérations me donnent la nausée.

J'arrive à toute hâte sur la route bordée d'arbres puissants et sombres. J'aperçois enfin la pancarte et donnent de violents coups pour augmenter la vitesse. L'adrénaline ne redescend pas. Le calme de la rue me foudroie l'estomac.

J'inspecte les maisons, les bordures, paniqué. Je mets pieds à terre devant le bois, déterminé à foncer dans toutes les directions pour la retrouver. Elle était en train de courir, ça s'entendait, elle s'est peut-être cachée par ici. Ou je perds probablement mon temps à fouiller dans cette direction.

Un cri étouffé me déconnecte du reste. Le mouvement autour de moi semble s'épaissir, le froid me donne la chair de poule. J'analyse le paysage comme un fou, déplie la béquille et abandonne la moto, en retirant mon casque. Un bruit lourd comme une massue me surprend, j'écarquille les yeux et me précipite dans le semblant de chemin.

Les arbres jonchent le rebord, des hectares de masses s'étendent. Elle est sûrement là comme elle pourrait être plus loin, dissimulée par ce que je réalise un agresseur. Lucrèce n'a pas pu être attaquée par un animal, pas aussi près des habitations.

— Lucrèce ! Hurlè-je en serrant les poings tant l'agitation me noue.

Je persévère à courir sans savoir où je vais vraiment, surveillant les branches, le bruit des feuilles qui crissent.

Un soufflement déchaîné m'attire. Les buissons remuent. Je me jette les nerfs à vif, ma respiration se saccade en voyant une silhouette sombre.

Elle se retourne en criant. On s'observe un petit moment avant que je ne m'approche d'un pas prudent et sage.

BRITOMARTISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant