Le Portrait Fragmenté

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La maison de la famille Miller était toujours emplie de rires joyeux et de sourires chaleureux. Victoria, une mère aimante et dévouée, adorait capturer chaque moment précieux avec son appareil photo. Les murs de leur maison étaient ornés de photographies figeant les moments de bonheur partagé.

Un après-midi ensoleillé, Victoria parcourait l'album de famille avec tendresse. Alors qu'elle feuilletait les pages, elle remarqua quelque chose d'étrange. Une photo de la fête d'anniversaire de Lily montrait toute la famille autour du gâteau, mais il y avait un vide à côté d'elle.

"David, regarde ça", dit-elle, montrant la photo à son mari. "Je pourrais jurer que j'étais là, mais je ne figure pas dans cette photo."

David plissa les yeux et examina la photo. "C'est bizarre, chérie. Peut-être que tu es hors du cadre."

Victoria secoua la tête. "Non, je suis sûre d'être dedans. C'était ma main que Lily tenait."

Intrigués, ils feuilletèrent l'album ensemble. À chaque page tournée, l'absence de Victoria était de plus en plus évidente. Les visages souriants de David, Lily et Oliver semblaient figés dans le temps, mais Victoria était effacée de chaque image.

"Ça ne peut pas être possible", murmura Victoria, le cœur battant la chamade. "J'étais là, je les ai prises moi-même."

David essaya de la rassurer. "C'est peut-être juste une erreur d'impression. Ou peut-être que tu étais derrière l'appareil."

Mais Victoria savait que quelque chose de plus sinistre se tramait. Elle vérifia les albums de famille plus anciens, et le même schéma se répétait. Elle était absente de toutes les photographies, peu importe à quel point les souvenirs semblaient réels.

Elle prit le téléphone et appela sa meilleure amie, Sarah. "Sarah, peux-tu vérifier quelque chose pour moi ? Regarde les photos de la fête de l'été dernier et dis-moi si je suis dedans."

Sarah sembla confuse mais obtempéra. "Victoria, je te jure que je me souviens de toi étant là, mais... Oh mon Dieu, tu n'es pas dans les photos."

Le cœur de Victoria tomba dans le désespoir. "C'est vrai alors. Je ne suis pas folle."

Au fil des jours, Victoria devint obsédée par sa propre disparition. Elle passait des heures à chercher des indices, à consulter des experts, mais personne ne pouvait expliquer le phénomène étrange.

Alors que la situation devenait de plus en plus oppressante, Victoria commença à se sentir étrangère dans sa propre maison. Sa famille, incapable de comprendre sa détresse croissante, se sentait impuissante.

Un matin, Victoria se leva pour trouver la maison anormalement silencieuse. "David ? Lily ? Oliver ?" appela-t-elle, mais personne ne répondit. Elle parcourut chaque pièce, son inquiétude grandissant à chaque pas.

Finalement, Victoria ouvrit la porte du salon et fut frappée par la vision horrifiante qui s'offrit à elle. Toutes les photographies avaient été enlevées des murs, ne laissant que des espaces vides. La réalité semblait se déchirer autour d'elle.

"David !" cria-t-elle, la voix tremblante. "Où êtes-vous ?"

Une voix glaciale retentit derrière elle. "Nous sommes ici, Victoria."

Elle se retourna brusquement pour trouver David, Lily et Oliver debout dans l'embrasure de la porte, leurs visages portant une étrange expression de résignation.

"Lily ? Oliver ? Qu'est-ce qui se passe ?" sanglota Victoria.

David s'avança, son visage déformé par une tristesse sombre. "Victoria, nous avons découvert la vérité. Chaque fois que tu regardes nos photographies, nous disparaissions un peu plus."

Les larmes coulaient sur les joues de Victoria. "Non, ce n'est pas possible !"

Lily prit la main de sa mère d'un geste doux. "Nous ne pouvons pas rester ici, maman. Chaque souvenir, chaque image, nous conduit plus loin de toi."

La tragique réalité frappa Victoria de plein fouet. Sa propre obsession avait causé la disparition de sa famille, les effaçant de sa vie, de sa réalité.

"Je suis tellement désolée", sanglota Victoria en se précipitant vers eux. Mais il était trop tard. Alors qu'elle tentait de les toucher, ils se dissipaient comme des ombres, se fondant dans l'obscurité qui engloutissait la pièce.

Victoria resta seule, effondrée par terre. Les photographies étaient parties, tout comme sa famille. Son obsession avait eu des conséquences tragiques, laissant derrière elle une maison vide et une vie brisée.

Les 100 Petites Histoires du SoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant