12| MARQUES CONDAMNÉES

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Je sens encore la marque de sa main sur ma cuisse

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Je sens encore la marque de sa main sur ma cuisse. Une trace formée par la chaleur de sa paume qui s'est posée délicatement sur moi. Ça m'embête tellement, je déteste tellement ça. Je ne peux pas lui en vouloir de s'inquiéter, mais je rumine encore, en essayant de me concentrer sur la page de mon livre. Je relis la même ligne par manque d'attention, ma lecture s'achève soudainement. J'y renonce lorsque les mots de la protagoniste me montent au crâne. 

Il est évident qu'il a décidément franchi la limite. Ivarsen restera ce jeune homme aux cheveux châtains virant au brun qui me dévisage rageusement de loin. Alors pourquoi s'efforce-t-il à troubler ce qui m'entoure ? Je n'ai pas de mal à l'ignorer, lui, je n'en sais rien hormis le fait qu'il préfère signaler sa présence. Il veut que je sache qu'il est là, et ce, en permanence. 

Allongée sur le dos à mon lit, je contemple le plafond. J'ai faim. C'est ma faute, je le reconnais, je n'ai pas touché au plat à table. Le malaise que je ressens entouré d'invités lors d'un dîner est irréfutable. Mon corps se défend d'un danger invisible, tout se clôt au fur et à mesure. Dans ce genre d'instant, je suis incapable de parler ou d'ingurgiter des aliments. 

« Pourtant il m'a forcé » chuchote ma voix intérieure. 

Il s'est permis de le faire, voilà une raison de plus qui me fait le honnir. J'ai soudainement envie de vomir, de recracher le dessert qu'il m'a contraint à avaler. Sous cette même impression d'un trop-plein constant, meublant désagréablement mon estomac. 

En me levant, j'ouvre discrètement ma porte. Mes pas sont lents. Avec précaution, je referme ma chambre en tâchant de ne pas clore complètement la porte. Afin de pouvoir y glisser une main quand je reviendrai. Maintenant que la maison est silencieuse, je peux retrouver mon appétit. Certains soirs comme celui-ci où je ne dors pas, je n'angoisse pas. Je peux trouver la paix dans la maison endormie.

En descendant les marches, je réajuste mes chaussettes en laine qui glissent sur le parquet vernis. Aucune lumière, aucun bruit. Je crois sourire en parcourant le rez-de-chaussée plongé dans cette atmosphère aux tons bleutés et doux que procure la nuit. 

Une fois dans la cuisine, j'appuie sur l'interrupteur. La lampe de l'îlot central prend vie. Je plonge à ma guise dans les placards, en restant vigilante à ne pas faire de bruit. Appréciant la sérénité que ça m'apporte, d'être seule et de manger à ma faim. Dans le panier que ma mère dispose toujours sur le plan de travail, je me réjouis en trouvant une pomme bien rouge. 

Un courant d'air froid me tétanise, en entendant le craquement du parquet. Je préfère fixer le carrelage mural blanc qui habille le mur de l'évier. Je crois sentir mes cellules brûler en entendant une voix.

— Tiens, tiens... Tu ne manges pas à table, et maintenant, tu as un creux, chuchote amusé Ivarsen. 

Un soupir vain s'échappe lascivement de mes lèvres. Il apparaît toujours. Le meilleur ami de Connor s'avance vers moi, croisant les bras sur sa poitrine. Je reconnais le t-shirt de mon frère. Un sourire vainqueur pendu aux lèvres, en pensant m'avoir pris en flagrant délit. Je me dégage du bord et fait glisser mes yeux dans les siens. Le mystère règne entre nous, il prend le temps de me décortiquer pour tenter de percer quelque chose. Sa présence ajoute une lourdeur dans l'air, tout se décompose.

BRITOMARTISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant