Chapitre 9 🖇

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Mercredi aprem. Je glande, je poste une story, en espérant que Rosa y réagisse (parce que oui, on s'est abonnées l'une à l'autre), j'essaie de continuer Heartstopper mais j'ai pas la motive.

Je m'emmerde, disons le crûment.

Alexi et avec sa Emma chérie, en train de faire je ne sais quoi, maman travaille.

Je suis en petite culotte à fleurs, un pull trop petit, des miettes de biscuit sur le col. Mon pendentif me parait plus lourd que d'habitude.

Je m'allonge sur le dos, gonfle les joues, j'ai trop mangé. J'ai trop chaud, mais flemme de marcher jusqu'à la fenêtre pour l'ouvrir.

Je m'imagine avec Rosa, je m'imagine la faire rougir, ses bras ouverts, je sais pas. Un truc, de la proximité entre nous.

Je m'imagine la coiffer pour aller en soirée, la maquiller. L'embrasser, la sueur et les souffles essoufflés.

Sauf que le lit est trop grand et froid et que je suis seule dans la maison.

Mon téléphone vibre, intempestif, porteur d'un espoir désespéré. Imagine, c'est Rosa ?

Sauf que c'est un numéro inconnu. Fuck, encore une pub de merde.

Je décroche, histoire de passer mes nerfs sur un pauvre employé surexploité payé trois dollars le mois, mais c'est une voix de mec dans mon phone.

- C'est qui ?

Je suis à cran.

- Waouh meuf calmos, c'est Nils. Je suis devant chez toi.

Nils ? C'est qui ce clébard encore ?

- Pardon ? Tu réponds pas à ma question là.

- Quelle question ?

Ah oui, il est vraiment teubé. 

- Nan rien laisse tomber. On se connait d'où, Nils ?

- Je suis sorti avec ta meilleure pote pendant une semaine et deux jours et demi.

- Ok, tu connais le nombre d'heures aussi ou tu sais doser un peu ?

- Quoi ?

Je me retiens très fort de répondre QUOICOUBEH, mais c'est pas mon genre.

- Nan rien, laisse tomber. Qu'est ce que tu fous devant chez moi ?

- Je voulais te parler.

- C'est ce qu'on est train de faire, si t'avais pas remarqué.

- Non mais parler en vrai.

- Vas y j'arrive.

Vous savez, les chiens, si vous ne leur donnez pas ce qu'ils veulent tout de suite, vous ne connaitrez plus jamais la paix.

J'enfile rapidement un jean rose, ne m'embarrasse pas de chaussettes, change quand même de pull.

Ma brosse traine sur mon bureau, à côté du cahier de maths, je m'arrache la moitié des cheveux, descend ouvrir la porte, m'attendant à trouver un chien à l'aspect humain, la langue dehors et les oreilles frétillantes.

Mais non, Nils est accoudé au mur, absorbé par son écran. Coque de téléphone noire. Aucun goût.

- Hey, j'ai pas trente ans, bouge ton petit cul si veux avoir la chance de m'adresser deux mots, je lui lance, un brin énervée.

- Oh ne commence pas à faire la meuf.

- Mais ta gueule connard.

S'il est aussi con, il va rapidement sortir de chez moi. Par la fenêtre.

Merde, j'ai rien rangé depuis ce matin, mon assiette de ce midi encore en plan avec les couverts croisés, je suis pas superstitieuse, mais quand même. Je dois assumer mon bordel devant un mec que je connais ni  d'Ève ni d'Adam, et ce mec est clairement un train de stalker mon intérieur. 

- Bon t'as fini de mater ou tu veux des photos aussi ?

- Hein ?

- Deux, connard. Arrête de mater ma cuisine.

- Oh putain. T'es bien chiante.

Je le prends dans l'égo. Ça vaux toujours mieux que de le prendre en plein coeur.

- Venant d'un clébard abandonné, je m'en tamponne le coquillard, mon ange.

Il lève les yeux au ciel. Mais quelle insolence devant sa future reine. Je reprends :

- Bref tu veux quoi ?

- Je voulais que tu parle de moi à Sophie et qu'on ressorte ensemble.

Son air de chien battu me fais soudainement de la peine. Il fais semblant de s'en foutre mais en vrai il a mal.

- On s'est embrouillées avec ta chérie, je vais avoir du mal à te faire plaisir. Et elle s'est trouvé un nouveau mec.

Ses yeux brillent. Larmes ? Oh non, on est pas du tout assez proches pour qu'il pleure dans mon salon, assis sur MON pouf et en se mouchant. Pas du tout assez proches.

Du coup je panique.

- Bon aller chéri, tu vas en trouver plein des meufs intelligentes qui seront intéressées, mais ton ex est une pétasse, alors tu ferais mieux de l'oublier.

- Je sais.

Cette réponse laconique me fend le cœur. J'ai envie de me confier à lui, j'ai l'impression qu'il comprendra.

- Elle manque beaucoup quand elle part, hein ?

Il hoche la tête, je ne vois pas son visage. Tant mieux.

- Ça va aller, ne t'inquiète pas.

Je conclus. Il sort et s'éloigne. 

De : Inconnu :

Ça m'a fais du bien de parle avec toi. On se reverra ?

Je suis étonnée par son orthographe irréprochable.

De : Moi✨💋🌈 :

oe

Le truc avec les chiens de rue, c'est que quelqu'un fini bien par les adopter.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 16 ⏰

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