🥀 Chapitre 16 : Relations

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À la fin du repas, Thalia s'en va. Elle me dit aller à l'arrière de la maison pour trouver sa robe, celle choisis par l'univers et qui va lui permettre de repasser le portail menant au vaste monde.

Elle revient quelques minutes plus tard avec une magnifique robe rose pailletée, à sa taille.

« Elle est splendide, mais tu avais six ans la dernière fois que tu as passé le portail non ? »

« Oui, mais dans mon bonheur faux, j'avais seize ans. Longue histoire. La robe a été mille fois trop longue dans le reste de la boucle temporelle, ça a été un enfer. J'avais fait des nœuds partout pour qu'elle ne bouge pas. »

Je l'imagine galérer avec sa robe et je me moque d'elle, gentiment, mais sans me retenir plus que ça. Elle reste ma sœur, cela m'offre le droit de la taquiner.

« Tu es sûre de toi ? Je pense que ça implique la même chose que moi non ? Je veux que tu viennes bien sûr. Mais tu sais ce que ce retour va impliquer n'est-ce-pas ? »

Devant mon air séreux, elle semble hésiter à nouveau, mais elle secoue la tête avant de m'annoncer d'un ton formel :

« Jumatate, jamais je ne te laisserai te détruire seule. »

Elle regarde sa maison tristement, je comprends qu'elle a construit sa vie ici, et que ce qu'elle fait là va être un énième sacrifice. À cause de moi. Encore.

« J'ai écrit un mot pour les autres. J'aurais voulu leur dire au revoir. »

Je reste silencieuse pour la laisser accrocher le fameux mot à sa porte. On ne peut rien amener d'un monde à l'autre si ce ne sont nos vêtements et je sens que tout cet univers va lui manquer.

Elle se met contre la porte et laisse échapper quelques larmes. Je me retourne pour la laisser dire adieu à son chez elle, avec le plus de respect possible.

Thalia me rejoint, joint sa main à la mienne et nous nous mettons en route, traversant la forêt, pour aller vers le portail de sortie. Tout ceci est rapide, presque impersonnel, mais nous n'avons pas le choix.

Il ne se passe rien quand on le traverse enfin, après une longue marche. Nous revoilà dans le manoir.

« Il n'a pas changé. Il est toujours aussi beau. »

Je souris et acquiesce puis nous passons portes et escaliers sans s'attarder, anxieuses.

« Comment vont papa et maman ? Et grand-frère ? »

Bam. Je ne lui ai rien dit, c'est vrai. Et elle ne sait pas non plus pour Carden. Elle va m'en vouloir.

Je me suis figée, la poussant à s'arrêter net, attendant ma réponse.

« Papa et maman sont morts peu avant mes sept ans. Quant à Carden, à l'orphelinat, nous avons perdu tout contact. Nous nous sommes reparlé il y a quelques jours, mais ça a été houleux. Il est aujourd'hui marié et il a un fils. Il s'appelle George. »

Je n'ai pas tourné autour du pot. C'est déjà dur de le dire à voix haute. J'entends son souffle s'accélérer alors qu'elle broie ma main. Je ne réagis pas, elle en a le droit.

« Je me sens mal. J'avais pourtant tout fait... Je ne sais pas. Finalement, je crois que je m'y attendais. Être mise face à la réalité, je pense que je vais devoir digérer ces informations. La Magnificence m'a trompé.»

Je me réveille, dans mon lit, dans ma robe toujours désespérément noire et sale tandis que je sens ma sœur contre moi, elle aussi toujours vêtue de sa robe.

Autour de nous, Aimée, Kavita et Lisha dorment profondément. Pour eux, pas plus de quelques heures sont passées et il fait toujours nuit.

« Thalia, ne parle pas trop fort. Ce sont mes amies que tu vois là. Dans le salon, il a les trois garçons qui complètent le groupe. On est en plein milieu de la nuit, dans mon appartement. »

La Magnificence - Tome 1 (terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant