Chapitre 24

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Linda et Carl étaient sortis de chez eux et s'étaient précipités dans leur voiture enfoncé sous la neige. Les rues étaient totalement vides. Près de dix minutes plus tard, après avoir tout fait pour se créer un passage sur la route, la voiture démarra enfin. Une partie de leur quartier s'était retrouvée dans l'obscurité totale à cause du manque d'électricité. Les pannes de courant se faisaient de plus en plus fréquentes. La voiture avançait lentement et s'ils n'avaient pas acheté de pneus pour l'hiver, ils n'auraient probablement même pas pu arriver jusqu'au commissariat.

- T'as essayé de le recontacter ? lança Carl.

- Évidemment, répondit Linda. Je lui ai envoyé près de vingt messages mais il ne m'a toujours pas répondu.

- Ce n'est pas bon signe. Arthur n'aurait jamais fait ce genre de blague. Je commence moi aussi à m'inquiéter.

- En plus, les caméras ne fonctionnent pas. Je m'étais pourtant bien assurée qu'elles marchent avant de les quitter. Mais là, rien. Je tombe toujours sur le même écran noir.

- C'est sûrement à cause de la tempête. Le réseau a été endommagé dans toute la ville. Elles ne marcheront sûrement pas pendant un long moment.

- Tourne à droite ! s'écria Linda. On est presque arrivés.

Carl s'arrêta devant le commissariat ou une cinquantaine de voitures stationnaient au même endroit. C'était un des seuls endroits de la ville où la lumière battait à son plein. Linda courut vers l'intérieur alors que son parapluie venait de s'envoler dans les airs si violemment qu'elle fut sur le point de tomber devant l'entrée.

- Dépêche-toi ! cria-t-elle. On n'a pas de temps à perdre.

Linda aperçut au loin un policier et courut dans sa direction. Elle eut à peine le temps d'entrer à l'intérieur qu'une vieille dame l'arrêta.

- Vous faîtes la queue comme tout le monde ! fit-t-elle d'un ton énervé.

- On vient pour une urgence, répliqua Linda.

- Vous croyez que vous êtes la seule ici à avoir des problèmes. Vous voyez tous ces gens devant nous ? Ils sont tous là pour une bonne raison.

Linda leva la tête pour apercevoir la foule qui se bousculait devant le bureau de police. Certains habitants étaient en pleurs, d'autres trempés de la tête au pied. Et pourtant, ils avaient tous l'air d'être présents pour une bonne raison.

C'était comme si tous les habitants du quartier s'étaient réunis dans le petit commissariat local. Pas loin de cent personnes se criaient dessus pour parler aux quelques policiers encore assis sur leurs chaises.

- Mais vous ne comprenez pas ! reprit Linda. Mon fils est coincé dans une maison à Bolinas et il est en danger avec ses amis. Si quelqu'un ne va pas tout de suite les chercher, ça pourrait devenir très dangereux pour eux.

La vieille dame changea soudainement d'expression.

- Il y a une des plus grosses tempêtes jamais connue dans cette ville depuis des décénnies et vous laissez votre fils tout seul dans une petite ville à une heure d'ici. Vous êtes complètement folle !

- Je sais, je n'aurais jamais dû les envoyer mais si je ne fais pas quelque chose maintenant, je m'en voudrais le restant de mes jours.

- J'espère bien ! souffla la vieille dame en remuant la tête. A ce rythme-là c'est bien parti pour que ça dure jusqu'à demain matin, au moins. Je vous conseille de rentrer chez vous et vous irez à Bolinas quand la tempête se sera calmée.

- Je ne peux pas attendre demain matin !

- Vous avez essayé d'appeler la police de Bolinas ?

- Ils ne répondent pas. Je crois que la situation doit être exactement la même là-bas. Trop peu de policiers pour autant de personnes. Je ne pense même pas qu'ils arrivent à décrocher à un seul de leurs appels.

- Alors vous allez devoir attendre ici comme tout le monde jusqu'à votre tour. C'est la seule solution.

- Il y a une autre solution.

- Je crois qu'on n'a pas le choix, ajouta Carl. On va devoir aller à Bolinas nous-même.

- C'est du délire ! Vous n'arriverez jamais là-bas avec cette neige, c'est complètement impossible. Vous voyez ces gens, fit-elle en pointant du doigt deux personnes, assis sur un fauteuil, le corps rempli de tâches de sang. Leur chat était dehors quand la tempête à commencé. Ils sont allés à sa recherche et voilà comment ils sont revenus.

- Ils l'ont retrouvé ? s'inquiéta Carl.

- Je crois bien que non...

- Je préfère encore essayer de risquer ma vie plutôt que de rester ici pendant des heures, riposta Linda. Je ne vais pas laisser mon fils en danger.

- Tu es sûr de toi ? demanda Carl. Si on part, il n'y aura pas de retour en arrière.

- Oui je suis sûre. Allons sauver notre fils. 



Un coupable parmi nous (en autoédition sur Amazon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant