CHAPITRE 20

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ATMOSPHÈRE: « Enemy, Sam Tinnesz »

Le bip constant de mon monitoring ainsi que la présence de Trasher à mes côtés m'avaient empêché de dormir toute la nuit. Nous étions tous deux enfermés à l'infirmerie avec les autres perdants. Qui sait ce qu'il aurait pu me faire une fois endormie. Il voulait me tuer et je savais qu'il n'hésiterait pas à la prochaine occasion. Occasion que je ne lui donnerais pas.

Lui non plus ne dormait pas, à vrai dire, il avait passé la majeure partie de la nuit à fixer le plafond dans un profond silence. Pas de remarques sarcastiques ni de phrases sanglantes. Aucune menace à l'horizon ce qui m'effrayait peut-être encore plus que quand il en faisait. Il n'avait jamais été aussi calme qu'aujourd'hui.

— Arrête de me fixer, grogna-t-il

— Je ne te fixe pas.

Si, totalement en fait.

Il tourna la tête vers moi, levant un sourcil ; et pour la première fois je n'y ai perçu aucune colère. Il n'y avait aucune émotions en vérité, mais je m'étais habitué à voir de la haine à travers ses yeux. Après quelques instants d'hésitation, il prit la parole :

— Tu t'es bien battue, murmura-t-il

Ce fut à mon tour d'hausser les sourcils, surprise par son compliment. Mes coups l'avaient-ils déréglé ?

— Tu as de la fièvre ?

Il ricana, détournant les yeux. Il plaça un bras en dessous de sa tête et regardait de nouveau le plafond.

— Non, sincère, c'est différent.

— Je ne savais pas que tu pouvais faire preuve de gentillesse.

— Je n'en ai pas.

— Pourtant, tu viens de me faire un compliment.

Il soupira.

— Ce n'en est pas un.

— Si tu le dis.

Il ouvrit la bouche pour parler puis la referma.

— Parle Decker.

— Ne me donne pas d'ordre Blake.

Il se tut de nouveau, me faisant comprendre qu'il n'avait pas envie d'argumenter. Je ne le forçai pas, n'ayant pas envie d'avoir une nouvelle fois un révolver pointé sur moi, et me tournai sur le côté. Il en fit de même, étant désormais face à moi. Nous sommes restés là un moment à nous dévisager en silence avant qu'il ne décide à le briser à nouveau.

— Tu es différente, lâcha-t-il simplement.

Je ne dis rien, de peur d'interrompre la suite. Pour la première fois depuis des mois, nous parlions, sans hurler, sans menaces. Nous parlions sincèrement. Pour la première fois, je n'avais pas peur. Éclairé par la douce lumière du jour qui se levait, il arborait presque un visage d'ange sous un masque de démon.

Ses cheveux noirs en bataille lui retombaient sur le front dissipant ses yeux perçants d'un vert éclatant qui étaient ancrés dans les miens. Sa mâchoire carrée et ses lèvres pulpeuses lui donnaient un air moins agressif.

Quand il n'arborait pas son expression de tueur sur le visage, il était presque beau à regarder. En fait, il était foutrement sexy. Lou avait raison.

— Tu baves Blake.

— La ferme Decker.

Il sourit. Pour la première fois, il souriait vraiment.

Sa dentition était aussi parfaite que son corps ciselé. Blanche et bien alignée avec des canines tranchantes. L'espace d'un instant, je me surpris à les imaginer plantées dans mon cou. Mon corps frissonnai à cette idée et je secouai la tête pour me les remettre en place. Je pense qu'avant aujourd'hui je ne l'avais jamais vu de cette manière. Je le fuyais autant que je pouvais, ne prenant jamais la peine de le voir entièrement.

LA VERITÉ MENT TOME1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant