Bloodworth and secrets

01. De retour à Bloodworth

Lune

Bloodworth academia, 23 septembre
Londres.

Je traversais les longs et sombres couloirs de l'académie, d'anciennes photos et de vieilles peintures décoraient les larges murs. Je fis parcourir mon regard sur l'une d'elles, cet autoportrait que j'avais déjà analysé plus d'une centaine de fois, qui m'hypnotisait toujours à l'heure actuelle.

Une des plus connues parmi tant d'autres par le peintre français Pierre Auguste Renoir, très populaire pour sa maitrise de son pinceau et de ses portraits. Ce tableau le représentait, c'était son propre portrait, on aurait tendance à dire quel type de personne était-il pour peindre son visage à la limite du narcissisme.

Je trouvais cela plutôt intéressant à la manière dont il se voyait, ses yeux qui fixaient le vide sans chercher de but et cette expression sérieuse et neutre.

- Toujours à mémoriser chaque coup de pinceaux qui a été faits sur un tableau ça ne changera donc jamais, souffla une de mes amies à côté de moi.

Je détournai mon attention pour la porter vers elle, ses cheveux roux qui créaient des vagues sur toute sa longueur et ses yeux d'un bleu si éclatant comme l'eau d'un lac me firent revenir sur terre.

- Syera...tu sais très bien comment je suis, lui dis-je en esquivant un demi sourire.

- Oui, je sais très bien comment tu es quand on parle de peintures ou de livres, ria t-elle, unique en ton genre c'est pour ça que je t'aime d'un amour profond, oh ma chère !

Je ricanai en l'entendant prendre une voix théâtrale pour dire sa dernière phrase. Je ne savais toujours pas pourquoi elle restait à mes côtés alors que j'étais plutôt réservée, je n'aimais pas trop parler non plus.

Elle était tout le contraire de moi, très bavarde et elle avait facile à parler avec les autres personnes, j'aimerais avoir cette facilité mais on n'avait pas toujours tout ce qu'on voulait.

On nous surnommait souvent la lune et le soleil, lune pour moi de plus en référence avec mon prénom et le soleil pour Syera qui lui allait à merveille.

- Je me demande comment va se passer cette nouvelle année...

Effectivement, on était de nouveau dans cette académie pour une nouvelle, longue et effroyable année qui s'annonçait.

Quelques élèves nous entouraient, je pariai qu'ils venaient tous de familles prestigieuses, qui n'ont pas été admis ici par leurs points mais plutôt par leurs statuts de riches et puissantes familles.

Mais ces personnes-là allaient très vite redescendre de leur nuage, ils allaient être rattraper par la complexité de notre académie et de son fonctionnement.

Je ne jugeai sans trop être hypocrite car moi-même je venais d'une longue lignée de riches et puissantes personnes mais je ne m'en vantais pas parce que je détestais ça. Je détestais cette société où les riches étaient supérieurs aux autres.

- Comme toutes les autres je te dirais, lui dis-je, on aura toujours cette compétition en tête.

Elle laissa retomber sa tête en arrière en prenant une longue inspiration, je continuais de marcher quand je remarquai qu'elle n'était plus à côté de moi.

Je regardais derrière moi et je la vis rester en plein milieu du couloir, immobile. Elle ne semblait pas le remarquer mais elle bloquait le passage...Les autres élèves s'énervaient et la jugeaient sans gêne.

Je m'approchai vers elle, je pris son bras et la tira légèrement en avant.

- Qu'est ce que tu fais Syera ? Tu bloques le passage là, allez on y va !