CHAPITRE 38

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ATMOSPHÈRE : « Rescue my heart, Liz Longley» 

La tour de garde de l'institut n'était plus qu'à quelques mètres. Le trajet s'était fait dans le silence le plus total, ne laissant que le doute et l'incertitude planer autour de nous.

Je n'avais rien dit à James. En vérité, je n'avais rien dit du tout prétextant que c'était Riley qui m'avait retenue. Je ne savais pas pourquoi il m'avait laissée en vie, sans même m'empêcher de lui prendre ses filles qu'il retenait en otage. Il était là, prostré devant sa fenêtre et il n'avait rien fait.

— On va arriver d'ici quelques minutes, me prévint, James.

Je me contente d'hocher la tête comme à chaque fois qu'il essayait de me parler depuis que nous avions quitté le Vortex.

— C'est pas le poste de police, ça, murmure la blonde.

— Désolé, dis-je simplement.

C'était le seul mot que j'avais pu lui répondre, le seul que j'avais trouvé. J'étais sincère, j'étais désolée. Comme moi, on ne leur avait pas laissé le choix sur leur destin en choisissant pour elles. J'avais contribué à leur malheur en les manipulant sans état d'âme et je m'en voulais vraiment pour ça. Réalisant dans quoi elles venaient de s'embarquer, elles se mirent à pleurer de plus belle, nous implorant de les libérer.

Ce qu'elles ne savaient pas en revanche, c'est que nous aussi nous avions les mains liées. Je venais de leur enlever tout espoir me rendant compte que, finalement, j'étais peut-être pire que lui.

Une fois la voiture garée et les phares éteints, Konor arriva suivi de Zack pour récupérer les deux filles à l'arrière.

Je fermai les yeux. Regarder la scène en étant totalement impuissante face à leur détresse était bien trop difficile. Je les entendais hurler, supplier et pourtant je restai là sans bouger.

— Quand Alaric t'a donné la mission, comment tu étais ?

Il fallait que je trouve quelque chose, n'importe quoi pour me changer les idées, pour atténuer leurs cris qui résonnaient encore dans ma tête. Alors j'avais posé cette question. Je ne savais pas trop pourquoi, c'était la seule qui m'était venue.

James se tourna vers moi, comprenant ce à quoi je faisais référence. Il soupira, avant de détourner le regard.

— Je ne te connaissais pas, Lara je...

— Ça va, dis-je simplement.

Même si je savais qu'il était incapable de ressentir quoi que ce soit, j'espérais tout de même qu'il ait une conscience, une âme pourvue d'empathie. Moi non plus je ne connaissais pas ces filles ; pourtant, les voir se débattre entre les mains de mes plus proches amis me fendait le cœur. J'étais impuissante, interdite de tout agissement face à leur détresse.

Moi, qui avant les considérais comme des monstres, désormais, je comprenais mieux leurs agissements. Soit c'était ma vision d'eux qui avait changé, soit c'était moi. Quoi qu'il en soit, nous étions tous des monstres, bloqués dans un monde brutal, sanglant que nous ne pouvions plus fuir désormais.

Je lançai un bref regard à James avant d'enfin sortir de la voiture. Je ne lui en voulais pas, pas vraiment. Mais j'avais besoin de prendre de la distance face à tout ça. Je savais qu'Alaric nous attendait dans son bureau, mais avant tout je voulais aller retrouver ma meilleure amie.

Lui expliquer comment en un jour à peine j'avais vécu le meilleur et le pire moment de ma vie.

Je m'avançai vers l'entrée, consciente que d'ici moins d'une heure j'allais devoir observer ses filles se faire torturer en échange de quelques informations.

LA VERITÉ MENT TOME1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant