Épuisante Odyssée vers l'Inconnu

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**Chapitre 1 : Périple Vers l'Inconnu**

Les dernières annonces résonnent dans l'aéroport de New York, leur écho se mêlant à la confusion des voyageurs. Pour Nahia, ce n'est qu'un bruit de fond, une symphonie dérangeante qui peine à la tirer de ses pensées. Elle sent l’irritation monter en elle, cette aigreur qui persiste depuis les heures volées à la nuit, des heures offertes à des plaisirs fugaces et vides de sens.

"Va falloir bouger," murmure-t-elle avec une lassitude teintée de mépris. Ce n'est pas tant le départ qui l’ennuie, mais l'idée de devoir encore une fois jouer le jeu de cette mascarade qu'est sa vie. Elle se lève, chaque mouvement alourdi par les restes de la nuit précédente, par cette fatigue qui ne se dissipe jamais vraiment.

Dans l’avion, elle cherche sa place comme on cherche un refuge, espérant que le vol lui offrira enfin un peu de répit. Ses espoirs se brisent rapidement lorsqu'elle aperçoit un enfant de cinq ans assis à côté d'elle, l'énergie débordante dans son regard. La vue des parents en face, leur avidité palpable, achève de la plonger dans un désespoir silencieux.

"Génial," soupire-t-elle, ses pensées sombres glissant sur le bord de ses lèvres. "Sept heures avec ce gamin infernal et des parents affamés."

Nahia s'assoit, résignée. La paix, ce doux rêve qu'elle caresse à chaque voyage, lui semble maintenant hors de portée. Le temps passe lentement, chaque minute étirée par le bruit du moteur et le bourdonnement incessant des conversations.

Puis, contre toute attente, le garçon à ses côtés se tourne vers elle, ses yeux brillants d'une curiosité innocente mais cruelle. Elle sent son regard sur elle, une pression qui l'agace autant qu'elle l'intrigue.

"Dites, madame," commence-t-il, sa voix perçant le voile de silence qu'elle tentait de tisser autour d'elle.

*Qu'est-ce qu'il me veut, celui-là ?* se demande-t-elle, une pointe de colère montant en elle.

"Oui, qu'y a-t-il ?" répond-elle, tentant de masquer son agacement sous un masque de politesse.

"Comment on fait les bébés ?"

La question, simple et innocente, la frappe comme une gifle. Elle recule instinctivement, choquée, avant de se ressaisir. Une vague de dégoût monte en elle, non pas envers l'enfant, mais envers la vie qui l'a menée ici, dans ce siège, face à cette absurdité.

"Euh, je ne sais pas, gamin. Demande à tes parents," répond-elle sèchement, espérant clore la conversation.

"Oui, mais je ne sais pas où ils sont."

*Ah oui, c'est vrai. Les parents affamés avaient tellement faim qu'ils sont partis dans les toilettes de l'avion,* pense-t-elle avec un sourire cynique.

"Bah, t'as qu'à aller les voir. Ils sont en train d'en faire dans les toilettes," propose-t-elle, une lueur de malice dans les yeux.

"Vraiment ? Génial, c'est parti !" s’exclame le gamin, sautant de son siège pour se précipiter vers les toilettes.

*Il va avoir une belle surprise,* pense Nahia en se tournant vers la fenêtre, le sourire toujours aux lèvres. *Il ne verra plus le jeu "papa et maman" de la même façon. Je sens que ce vol va être très long.*

Les heures s'écoulent, pesantes et lourdes. Le temps semble s’étirer, chaque minute marquée par l’ennui et l’irritation. Finalement, l'annonce de l'atterrissage réveille Nahia de sa torpeur. Elle se lève avec difficulté, son corps encore engourdi par le sommeil et l'épuisement.

Une fois sortie de l’avion, elle se dirige vers la sortie, son regard à la recherche de la pancarte qui l’attend. Elle croise alors celui d'un homme, un inconnu au visage fermé, une aura glaciale émanant de lui. Un frisson parcourt son échine, un avertissement silencieux, une prémonition du malaise à venir.

"Salut, le vieux, ça va comme tu veux ?" lance-t-elle avec une désinvolture feinte, cherchant à briser la glace de cette rencontre impromptue.

L'homme, un instant déstabilisé par son audace, retrouve rapidement son calme. Ses yeux, froids et calculateurs, se fixent sur elle.

"Bonjour, madame. Je m'appelle Robert. Je suis le majordome de la famille MAC. Je vais vous conduire chez votre oncle, le troisième frère de la fratrie MAC."

Il se présente avec une froideur polie, ses mots aussi tranchants que l’air hivernal. Nahia le fixe, analysant chaque détail, chaque inflexion de voix. *S’ils m’envoient un majordome, c’est qu’ils doivent avoir du fric. Alors pourquoi ne pas m’envoyer un jet privé ?*

"D'accord, Rob, tu peux me conduire à la voiture s'il te plaît ?" demande-t-elle, impatiente de quitter cet aéroport étouffant.

Le vieil homme réprime une grimace, ses traits se tendant sous l’effort de la maîtrise.

"Venez, je les ai garées là-bas."

"Je veux bien, mon petit Rob, mais je n'ai pas encore récupéré le reste de mes bagages," rétorque Nahia, un sourire narquois flottant sur ses lèvres.

Un soupir échappe à Robert, un son lourd de résignation.

"Allons les récupérer alors, madame. Et, pour l'amour de n'importe qui, arrêtez de m'appeler Rob."

"Ok, d'accord. Alors c'est parti, on va chercher mes bagages, ROBIE," insiste Nahia, accentuant le surnom, savourant la réaction du majordome. Il esquisse un sourire, mais se reprend aussitôt, refusant de lui offrir ce plaisir.

Aux tapis roulants, elle récupère ses bagages, mais son attention est vite détournée par une scène qui se déroule à côté d'elle. Une jeune femme bouscule une femme âgée, la faisant chuter. La fille, qui semble être la fille de la victime, prend la parole avec une arrogance glaciale.

"Vous pourriez vous excuser, vous savez."

"Mais pour qui vous vous prenez ? Je fais ce que je veux en fait," rétorque l'autre, son ton aussi coupant qu’une lame.

Nahia, exaspérée par tant de mépris, intervient sans réfléchir.

"Pour qui vous vous prenez, connasse ? On ne t'a pas demandé la lune, on t'a juste demandé de t'excuser, putain."

"Non mais oh, tu t'occupes de tes affaires."

"Excuse-toi."

"Non."

"Tout de suite," exige Nahia, ses yeux noirs de rage. Le ton de sa voix, glacé et menaçant, fait vaciller la jeune femme, qui s'excuse précipitamment avant de s'éloigner.

"Oui, oui, c'est bon, je m'excuse."

Satisfaite, Nahia se tourne vers la femme âgée.

"Vous allez bien, madame ?"

"Oui, très bien, grâce à vous. Merci infiniment."

"Pas de soucis, madame. Au revoir et bon voyage."

"Allons-y, Robie," lance-t-elle en direction de Robert, qui observe la scène, intrigué. Il reconsidère ses pensées sur cette jeune fille qui, malgré son air distant et désabusé, montre une force de caractère inébranlable et une certaine noblesse.

"D'accord, madame, allons-y," acquiesce-t-il.

"Et, par pitié, arrêtez de m'appeler madame."

"Alors, arrêtez de m'appeler Robie."

"Jamais de la vie."

"Alors, vous avez votre réponse, MADAME," conclut-il avec un sourire narquois.

La voiture démarre, emportant Nahia loin de l’aéroport, loin du tumulte. Elle s’installe confortablement, fermant les yeux, mais son esprit reste en éveil. Les mots de Robert résonnent en elle, et une étrange appréhension l’envahit. Elle sent que ce voyage n’est que le début, que ce qu’elle va découvrir dépassera de loin ce qu’elle aurait pu imaginer.

*Je sens que cette histoire va être longue.*

Les pensées de Nahia s'enfoncent dans une obscurité insondable, où les secrets et les mensonges se cachent dans les ombres. Ce voyage vers l’inconnu n’est pas seulement un déplacement physique, c’est un plongeon dans un abîme où vérité et danger se confondent.

"Les voyages forment la jeunesse, mais souvent la déforment." - François de La Rochefoucauld

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