15| CACHOTIÈRES

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Les bancs des gradins sont devenus nos vestiaires, chose qui déplaît à toute l'équipe

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Les bancs des gradins sont devenus nos vestiaires, chose qui déplaît à toute l'équipe. L'accès aux douches nous a été limité par la direction par la même occasion. On doit emprunter celles des filles à des créneaux qui concordent avec les leurs. Ils n'ont pas eu de mal à nous restreindre, puisqu'on jouait en fin de journée. Un prétexte parfait, il suffisait qu'on rentre chez nous sans passer par la case « lavage ». 

Chose qui a irrité tous les joueurs. Pas étonnant lorsque sur le chemin du retour, on doit supporter l'odeur de la transpiration qui nous colle aux membres. C'est insupportable.

Jour de chance, cette après-midi, nous pouvons nous doucher, on entend des râles satisfaits sous les jets d'eau. Ça chante, ça braille, tout le monde trouve ça agréable. Après tout, ça nous permet de nous ressourcer pour affronter le reste de la journée. J'empoigne mon sac, après avoir revêtu mes habits. Les cheveux encore humides, je contourne les bancs et les casiers pour rejoindre la sortie.

— Tu pars déjà ? s'étonne Jasper en frottant ses épaules qui dégoulinent. 

Son dos se dessine petit à petit. La forme de sa musculature mouve lorsqu'il s'empresse de fouiller dans son sac à la recherche de quelque chose que j'ignore.

— J'ai un rendez-vous avec Hurst, annoncé-je en quittant le vestiaire sous le regard interloqué du blond, qui a interrompu sa tâche pour me dévisager.

— Tu as été surpris avec sa fille au lit ou quoi ? lance-t-il. 

J'imite le rire d'Amon provenant des douches. 

Il est vrai que je ne m'intéresse que très peu au coach, je n'ai jamais eu de problème le concernant, ou concernant le basket. J'y mets tellement de distance que je crains qu'il oublie parfois qui je suis. C'est rare que je sois interpellé par monsieur Hurst. Je suis effacé parmi les autres joueurs. Il a d'ailleurs pris plus de temps pour se familiariser avec mon prénom. J'abandonne Jasper et ferme la porte sur les batailles de jet et de savon.

Pourtant j'ai demandé à consulter mon coach pour quelque chose d'important. 

En traversant le couloir, je rejoins l'aile principale, ensuite, je peux m'insérer dans la foule de lycéens. En ouvrant la porte du secrétariat, je retrouve la même odeur de café qui domine la pièce depuis des années. Madame Dainty demeure toujours ici, elle observe le registre avant de remarquer ma présence. 

Depuis ce jour, ses yeux s'adoucissent en me voyant. La pitié doit la dévorer. Sans le vouloir, elle me remémore l'incident. C'est toujours comme ça dès que je la vois. Elle fait partie d'un souvenir qui me ronge. Et je ne pourrai jamais changer ça. Malgré tout, je m'approche du bureau.

— Bonjour, j'ai un rendez-vous avec monsieur Hurst, lui annoncé-je, en posant mes mains sur le comptoir en bois. 

Elle corrige sa posture et me tend un papier qui certifie ma visite signée au préalable. Les professeurs de sports sont logés dans le couloir qui longe la direction. Pas dans les premiers bureaux qui sont réservés aux assistants d'éducation, le proviseur, les partenaires et le reste du personnel administratif. Mais dans les derniers, ceux du fond. 

BRITOMARTISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant