Aydan

Aydan...

Je grogne, fronce les sourcils.

AYDAN !

J'ouvre les yeux en sursaut. Des cris et le fracas de l'acier contre l'acier me vrillent les tympans. Je me relève. Un homme à la chevelure ondulée mi-longues, d'un blond vénitien, aux muscles bien définis, fait face à un jeune homme aux cheveux d'ébène. Plus petit en taille, mais de même carrure. Leurs armes fendent l'air dans des mouvements précis, isolés du reste de la bataille qui fait rage au loin.

Je tente de les interpeller, mais ma voix reste coincée dans ma gorge.

Rends-toi vieux fou ! s'exclame le plus jeune.

Jamais ! Infamie que tu es !

L'intéressée éclate d'un rire glacial, qui me fait froid dans le dos.

C'est pourtant l'ordre des choses, père, crache-t-il dédaigneusement.

Tu n'es pas mon fils !

C'est toi qui m'as conçu, pourtant.

Ensorcelé par ta mère, qui a profité de ma faiblesse !

Leur échange suffit à me frapper de plein fouet, me coupant le souffle. « Infâmie »... « Ensorcelée par ta mère » ... Arthur et Mordred.

Mais tu as toujours été faible, se moque Mordred, Dyn gwallgof gwael !

Fou de rage, Arthur lève son épée, prêt à l'abattre. Profitant de l'ouverture qui s'offre à lui, Mordred brandit sa lance qui s'enfonce juste sous le cœur du roi. Ce dernier tressaute, les yeux écarquillés. Sa poigne se raffermit autour de son épée.

NOOOOOON !

Une femme d'une beauté sans égale saute de cheval. Deux chevaliers l'interceptent alors qu'elle s'apprête à se jeter dans la bataille.

Votre Majesté, restée ici, la somme l'un d'eux.

Elle dodeline de la tête, le visage blême, les joues striées de larmes aussi fines que des perles. Les deux chevaliers accourent vers leur souverain qui, dans un dernier cri entre colère et désespoir, tranche la gorge de son fils d'un coup sec. Le corps de Mordred s'écroule. Les jambes flageolantes, Arthur vacille avant de s'effondrer dans les bras de ses chevaliers. La jeune femme, dont je remarque la ressemblance frappante avec Amberly, se précipite à leurs côtés. Tremblante, elle prend la main de son époux entre les siennes.

Le roi sourit faiblement :

Guenièvre...

Arthur, je suis si désolée.

Lohot..., murmure-t-il.

Il est en sécurité, le rassure-t-elle d'une voix douce. Auprès de gens de confiance.

Arthur hoche la tête, une lueur rassurée dans les yeux.

Bien. Lancelot ? (L'un des hommes relève la tête.) Emmène-la, loin d'ici.

Mais, Sire...

Fais ce que je dis. (Le roi inspire difficilement avant d'ajouter :) Le temps viendra où nos familles se réuniront à travers les descendants de Lohort et de l'un de vos enfants. (Guenièvre porte instinctivement la main à son ventre, surprise.) Fuyez, loin, et soyez heureux. (Tous deux s'inclinent en signe de soumission.) Perceval ?

Les Royaux (Livre 1) - SLOW UPDATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant