neuvième chapitre🍃

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-Coca ?

-Coca zéro, s'il-te-plaît.

Nyck acquiesce d'un signe de tête avant de se pencher par-dessus Téo pour transmettre l'information à la borne du drive du fast-food. Il se demande pourquoi c'est le français qui a pris le volant si c'est lui qui doit parler.

La situation ne lui déplaît pas, mais il essaie de ne pas trop y penser.

La voix de l'autre côté répond, et Nyck se réinstalle au fond de son siège.

-C'est bon. On peut avancer jusqu'à la prochaine fenêtre.

Téo s'exécute. Ils restent en silence dans la voiture, avec le bruit de la radio, jusqu'à ce que le sac avec leur nourriture leur soit tendu.

-Merci, s'exclament-t-ils tous les deux dans une langue différente, et Téo les emmène jusqu'à son hôtel. Nyck sourit.

-Ah, je le connais, celui-là, je suis déjà venu.

-Pourquoi tu dors dans ton motorhome plutôt qu'à l'hôtel ?

Nyck hausse les épaules.

-C'est plus simple, je suis vraiment plus proche et je gagne du temps et du sommeil. Et j'aime bien mon motorhome. Il est confortable.

Le pilote suit Téo jusqu'à sa chambre, et il hoche la tête en entrant, impressionné.

-Tu rigolais pas quand tu disais que Sienna t'avais mis bien.

Téo rit.

-Non, j'étais très sérieux. j'ai même un canapé et tout, montre-t-il, et il offre un tour de la chambre à Nyck. Tu vois, je suis aussi bien que toi dans ton motorhome.

Leurs regards se croisent, et Nyck a l'impression qu'il se passe quelque chose sans pour autant savoir quoi. Il ne sait pas combien de temps ils restent debout l'un en face de l'autre, mais c'est lui qui brise le moment en disant :

-Il faut qu'on mange, ça va être froid.

Il y a bien un canapé dans la pièce, mais il est dos à la télé, alors Téo propose qu'ils se mettent plutôt sur le lit. Nyck acquiesce, et le lit devient rapidement un lieu de pique-nique.

-Bon ! s'exclame Téo, un grand sourire aux lèvres, et Nyck hausse un sourcil.

-Quoi ?

-Bah, on est là, tous les deux, dans la même pièce...

-C'est le discours du maire lors d'un mariage, ça.

Téo éclate de rire, et Nyck sourit.

-Non, c'est le discours que je te fais avant de lancer Heartstopper.

-Je sais pas pourquoi, j'ai l'impression que j'aurai dû me douter dès le début que c'est comme ça que la soirée allait finir.

Téo sourit.

-C'était pas si préparé que ça.

-Je te crois pas.

-C'est pas important, ça. L'important, c'est de profiter des images, rétorque-t-il en lançant le premier épisode.

Nyck fait partie de ces personnes qui aiment regarder quelque chose en mangeant ; naturellement, il ne bronche pas sur le choix du programme et attrape ses frites. Une fois le repas terminé, il est beaucoup trop investi dans la série : il ne demande pas à Téo d'arrêter. Ils ne commentent pas leur visionnage, ils regardent simplement et font parfois des bruits de surprise, de joie ou de déception sans se répondre.

Au bout de deux heures trente, ils ont terminé de regarder la première et unique saison.

-Alors ? demande Téo en se tournant vers lui.

-Il va y avoir la suite, hein ?

Le français rit.

-Oui. Cet été. Tu vois, je t'avais dit qu'il fallait la regarder. C'est pas parce qu'on est des adultes qu'on peut pas apprécier.

Nyck acquiesce.

-C'était cool. Les acteurs et actrices sont cools. J'ai pas vu le temps passer.

Les papiers et cartons du repas ont été jetés, ils sont à présent allongés, tous les deux en train de cligner des yeux de fatigue.

-J'espère que le Grand Prix des Pays-Bas existera toujours. Je viendrai chaque année, lance Téo en baillant.

-Tu peux venir à un autre, sinon.

-Non. C'est à celui-là qu'on s'est rencontrés, il a une place spéciale dans mon cœur.

La respiration régulière de Nyck se fait entendre : il s'est endormi.

-Comme toi, ajoute Téo.

🍃

-Tu as tout ? Ton casque ?

-Oui, répond Téo.

C'est au moins la dixième fois que Nyck lui pose la question. Pourtant, il a assisté au rangement des affaires de Téo dans sa valise dès son réveil et l'a aidé à la fermer–non sans mal.

-Bon. Tu vas devoir y aller, alors.

Nyck ne s'en veut même pas de dire des phrases aussi bateaux. Il est trop préoccupé par ce départ. Il sait depuis le début que Téo n'était là que pour un week-end, et puis il va quitter le pays aussi, de toute évidence. Pourtant, il se sent flotter dans un brouillard de tristesse depuis son réveil. Il ne veut pas que tout cela se termine. Il apprécie trop la compagnie de Téo. Il apprécie trop Téo.

-Oui, je vais aller enregistrer mes bagages et tout ça, répond ce dernier, et Nyck hoche la tête.

-D'accord. Bah, merci d'être venu.

Téo sourit. Un rayon de soleil qui se faufile dans le brouillard de Nyck.

-Bah, tu rigoles, merci à toi. De m'avoir invité, d'avoir perdu ton temps avec moi pendant ce week-end de course à domicile... c'était incroyable. J'oublierai jamais.

Nyck franchit l'espace qui les sépare pour le serrer dans ses bras. Cette fois, il s'autorise à poser la tête sur son épaule.

Elle rentre parfaitement.

Comme si c'était sa place.

-Au revoir, souffle Téo, et ils échangent un dernier regard avant que celui-ci traverse une barrière que Nyck ne peut pas franchir. Il le regarde s'éloigner, le cœur serré, avant de se retourner et de se diriger vers la sortie.

Comment une personne que tu n'as côtoyé que trois jours peut autant te manquer ?

Il se retrouve dehors. Devant, c'est l'effervescence. Des voitures, des piétons avec des chariots remplis de valises. Et Nyck, tout seul, avec uniquement son cœur un peu trop lourd.

Son téléphone vibre, et le pilote le sort machinalement. C'est un message de Téo.

"J'aurai dû t'embrasser."

_____
il reste un chapitre et l'épilogue 🤍

Casque » DE VRIES ✓ #PRIDE2023Où les histoires vivent. Découvrez maintenant