Tourmentées

en plein travaux

Mon réveil est brutal et ma respiration saccadée m'empêche de prendre de bonnes inspirations.

Je m'essuie le front qui est à présent trempé, essayant d'avoir moins chaud, ce qui n'est pas le cas.

Je me lève et me dirige désorienté vers salle de bain.

- J'ai besoin d'une douche, j'ai besoin d'une douche.

Mon corps entier me fait mal, je sens une pression sur mes poumons et mon cœur. Je n'arrive plus à respirer.

Je ressens cette saleté sur mon corps et mon être tout entier, depuis hier.

Je pensais qu'en me réveillant, tout cela ne serait qu'un lointain cauchemar seulement présent dans ma tête, mais en fait ce cauchemar est réel.

J'entre dans la salle de bain et enlève mes vêtements, mais au moment d'entrer dans la douche, mon regard se pose sur mon corps à travers le miroir.

Je le fixe, me sentant me radier quand une main venant de derrière se pose sur ma cuisse.

Mon cœur s'accélère à mesure que d'autres apparaissent, se posant sur mon ventre, mon bras, ma poitrine et ainsi de suite.

Chaque main trouve sa place sur mon corps.

Des perles salées se logent dans le coin de mes yeux, n'attendant qu'un clignement pour dévaler le long de mon visage.

Ces mains me font mal sur mon corps déjà bien abîmé, pourtant peu à peu ces mains deviennent ses mains.

Je m'empresse de crier pour qu'on me vienne en aide, mais une dernière main vient se presser contre ma bouche.

Ses mains gelées me frigorifient, je les sens s'appuyer sur mon corps comme si elles voulaient y pénétrer.

Je ferme les yeux, priant pour que mon esprit cesse de me jouer des tours.

En les rouvrant à nouveau doucement, les mains auparavant présentes avaient disparu, en me laissant des empreintes de leur passage, des marques rouges sur ma peau ternes.

Je les touche, essayant de les enlever, mais le simple fait de me toucher me donne des nausées.

- Tu en fait tout un plat pour pas grand-chose.

Cette phrase était vite devenue une affirmation alors, je me décide de poser ma main sur mon corps malgré mes nausées.

Je dois me forcer.

- T'en fais tout un plat. Me répétait-elle.

- J'en fais tout un plat, c'est r...

Ma main se détache de mon corps, venant immédiatement s'appuyer sur le lavabo au-dessus duquel je me vide.

Mon corps me dégoûte, pourquoi ces marques réapparaissent, elles avaient pourtant disparu la dernière fois.

- Pourquoi sont-elles revenues comme lui ?

La voix de mère vient malheureusement me répondre, me rappelant que je n'ai pas été violée, alors je ne suis pas légitime de me sentir sale.

Elle a peut-être raison, j'en fais tout un plat pour pas grand-chose, je suis juste dramatique.

J'allume l'eau et me place dessous avant de m'écrouler contre le mur.

Les larmes me viennent, mais leur goût salé me permettent de les distinguer de l'eau de la douche.

Ces marques étaient toujours là, ancrées dans mon corps et sûrement serais-je condamné de leur présence à vie.