IX

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Quand Harry arriva dans la salle commune de Gryffondor, son esprit essayait encore de trier correctement tout ce que lui avait dit, expliqué, raconté son professeur.

'Rogue, non, Severus était resté proche de sa mère. Même après l'incident de cinquième année' était l'idée principale qu'il arrivait à en dégager. Et elle était de loin la plus importante pour lui.

Oh, certes il avait, ou avait eu, à ses côtés des personnes qui avaient connu sa mère : sa tante, son oncle, Remus, Sirius... Mais aucun d'entre ne lui avait jamais parlé de Lily comme le directeur de Serpentard en avait la possibilité.

A sa connaissance, Remus et Sirius avaient été les amis de James, bien avant d'être ceux de Lily, ce qui expliquait qu'ils ne lui parlaient presque exclusivement que de son père. Et puis, il ne fallait pas espérer grand chose de Pétunia et Vernon : pourquoi lui parleraient-ils, à lui un monstre, d'une personne qu'ils haïssent ?

Remus... Il n'avait pas eu de nouvelles depuis un moment maintenant. Depuis la mort de Sirius précisément. Il avait raccompagné Harry à Square Grimmaurd après la bataille, avait veillé à ce qu'il s'endorme en prenant sa potion de sommeil sans rêve, puis plus rien. Il n'avait plus donné aucun signe de vie. Étrange.

'Non' se corrigea intérieurement Harry en se grattant frénétiquement le bras. 'Pas étrange du tout. Pas alors que je suis responsable de la mort de deux de ses presque frères, d'une des personnes dont il était le plus proche et de la traîtrise d'un autre. C'est normal qu'il ne veuille pas me parler, ni même me voir.'

Il fut tiré de ses pensées quand un poids lourd lui sauta sur le dos. Il trébucha, vacilla et Ginny et lui manquèrent de s'écraser face contre sol sous les yeux amusés de tous les Gryffondors.

" Qu'est-ce que tu veux Gin'? Questionna-t-il une fois qu'ils eurent retrouvé l'équilibre, la rousse toujours postée sur son dos tel un explorateur sur le mat de son bateau.

-Je t'ai cherché partout ! Ronchonna-t-elle avant d'enchaîner. J'ai ab-so-lu-ment besoin de ton aide. J'ai invité Luna à un rencard pour la sortie à Pré-au-lard de la semaine prochaine et j'aimerais bien lui faire un cadeau pour..."

Elle marqua une pause, semblant chercher la raison. Une raison qui n'avait bizarrement pas l'air d'exister.

" Pour rien en fait... Juste comme ça. Bref, je voulais lui faire des gâteaux mais maman ne veut pas pas m'envoyer sa recette. Il n'y a que toi qui peut m'aider !"

Amusé, Harry ne put que laisser échapper un petit souffle rieur avant de convenir avec Ginny qu'ils se retrouveraient aux cuisines le vendredi qui viendrait. Alors seulement, elle quitta son dos, le remercia et partit rejoindre ses amies avant de revenir aussitôt.

"Ah, et il faudra que tu m'aides à choisir ma tenue aussi. Merci !"

oO0Oo

Assis dans l'axe de l'entrée de la salle commune, Ron avait vu arriver Harry et hésitait à se lever pour le rejoindre.

Hermione était venue le voir tout à l'heure, alors que, toujours au même endroit, il discutait à voix basse avec Neville, alors que Lavande lisait un quelconque magazine appuyée contre lui.

S'il y a bien une chose qu'elle lui avait fait comprendre, c'était qu'il devait s'expliquer avec Harry et s'excuser. Et il comptait bien le faire : il ne serait pas capable d'affronter une fois de plus le caractère de lionne de son amie, pas alors que son regard semblait vouloir le tuer.

Il ne voulait pas mourir, oh non, et fuir n'était pas une option.

Il fut finalement convaincu d'aller à la rencontre du brun quand Lavande releva la tête pour s'adresser à lui -elle n'était pas spécialement proche de Harry, ni de Hermione mais elle se sentait vraiment bien dans sa relation avec Ron et savait que l'un n'allait pas sans les deux autres, et il était hors de question qu'elle soit responsable de la séparation du trio-.

"Arrête de réfléchir et vas-y. Tu sais très bien qu'Hermione va me demander si tu es allé le voir, et je n'ai pas spécialement envie que tu meurs parce que ma réponse sera négative. Et puis, tu en as besoin, tu vas finir par te rendre malade avec cette situation."

Il lui sourit simplement avant de la laisser, lui embrassant rapidement le bout du nez. Quand il avait commencé à sortir avec elle, il ne s'était pas attendu à ça. Il n'avait pas pu s'empêcher de la comparer à Hermione : l'une détestant les rumeurs l'autre reine des commérages, l'une pour qui l'apparence comptait peu l'autre pour qui l'apparence était un moyen de se faire remarquer.

Et, étrangement, ces différences ne le dérangeaient plus. Lavande n'était plus une Hermione différente en tel et tel point mais était maintenant Lavande. Uniquement Lavande. Ses qualités et ses défauts inclus. Et il se sentait bien à ses côtés.

Harry était monté dans leur dortoir, et Ron ne le rattrapa que sur le palier.

"Harry ! Est-ce que l'on peut parler s'il-te-plaît ?"

Le dit-brun hocha la tête, se faisant la réflexion qu'il avait énormément entendu cette phrase en un seul jour. Il s'assit en tailleur sur son lit, se demandant ce que voulait aborder le roux, et ses yeux s'éclairèrent de joie douce quand il vit que Ron hésitait à s'asseoir avec lui, un mélange de l'affection qu'il éprouvait et du soulagement insidieux qui lui soufflait qu'il avait réussi à éloigner un peu le roux de lui, à l'éloigner un peu du danger par la même occasion.

"Je suis désolé, commença ce dernier en décidant finalement de rejoindre le brun. Je n'aurais pas dû te considérer comme un ami et attendre de toi la même chose alors que tu ne le pensais pas. Je me disais qu'avec tout ce qu'on avait traversé, c'était le cas, mais je n'aurais pas dû essayer de t'y forcer. Cette fois et toutes les autres.

-Un ami ? Je t'apprécie trop pour que l'on puisse être amis... Je ne comprends pas pourquoi tu veux que ce soit le cas... "

Visiblement, ils ne devaient pas se comprendre. Ron avait rougi jusqu'aux oreilles et bafouillait alors qu'Harry avait les sourcils froncés d'incompréhension.

"Harry, mon pote, je- désolé je ne peux pas. Je savais pas que tu pensais comme ça... Je suis avec Lavande et puis je n'aime pas les hommes et je-

-Mais qu'est ce que tu racontes ?"

Ron avait été coupé par le brun, qui ne comprenait pas comment il en était arrivé à cette conclusion. Et il comprit qu'il avait mal interprété ses paroles.

D'un seul coup, Harry se leva, mais le roux ne le remarqua pas, plongé dans ses pensées, cherchant une chose qui lui échappait. A la fenêtre se trouvait un hibou du service postal, tenant une lettre dans le bec. Il la donna sans broncher à Harry, accepta avec plaisir une friandise et une grattouille avant de s'envoler.

Ron se souvint d'un point qu'avait abordé Hermione en venant le voir au moment même où le brun reprit sa place, et il leva la tête vers lui, posant la question qui, il le pensait, allait répondre à sa question.

"Harry, qu'est-ce que c'est un ami pour toi ? Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas l'être?

-Une personne de confiance et sûre. Je n'apporte que le danger et le malheur autour de moi, je ne mérite pas d'être ami avec qui que ce soit."

Il n'y eut aucune hésitation dans sa réponse. Rien. Elle était sortie directement, sans même une milliseconde de réflexion. Et Harry avait attrapé son avant bras droit, l'avait serré aussi fort que possible. Ron l'avait remarqué.

" Harry, est-ce que ça va ? Tu as mal au bras ?

-Oui. Non, je n'ai rien, ne t'inquiète pas."

Harry ne savait pas mentir la plupart du temps, ça aussi Ron l'avait remarqué. Tout comme il avait remarqué que la lettre adressée à "Harry Potter, Poudlard" était dans une enveloppe moldue, l'écriture faite à l'encre bleue.


Pour le plus grand bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant