Lucas était un écrivain à succès, mais depuis quelques mois, il n'arrivait plus à écrire une seule ligne. Il avait beau se forcer, se torturer l'esprit, rien ne venait. Il était victime du syndrome de la page blanche, le cauchemar de tout écrivain.
Il se sentait frustré, déprimé, inutile. Il avait l'impression d'avoir perdu son talent, sa raison d'être. Il se renfermait sur lui-même, évitait le contact avec ses amis, sa famille, ses fans. Il passait ses journées devant son ordinateur, à fixer le curseur qui clignotait sur l'écran vide.
Mais un jour, quelque chose changea. Il commença à entendre des voix dans sa tête. Des voix qui lui étaient familières, celles de ses personnages. Ses personnages qu'il avait créés, aimés, fait vivre dans ses romans. Ses personnages qui lui reprochaient de les avoir abandonnés, de les avoir laissés en suspens, sans fin, sans avenir.
Lucas, pourquoi tu ne nous écris plus ? demanda Alice, l'héroïne de son dernier thriller.Tu nous as trahis, Lucas. Tu nous as oubliés, accusa Maxime, le policier de sa série policière.Tu nous dois une explication, Lucas. Tu nous dois une conclusion, réclama Léa, la jeune fille de son roman fantastique.
Lucas était effrayé. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Était-il en train de devenir fou ? Était-ce le résultat du stress, de la fatigue, de la solitude ? Il essaya d'ignorer les voix, de les faire taire. Mais elles étaient de plus en plus fortes, de plus en plus nombreuses.
Lucas, tu n'as pas le droit de nous faire ça ! hurla Thomas, le méchant de son roman d'horreur.Lucas, tu es un lâche ! Tu as peur d'affronter tes propres démons ! cracha Sarah, la psychologue de son roman psychologique.Lucas, tu es un monstre ! Tu nous as fait souffrir, tu nous as fait mourir ! pleura Julie, la victime de son roman noir.
Lucas se boucha les oreilles, se leva de sa chaise, courut vers la porte. Il voulait sortir de chez lui, fuir ces voix infernales. Mais il fut arrêté par une vision terrifiante. Ses personnages étaient là, devant lui, dans son salon. Ils étaient réels, palpables, vivants. Ils le regardaient avec colère, avec haine, avec mépris.
Lucas ! Lucas ! Lucas ! scandèrent-ils en chœur.Qu'est-ce que vous voulez ? Qu'est-ce que vous me voulez ? balbutia Lucas.Nous voulons que tu nous libères ! Nous voulons que tu nous achèves ! Nous voulons que tu nous tues !
Lucas recula, horrifié. Ses personnages s'approchèrent de lui, lentement, menaçants. Ils étaient armés : couteaux, pistolets, haches... Ils étaient déterminés : ils voulaient sa mort.
Non ! Non ! Non ! cria Lucas.Si ! Si ! Si ! répondirent-ils.
Lucas se retrouva acculé contre le mur. Il n'avait nulle part où aller. Il n'avait aucun moyen de se défendre. Il n'avait aucun espoir de s'en sortir.
Il ferma les yeux et attendit le coup fatal.
Mais il ne vint pas.
Il rouvrit les yeux et vit que ses personnages avaient disparu. Il n'y avait plus personne dans son salon. Il n'y avait plus que lui et son ordinateur.
Il se précipita vers son bureau et regarda l'écran.
Il y avait un texte écrit en lettres rouges :
FIN
Lucas comprit alors qu'il venait d'écrire sa dernière histoire.
Une histoire d'horreur.
Son histoire d'horreur.
VOUS LISEZ
Les 100 Petites Histoires du Soir
Horror100 Petites histoires horrifiques pour s'amuser.