Bloodworth and secrets

16. Mensonge

Lune

- Je n'en reviens pas, s'énerva Syera tout en claquant la porte des toilettes, elle a vraiment osé faire ça cette conne ?

- Ne casse pas la porte s'il te plait, lui dis-je un peu paniquée quand j'entendis le bruit sourd qu'a fait la porte en claquant.

Elle déposa légèrement violemment son sac à dos sur l'évier puis elle ouvra le robinet pour faire couler l'eau. Il me semblait que Syera n'avait pas du tout fait attention aux filles à côté d'elle, qui maintenant, la regardaient de travers.

Je souris maladroitement pour apaiser le mal à l'aise mais je ne fus pas surprise quand elles me rendirent seulement un regard pathétique avant de partir hors de la pièce.

J'avais raconté à Syera ce qui s'était passé avec Hazel, j'ai bien cru qu'elle allait la retrouver pour la tuer.

- C'est du passé maintenant, essayai-je de convaincre Syera ou moi-même.

- Du passé ? Tu te fous de moi, Lune ? Tu vas vraiment te laisser te faire marcher dessus comme ça ?

C'était ce que je redoutais le plus. La réaction de Syera.

Parce qu'avec elle, je savais très bien que je ne pourrais pas laisser passer cette histoire sans rien faire.

J'aurais aimé me défendre ou lui dire quelque chose à Hazel à cet instant. Mais j'en étais incapable. Certaines personnes me diront que j'ai été lâche et pas courageuse, que je n'étais qu'une peureuse.

Mais la vérité c'était que oui, je n'étais pas assez courageuse pour me défendre parce que tout cela me terrifiait. On m'a toujours appris à me défendre mais on ne m'a jamais dit qu'il fallait être assez courageuse d'abord pour pouvoir se défendre.

- Syera, je te jure que ça va. Je pense qu'elle ne va plus rien me faire.

Elle se frotta les mains avec du savon puis s'aspergea son visage d'eau. Je la regardais, dans un silence, se sécher les mains puis prendre son sac à dos. Elle était vraiment fâchée contre Hazel mais aussi contre moi.

De n'avoir rien fait.

Elle soupira fortement en se regardant dans le miroir tout en replaçant quelques mèches de ses cheveux roux. Elle se fixa longuement, toujours sans un mot. Mais elle se retourna pour me faire face, les sourcils froncés.

- Lune, me dit-elle aussi sérieuse qu'elle ne l'a été, si un jour elle te refait un sale coup...S'il te plait, défends toi.

- Je te le promets, Syera. Juré crach-

- Sérieusement, Lune. Si tu te défends pas la prochaine fois, t'auras vraiment à faire à moi.

J'acquiesçais sans broncher.

J'en avais presque le cœur serré de savoir que Syera était inquiète. Inquiète pour des problèmes qui n'étaient pas liés à elle. Elle a toujours veillé sur moi depuis que je la connaissais. Si j'avais des problèmes, elle s'en mêlait comme si c'était les siens.

Je la remercierais jamais assez pour tout ce qu'elle a fait pour moi.

C'était assez cliché.

Mais avec elle, j'avais enfin compris le sens de l'amitié. Je pensais que c'était un mythe d'avoir une relation saine, d'avoir quelqu'un à qui parler et à qui se confier sans se demander si la personne était assez digne de confiance pour partager ses secrets.

La plupart du temps, l'amitié n'était qu'une façade où les hypocrites et les manipulateurs se cachaient derrière. Mais il arrivait, par chance, qu'on tombait sur une personne différente. Cela arrivait rarement mais on savait que cette amitié allait durer pour toujours.