III

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Cette année était définitivement étrange. Si Harry s'était habitué aux disputes régulières avec Draco, il devait maintenant s'habituer à l'indifférence visible de ce dernier envers lui.

Étrangement, Harry n'était pas vexé par cet écart mais plutôt inquiet. Il avait un mauvais pressentiment, et ce depuis la mort de Sirius. Un mauvais pressentiment qui s'accentuait bizarrement cette année avec le comportement du blond. Alors, lorsqu'il le vit partir, seul, au milieu d'un déjeuner, il n'hésita pas.

D'un coup d'œil il prévint Hermione qu'il partait, sans pour autant offrir de justification. Elle secoua la tête sans s'y opposer mais son regard disait tout: il jouait une nouvelle fois à l'espion en suivant Malfoy et elle commençait à trouver son obsession malsaine. Puis il se leva et sortit de la salle avec une précipitation à peine masquée, ne prêtant exceptionnellement pas attention aux regards qui suivaient le moindre de ses mouvements.

Il avait de la chance, beaucoup de chance, et il eut tout juste le temps d'apercevoir l'arrière de la robe noire et verte du Serpentard. Bizarrement, ce schéma se répéta, à croire que le blond souhaitait être suivi. Un angle à droite, un bout de robe, un angle à gauche, un bout de robe. Harry était au moins sûr d'une chose: Draco ne savait pas qu'il le suivait, ne s'étant pas retourné.

Il ne fallut pas beaucoup de temps avant qu'Harry ne s'arrête. Le blond venait d'entrer dans les toilettes des filles du troisième étage, claquant la porte derrière lui, sans faire attention au bruit.

Alors, Harry hésita. Devait-il entrer ? Rester à l'extérieur ? Être silencieux ? Annoncer sa présence ? Il ne savait pas, son esprit tanguait d'une idée à l'autre. Mais il s'approcha de la porte et il entendit ce qui semblait être des pleurs étouffés, il entendit la voix de Mimi. Et il se décida.

Il entra dans la pièce, doucement, la porte semblant œuvrer avec lui au silence. L'élève fantomatique le remarqua mais ne dit rien. Pour une fois.

Draco, lui, ne le vit pas. Il était penché au dessus d'un lavabo à la porcelaine usée par le temps, dont les tuyaux donnaient l'impression d'appeler la rouille. Harry ne parvenait pas à voir son visage et ne chercha pas à le faire.

Il attendit, extraordinairement patient. Puis Draco essuya rageusement son visage, et se laissa tomber, assis sur le sol, la tête entre les bras, le poids du monde semblant lui écraser les épaules, le maintenir au sol.

"Malfoy."

Le dénommé sursauta et leva les yeux vers le brun qui venait de s'annoncer. Une lueur étrange passa dans son regard, sans qu'Harry ne puisse la deviner, avant d'être remplacée par une rage. Pas une rage agacée, plus apeurée.

"Potter. Qu'est ce que tu fais là ? Dégage."

Sa voix était enrouée mais dure, cassante. Draco en voulait au Gryffondor. Il lui en voulait de l'avoir suivi. Il lui en voulait de l'avoir vu si faible. Il s'en voulait également, d'avoir céder à la pression qui le poursuivait, de ne pas avoir entendu son camarade. Oh, il ne savait pas depuis quand il était là. Il ne l'avait pas vu. Mais il était presque certain que le brun l'avait suivi depuis sa sortie de la Grande Salle.

Harry pencha la tête sur le côté, fronça les sourcils, entendant les paroles du blond. Mais il s'avança et finit par s'asseoir, dans l'alignement de Draco, sans pour autant être proche de lui, incertain de ce qu'il devait faire, certain qu'il devait lui laisser un peu d'espace.

Draco crut un instant être surpris. Une totale désillusion. Il ne l'était pas, il s'en doutait. Le brun était Harry -buté et agaçant- Potter, évidemment qu'il n'allait pas l'écouter. Pourtant, dans un élan de fierté, il réitéra sa demande. Son ordre plutôt.

Pour le plus grand bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant