6| INTRUSIF

2K 102 147
                                    


Le bruit qui nous entoure est infernal, Aubrey se tient debout sur la marche en dessous de la mienne dans le grand escalier du hall, attendant que la foule se disperse pour se remettre à parler

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Le bruit qui nous entoure est infernal, Aubrey se tient debout sur la marche en dessous de la mienne dans le grand escalier du hall, attendant que la foule se disperse pour se remettre à parler. Elle a baissé sa voix pour que d'autres ne puissent pas deviner ce qui se chuchote entre nous. De son air grave, elle observe impatiemment les gens qui nous bousculent pour rejoindre leur salle de cours. 

C'est avec un peu de méfiance que je tends l'oreille en sentant de lourds regards sur notre dos. Plus haut des filles se sont attroupées pour nous dévisager. Le simple fait de ne pas porter l'uniforme doit faire jaser certaine qui nous épient comme de vulgaires nuisances. 

J'avoue profiter de l'indifférence de ma mère ces derniers temps pour venir habiller comme je l'entends. Dans un jean bleu et le vieux sweat à capuche de Connor. Chose qui a l'air de lui déplaire, il déteste que je fasse du bruit à cause de mes manquements, le règlement est très strict, pourtant je fais partie de ceux qui refusent la jupe. 

Si mon pantalon n'est pas sec, je suis désolé d'annoncer que je préfère enfreindre une règle que de porter ce tissu maudit. Les pipelettes s'affairent à divaguer au sujet de Connor, je me reconcentre sur Aubrey qui essaye désespérément de me dire quelque chose d'important.

— Ils organisent une traque au graveur, chuchote-t-elle d'une traite tandis que j'examine le bout de mon pantalon et mes converses sales. 

Je ne les ai pas lavées depuis l'excursion dans les bois, une petite plaie à l'arcade me trahit, même si Aubrey n'a rien dit, je sais qu'elle l'a vu. Une chance que les plus bavardes ne fassent pas d'illusions sur ce qui se passe dans mon quartier. 

Je réalise détachée du monde la gravité de la situation, s'il y a une recherche au coupable alors c'est que soit l'administration s'en est mêlée. Autrement, il s'agit de Connor et ses bons copains qui organisent une chasse à l'homme. Je centre mes sourcils en me décomposant. Aubrey hoche lentement la tête, aussi effrayée que moi.

— Tu devrais te rendre à l'administration, monsieur Vazquez veut te voir, conseille-t-elle en partant dans la direction opposée pour rejoindre notre salle de cours. 

Je descends les marches sans grande motivation, c'est éreintant les entretiens dans lesquels on se fait réprimander. L'agent de l'éducation n'est pas méchant, loin de là. Il est simplement intrusif, il voit mon manquement comme une rébellion. Je sais très bien que l'application de la discipline est primordiale, et que le prochain mauvais pas est le superviseur.

Une boule s'installe au creux de mon ventre alors que je pousse la porte de l'administration. La secrétaire, madame Dainty, m'accueille chaleureusement tout en perforant une pile de papier. Je m'assois sur les banquettes inconfortables en attendant mon tour.

L'odeur du café et du neuf embaume la salle qui m'est hostile. Les couleurs chaudes et le mobilier boisé me font dévier obstinément les yeux vers la porte. Le nom de monsieur Vazquez est écrit en lettres noires sur la vitre transparente et granuleuse. Elle floute l'échange qui est en train de prendre fin, puisque la poignée s'agite pour laisser se sauver un étudiant à la cravate rayée bleu desserrée. 

BRITOMARTISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant