16| PÉCHEUR

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Mes yeux parcourent son visage, prise de panique

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Mes yeux parcourent son visage, prise de panique. Il sème la terreur sur le mien et il le sait. Ivarsen se doute de quelque chose. C'est la pire circonstance qui pouvait m'arriver. Lui, et pas un autre. Mon souffle s'éternise, il ressent mon effroi, il en rigolerait presque. 

Je l'accorde cette situation est insolite, nous savons tous les deux que je suis coincée. Ce n'est pas Aubrey, ce n'est pas vrai. Ça ne peut pas être elle, ça ne l'a jamais été. Il saisit mon bras en douceur, me tire lentement vers lui, me faisant descendre de la surface sur laquelle je repose. Ses mains s'articulent autour de mon bassin, une fois collé à lui, j'essaie encore d'esquiver la situation.

— ...Non, ce ne peut pas être elle, murmuré-je

— Si tu es si sûr de toi, pourquoi on n'irait pas vérifier ? Hum ? 

Je sens son visage se baisser vers moi, chaque brique de la confiance que j'ai bâtie devant lui sont en train de s'effondrer et je hais ça. Ce n'est pas une gifle que je viens de recevoir, je me noie juste dans l'invisible parmi des mots indéchiffrables. 

Aubrey déteste les garçons, c'est exact. S'il pense que c'est elle ou qu'elle l'a commis, c'est parce que ce conflit avec Connor l'a poussé à venir me porter secours en permanence. Si c'était bien elle, ça voudrait dire qu'elle l'a fait en partie pour moi. Que derrière ces horreurs qui les font frissonner, il y a une brave fille qui veut combattre les démons de son amie.

— La ferme, ordonné-je d'un coup. 

Le dégoût me prend aux tripes, ce n'est pas sa faute s'ils sont comme ils sont. Personne ne devrait reprocher à Aubrey d'avoir agi par soutien, peut-être qu'à ses yeux, elle ne fait que rendre justice. Rien que pour ça, je me décide à la protéger à mon tour. Je couvrirai Aubrey s'il pense que c'est elle. 

En l'accusant, il la met en danger, c'est suffisant pour que je décide de le suivre. Sa main me tire encore, encore et encore. C'est elle qui me fait avancer vers la porte où nous sommes arrosés par la lumière du couloir. L'irritation que me procure son toucher me pousse à lâcher sa prise. Ses yeux cherchent les miens, comme toujours.

— J'espère pour toi que Connor ne t'attend pas parce qu'on n'est pas censés s'introduire dans les vestiaires fermés.

— Si jamais on se fait prendre, je nierai les faits en disant que tu es responsable, menacé-je en le dépassant pour continuer ma route vers le gymnase.

— Tu penses qu'ils te croiront, souffle-t-il derrière moi.

— Je dirai que tu m'y as contrainte, ce sera suffisant pour te faire renvoyer, Ivarsen. 

Je ne prends pas la peine de le regarder, trop occupée par mon conflit intérieur. Et si on se faisait prendre ?

Notre marche silencieuse aboutit devant la grande porte. Je pense à faire demi-tour quand mes jambes s'agitent nerveusement et que mes ongles creusent des demi-lunes dans ma paume. Chacun de mes nerfs s'inonde de pensées abstraites, noires et viscérales dansant au gré de l'angoisse.

BRITOMARTISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant