Absorbé par son obsession pour la perfection artistique, le sculpteur renommé Gabriel Moreau passait des heures solitaires dans son atelier sombre et poussiéreux. Son dernier chef-d'œuvre prenait forme lentement, chaque coup de ciseau et chaque geste minutieux visant à capturer l'essence même de la vie.
La sculpture, une figure féminine aux traits gracieux et aux proportions divines, semblait prendre vie sous les mains habiles de Gabriel. Ses doigts dansaient sur le marbre avec une précision presque surnaturelle, chaque détail sculpté avec un soin méticuleux. Les cheveux semblaient flotter dans l'air, la peau lisse et les yeux étonnamment expressifs semblaient suivre chaque mouvement dans la pièce.
Les amis et les collègues artistes de Gabriel étaient stupéfaits par la création, l'appelant "La Perfection Incarnée". Les critiques se perdaient dans des éloges sur la maîtrise artistique sans précédent de Gabriel, affirmant que sa sculpture semblait prête à s'animer à tout moment.
Cependant, ce n'était pas assez pour Gabriel. Obsédé par sa recherche incessante de la perfection, il ne pouvait pas supporter l'idée que sa création ne puisse que ressembler à la vie, mais ne puisse jamais la posséder. Les nuits devinrent des jours et les jours des nuits alors qu'il s'immergeait de plus en plus profondément dans son travail, perdant tout contact avec la réalité.
Un soir, alors que l'atelier était baigné dans la lueur vacillante des bougies, Gabriel acheva la sculpture avec une touche finale. Son cœur battait la chamade d'anticipation alors qu'il reculait pour admirer son œuvre d'art achevée. La statue semblait presque vivante, chaque détail étant si parfaitement rendu qu'il pouvait presque sentir sa respiration silencieuse.
Épuisé par des jours sans sommeil, Gabriel s'endormit près de la statue. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il eut l'impression que le monde avait changé. La statue, autrefois immobile, se tenait maintenant debout, les yeux fixés sur lui d'un regard perçant.
"Tu m'as donné la vie, Gabriel," chuchota la statue d'une voix mélodieuse mais glaciale.
Gabriel recula, terrifié. "Ce n'est pas possible. Tu es une sculpture."
La statue sourit, mais ce sourire était déformé, presque démoniaque. "As-tu vraiment cru que tu pouvais créer la vie sans conséquences ?"
La terreur s'empara de Gabriel alors qu'il réalisa l'ampleur de son erreur. Sa quête insatiable de perfection avait éveillé quelque chose d'inimaginable, quelque chose de sinistre et de puissant. La sculpture, animée par une force sombre, s'approcha de lui avec une grâce mortelle.
Chaque nuit qui suivit, Gabriel était tourmenté par la présence de la statue vivante. Elle hantait ses rêves, l'appelant de sa voix ensorcelante, l'attirant inexorablement vers sa propre perte. Gabriel se laissait emporter, incapable de résister à l'emprise hypnotique de sa propre création.
Les jours passèrent, et Gabriel fut retrouvé sans vie dans son atelier, ses yeux figés dans une expression de terreur indicible. La sculpture, quant à elle, avait disparu, retournant au marbre d'où elle était venue.
La perfection recherchée par Gabriel s'était transformée en sa propre destruction. L'obsession l'avait conduit à créer quelque chose de plus que ce qu'il pouvait contrôler, une entité sinistre qui avait pris vie pour réclamer son créateur.
L'atelier de Gabriel resta silencieux et désolé, un sombre avertissement de l'obsession et des conséquences de la quête insatiable de la perfection.
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Les 100 Petites Histoires du Soir
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