CHAPITRE 36

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ATMOSPHÈRE : «High for this, The Weeknd » 

Un mois était passé. La rencontre aurait dû se faire le soir de notre arrivée, mais la taupe de James nous avait informés qu'Enzo l'avait reportée. Un mois que j'étais coincée entre ces quatre murs avec lui, vivant une routine quotidienne lassante.

La nuit, il partait en repérage pendant que moi, je partais m'entraîner à la salle de sport. La journée, on était tous les deux la tête dans les dossiers, à peaufiner notre plan. Nous ne parlions que de ça, évitant les sujets fâcheux. Lorsqu'il rentrait, il me faisait un débrief puis allait se coucher. Quant à moi, je m'étais acheté un nouveau téléphone. Restée aussi longtemps loin de mes meilleures amies me laissait un vide à l'intérieur de moi.

Elles me racontaient les ragots quotidiens de l'institut et aussi banals soient-ils, c'était la seule chose qui égayait mes journées.

Nous avions analysé tous les plans à la loupe, imaginant tous les scénarios possible et inimaginables afin de pouvoir les contrés. Tout était clair et parfait dans notre tête. La rencontre devait enfin avoir lieu ce soir et j'étais prête.

La tête triste de ma meilleure amie au travers le téléphone me fit grimacer. Je terminais de me préparer quand elle me posa une énième fois la question qui fâche :

— Tu rentres quand ?

— Demain, j'espère.

Je ne lui faisais plus de promesses que je ne pouvais tenir. Elle m'avait expliqué que Jen avait pris ses distances pour je ne sais quelle raisons. Sans moi, elle se sentait seule et abandonnée.

La semaine dernière, j'avais dû l'empêcher de prendre l'avion pour me rejoindre. Elle avait déjà préparé ses valises et payé son billet.

La voir dans cet état me faisait mal au cœur, mais Alaric avait été clair. Sur ce coup, il n'y avait que James et moi. Je devais y arriver seule, lui prouver ma valeur.

Après un au revoir qui fut une nouvelle fois larmoyant, j'éteignis le téléphone, regardant l'écran noir. Moi aussi, malgré tout, je me sentais seule. Depuis ce soir-là, nous avions tous les deux pris nos distances. Peut-être qu'il s'était rendu compte des mots qu'il m'avait dits pendant que moi, je me rendais compte que cette simple phrase m'effrayait totalement.

Je soupire, décidant de sortir de ma chambre. Mon ventre criait famine et je dois avouer que depuis que j'étais ici, je ne m'en étais pas vraiment occupé.

Arrivant dans la cuisine, alors que je pensais qu'il serait dehors comme à son habitude, je le trouva assis à table, la tête dans les papiers.

— T'es pas de sortie ?

— Le club est fermé et je veux m'assurer qu'on a pensé à tout.

Je me contentai d'hocher la tête, sortant une poêle du placard.

— Pancakes ? demandais-je.

Il releva enfin la tête, me regardant réellement pour la première fois depuis longtemps.

— Assieds-toi, je m'en occupe.

Il se leva, s'attelant à la tâche pendant que je rangeai les plans. L'ambiance entre nous n'avait jamais été aussi froide, même lorsqu'il avait levé la main sur moi. Dans un sens, il me manquait. Pourtant, je savais que cette situation était le meilleur choix qui s'offrait à nous ; on devait s'éloigner l'un de l'autre. Lui et moi, ensemble, nous étions bien trop toxiques.

Il vouait sa vie à Alaric et moi, j'étais moi. Nous étions deux personnes complètement opposées et dans ma tête ce constat sonnait comme un regret. Cette vie, celle qu'il m'avait faite découvrir, était bien trop instable pour moi. Il avait raison, tout était toujours compliqué lorsque l'amour s'en mêlait.

LA VERITÉ MENT TOME1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant