Chapitre 17

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Ils arrivèrent tardivement à l'inauguration de la galerie Marx. Les flashs des appareils photos se mirent à crépiter. Les journalistes les hélaient de toute part. Ne sachant où donner de la tête, Cassandra regardait sans le voir le parterre de paparazzis qui s'amoncelait devant le tapis rouge. Elle sentit le regard insistant des hommes sur ses courbes et l'envie dans celui des femmes. Jouant avec ses cheveux, elle décida ce soir de ne plus être la Cassie sage et rangée que tout le monde connaissait. Aux côtés d'Alec Wise elle se sentait autre. Elle prit conscience du pouvoir que la beauté pouvait avoir sur l'être humain. Recherchant son approbation elle lançait désormais des sourires provoquant à tous ceux qui croisaient son regard. Alec fulminait intérieurement. Contrairement à cassie qui prenait un malin plaisir à incarner un nouveau personnage, il n'appréciait guère que son charme soit livré sans filtre aux yeux de tous. Empreint de jalousie, il serra la mâchoire et sa main se referma durement sur celle de sa partenaire. Au bord de l'explosion il se tourna vers Cassandra et tel un mâle voulant marquer son territoire il ne trouva d'autre solution que de l'embrasser goulûment pour montrer à l'assistance que Cassandra Stewart lui appartenait.
Ce baiser bien que salvateur pour Alec eut un tout autre effet sur Cassandra. Elle comprit instantanément la signification de son geste et soudain elle prit conscience de la situation embarrassante dans laquelle elle se trouvait. Désormais elle serait la cible des commérages, la proie aux insinuations des plus douteuses, la victime de ces journaux à scandales qui se réjouiraient de la moindre incartade. Ses faits et gestes seraient épiés, analysés, moqués et sa vie n'aurait plus rien de privée. Elle était désormais la petite amie du plus grand magnat de New-York, la petite amie d'Alec Wise, le célibataire le plus convoité de la ville. Richissime, misogyne et irrésistible. Elle sut à cet instant que son existence allait basculer et qu'elle serait liée pour le meilleur et le pire à cet homme qui d'une seule parole, d'un seul regard avait la capacité de l'envoûter. Son sourire s'effaça et avec angoisse elle franchit au bras d'Alec les portes de la galerie où retentissaient les Échos de la fête qui battait son plein.

Alec connaissait toutes les célébrités new-yorkaises. Il attirait tel un aimant aussi bien les hommes politiques, les vedettes du petit écran que les starlettes hollywoodiennes. Un mot pour chacun, une attention particulière pour chacune. Une allusion bien placée, des jeux de mot bien sentis, il naviguait comme un poisson dans l'eau dans cet écosystème dont la méconnaissance des codes pouvait être fatale. Il subjuguait l'assistance et ses pires détracteurs ne pouvaient rester insensibles à son savoir faire.
En revanche, Cassandra se sentait de plus en plus mal à l'aise dans son rôle de dame de compagnie. Elle semblait transparente aux yeux de l'auditoire qui captivé par Alec n'avait pas une once d'attention à son égard. D'un certain côté,
depuis le baiser elle aurait voulu disparaître, néanmoins , elle aurait aimé capter son attention à lui... Dépitée pour la tournure que prenaient les événements, elle se rapprocha du buffet pour picorer des amuses bouches que les convives boudaient au profit du champagne qui coulait à flot. C'est à ce moment que se dressa devant elle une silhouette qu'elle reconnut immédiatement. Benjamin se tenait face à elle dans une posture nonchalante et moqueuse.

- Tiens tiens tiens... mais qui voila ... Cassandra Stewart. Je ne t'aurai pas imaginé avoir le culot de venir à cette soirée sachant ce qu'elle représente pour moi. Tu n'as vraiment aucune dignité. Rien d'étonnant pour une fille de basse extraction. D'ailleurs je dois te reconnaître un certain talent. Tu as réussi à prendre dans tes filets l'homme le plus riche de New-York. Tu ne dois pas être aussi naïve que je l'avais imaginé. Quand nous étions ensemble étais-tu aussi calculatrice ? Ne répond pas ! pour tout t'avouer cela ne m'intéresse plus. Mais sache que je vais faire de votre vie un enfer. Tu ne t'en sortiras pas comme ça !!

A peine cette phrase prononcée que Benjamin se jette subitement sur Cassandra lui arrachant un baiser non consenti. Tétanisée pendant une fraction de secondes, elle reprit ses esprit et repoussa Ben qui dans le feu de l'action percuta le buffet. Elle chercha du regard Alec pour qu'il puisse lui porter secours. Sa vision s'obscurcit lorsqu'elle le vit dans un coin sombre tenant dans ses bras une femme blonde aux courbes gracieuses. Leur conversation semblait intime. Ils se fixaient intensément dans les yeux et rien ne semblait les perturber dans leur tête à tête. Cassandra ressentit instantanément une décharge dans tout son corps. Son cœur se brisa avec fracas et les larmes commencèrent à poindre sous ses paupières. Dans un élan désespéré elle courut en direction des vestiaires récupérer ses affaires et s'engouffra dans le premier taxi venu. S'en était trop. Cette soirée virait en cauchemar.

Au calme dans la berline elle posa sa tête contre l'appui tête et ferma doucement les yeux. Son cerveau était dans un état second. Elle sentit ses pensées flotter au dessus de son corps, déconnectées de ses émotions. Le choc avait été trop brutal pour qu'elle arrive à ce stade à extérioriser quoique se soit. Hébétée, elle arriva devant chez elle sans qu'elle ne se souvienne de rien et sans qu'elle s'aperçoive que depuis son départ de la galerie une fourgonnette banalisée l'avait prise en filature. Deux hommes de type caucasien se tenaient à l'avant du véhicule et semblaient suivre avec attention chacun de ses mouvements. Ne se doutant de rien, elle monta machinalement les escaliers, ouvrit sa porte dans des gestes automatiques et s'effondra inconsciente sur le tapis du salon.

Liés par contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant