Bloodworth and secrets

15. Un ange

Jasper

Sortant de l'académie, on se dirigea vers l'immense forêt qui entourait le bâtiment. Des splendides sapins et toutes sortes d'arbres se tenaient juste devant nous. L'air était un peu humide et frais mais il ne faisait pas si froid que cela.

Une fin d'après-midi d'automne finalement.

J'avais définitivement perdu la tête. Et ça, je le constatais lorsque je voyais Lune me suivre juste derrière moi.

Son frère en savait rien par rapport à ce qu'il s'était passé et j'avais menti, Finn n'a jamais eu d'empêchement. Il n'a tout simplement pas vu le message. Son téléphone était juste à côté de moi, j'ai été curieux du message qu'il avait reçu.

C'était Lune qui lui demandait son aide.

Mon sang n'avait fait qu'un tour dans mon corps quand j'ai vu son message. Sans réfléchir, j'avais pris quelques vêtements qui m'appartenaient et j'étais directement parti. Je devais savoir si elle allait bien.

Je devais le savoir de mes propres yeux.

Puis je l'ai vu, recroquevillée sur le sol des toilettes, et il m'avait fallu contenir toute la rage en moi. La rage que j'avais contre celle ou celui qui lui avait fait ce putain de piège. Elle m'avait semblé si vulnérable à cet instant, si fragile. Comme une poupée en porcelaine que toutes les petites filles jouaient avec en prenant bien soin de ne pas les abimer.

Lune était une de ces poupées en porcelaine.

Et je l'avais appelé mon cœur. J'avais baissé mes barrières. On était tous les deux vulnérables à la présence de l'autre. Ce n'était peut être pas une si bonne nouvelle que ça.

Je jetai un coup d'œil par dessus mon épaule si elle suivait la cadence, portant mes vêtements sur elle, j'allais devenir fou. Malgré la brise fraiche, je me sentais comme une braise en feu. Ce jeu dangereux qui avait débuté entre nous allait causer ma foutue perte.

Je ne savais pas encore pour combien de temps j'allais bien pouvoir tenir...Pas longtemps, à mon avis.

- J'aimerais savoir où tu m'emmènes dans ces bois, je veux surtout pas que Finn voit aux infos qu'on a retrouvé le corps d'une jeune fille mutilée dans les bois, l'entendis-je essoufflée derrière moi.

- Déjà fatiguée ?, lançai-je en ricanant.

Elle marmonna -sûrement des insultes- entre ces dents. Au plus profond de moi, je voulais lui faire changer ses idées. Elle avait besoin d'évacuer et de s'évader loin de ses murs, je voulais devenir sa bouée de sauvetage.

Je voulais l'emmener là où personne ne viendrait nous ennuyer, aucune haine, aucune cruauté, juste elle et moi. J'avais ce besoin de l'aider, c'était inexplicable. Tout ce que je ressentais en ce moment se bousculaient dans ma poitrine et dans ma tête.

J'étais en contradiction avec moi-même. Mon cœur commençait à battre plus fort quand je la voyais au loin ou quand elle me frôlait de son épaule mais mon esprit, quant à lui, me répétait de m'éloigner d'elle avant qu'il soit trop tard.

Était-il possible que le "trop tard" était déjà arrivé ?

Le vent souleva quelques mèches de mes cheveux, je les repoussais en arrière afin de les recoiffer.

- Pas trop froid ?, lui demandai-je sans me retourner pour autant.

- Non, ça va...Ton gilet tient chaud.

Un putain de sourire idiot se dessina sur mon visage à l'entente de sa réponse. Juste parce qu'elle avait dit "ton gilet"... T'es un adolescent ou quoi, mec ?