CHAPITRE 22

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ATMOSPHÈRE: « Art deco, Lana del rey» 

Les cheveux battants dans le vent, la musique résonnant dans mes tympans, je regardais le coucher de soleil, allongée seule dans l'herbe. Le printemps était une saison magnifique, tout fleurissait, tout prenait vie à nouveau. Pourtant, même entourée de toute cette beauté, je me sentais morte à l'intérieur. Je fermai les yeux un instant, me remémorant cette fameuse soirée, laissant la douce musique qui se jouait me bercer.

Mon corps se faisant porter dans les airs était la seule chose dont je me souvenais. Ma main contre son abdomen m'indiquait que son cœur battait aussi vite que le mien. Les yeux à moitié clos et le corps endolori, je m'étais abandonnée à lui.

James avait accouru jusqu'à nous, nous séparant d'une manière brutale. Il m'avait arrachée des bras de Trasher à une vitesse folle me conduisant tout droit vers l'infirmerie.

Il me répétait sans cesse de rester consciente, de ne pas fermer les yeux me ramenant directement vers le soir ou ma mère avait voulu me sauver. Elle aussi avait hurlé ces mêmes mots, me suppliant de rester consciente, de ne pas l'abandonner.

J'avais peut-être sous-estimé mes plaies. Je les pensais bénignes, mais la voix tremblante de James ce soir-là m'avait ramenée à la réalité. Je risquais de mourir, d'une minute à l'autre.

Je me souviens avoir ouvert les yeux une seconde fois afin de jeter un regard vers Trasher. Son corps aussi avait lâché.

À vrai dire, quand James m'a soulevée, j'ai entendu un bruit sourd derrière moi. Il venait de s'écrouler au sol, inconscient.

Après ça, tout est devenu flou. Je ne me souvenais pas du trajet, ni même de ce qui c'était passé ensuite. Tout ce dont je me rappelais était de m'être réveillée seule dans une pièce dénudée de toute décoration. Aveuglante de sa lumière blanchâtre, froide et silencieuse avec à mes côtés celui qui se prétendait être mon père.

Alaric nous avait forcés à rester cloitrés dans notre chambre à l'infirmerie pour une durée indéterminée. Seulement, après la révélation qu'il m'avait faite, j'aurais voulu me trouver partout ailleurs qu'ici, enfermée dans une chambre d'hôpital.

Ce soir-là, il s'était simplement assis au bord de mon lit sans jamais détourner les yeux. Durant son récit, jamais au grand jamais il n'avait montré la moindre émotion. Comme si, pour lui, tout était banal, habituel.

Pourtant, juste avec ses quelques mots, il avait réussi à briser les seuls morceaux entiers qu'il pouvait encore rester de mon cœur déjà bien entaillé.

— La vérité n'est pas toujours bonne à entendre, m'avait-il dit.

— Apparemment, j'aime jouer avec le feu, avais-je répondu.

Je n'aurais pas dû. Ses mots, chacun d'entre eux, étaient restés gravés dans ma mémoire à jamais. Je pense, que de toute ma vie, je n'avais jamais eu aussi mal.

— J'ai planifié ma mort, enfin, la mort de ton père adoptif pour des raisons évidentes, mais que tu ne pourrais comprendre. Tes parents travaillaient en réalité pour moi.

— Kyle savait qu'il allait mourir et le fait que tu l'ai vu était planifié. En revanche, le décès de ta mère adoptive n'était qu'un imprévu.

Un « imprévu », c'est comme ça qu'il l'avait appelé. Alors que toute ma vie n'était qu'un mensonge orchestré. Toute ma vie on m'avait menti. Lorsqu'il avait prononcé ces mots, je m'étais sentie profondément trahie.

Je ne pensais pas pouvoir être brisée plus que je ne l'étais déjà, mais, ce soir-là, il m'avait écorchée à vive.

— Pourquoi tu m'as abandonnée ? avais-je osé demandé.

LA VERITÉ MENT TOME1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant