𝐿'𝑒𝑠𝑝𝑖𝑜𝑛 𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒𝑢𝑥 𝑣𝑖𝑠𝑎𝑔𝑒𝑠 (𝑇𝑂𝑀𝐸 2)

35. « NE T'EXCUSE PAS, MAGNUS. »

- Personne ne te mettra la pression, Yu-Jin, tu as tout le temps pour te calmer. Je ne te presserais pas, ni Monsieur Roper le fera.

Sinon, je lui pète la gueule. La tension semble enfin retomber et la respiration d'Imène se calme enfin. Elle respire calmement, les yeux fermés, mais ses tempes sont couvertes de sueur.

Elle a dû être épuisée durant cette crise.

- Andrew, nous avons fini pour aujourd'hui. Amène Yu-Jin chez toi pour qu'elle se repose.

- Bien, Monsieur.

Je la porte puis l'emmène prudemment chez nous, à l'abri de celui qui est au milieu de ses angoisses.

∙ COTTAGE ∙

Une fois la porte fermée, je l'assois sur le canapé, elle qui vient de reprendre ses esprits durant mon chemin jusqu'au cottage.

Je m'assois près d'elle et lui prends la main.

- Tu vas mieux ? je demande, peu sûr.

- Oui, merci, dit-elle.

- C'est une bonne chose, dis-je.

Je ne sais pas si je mérite de lui reparler à nouveau. Cela fait trois jours que nous n'avons pas parlé et je pense qu'elle doit encore m'en vouloir.

Honteux, je décide de me lever pour la laisser se reposer.

- Bon, je vais te laisser te détendre un peu et si tu veux parler, je suis dans la chambre.

Mais au moment de me diriger vers la chambre que sa main attrape la mienne. Surpris par ce simple contact, je me retourne et je la vois, m'observant d'un air triste.

- Ne t'en va pas, s'il te plaît.

Une partie de moi a envie de lâcher sa main, car je ne mérite pas de rester près d'elle après ce que j'ai fait. Mais c'est une autre partie de moi qui serre sa main et qui ne veut pas la laisser seule après ce qu'elle vient de vivre.

Je reviens m'asseoir près d'elle et elle couvre ma main de ses deux paumes, me procurant une chaleur réconfortante.

Je ne mérite pas de rester avec elle. Je l'ai blessée et pourtant, elle veut que je reste.

Je ne mérite pas sa gentillesse.

Encore honteux de ce que j'ai fait, je ne la regarde pas, mais ses yeux se posent calmement sur moi, comme si elle voulait savoir pourquoi je voulais l'esquiver ces trois derniers jours.

- Tu te sens coupable ?

Je hoche, ne pouvant pas mentir sur ce point-là. Ses doigts caressent ma peau et je sens les larmes me venir aux yeux.

- Tu n'as pas à l'être, Jonathan. J'aurais dû te le dire.

- Et j'aurais dû rester près de toi, au lieu de t'abandonner, je murmure.

- Jonathan...

C'est là où je me souviens de lorsqu'on s'est rencontrés la première fois au Néfertiti.

Elle était épuisée mais ce jour-là, elle avait affiché un sourire rassuré, comme si elle était heureuse de me revoir. Sauf que je ne l'avais pas reconnu.

Depuis le début, je n'ai cessé de la blesser. J'aurais voulu la reconnaître et non dire que je ne la connaissais pas.

Elle ne méritait pas cela.

- T'ai-je blessé en ne me souvenant plus de qui tu es ?

Son silence témoigne de sa surprise.

- Pourquoi tu dis ça ? Ce n'est pas de ta faute.