Chapitre 24 : Salvation

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J'avais roulé. Encore et et encore. Loin, très loin de Paris. Et d'Arnaud. Rouler pour rouler, sans même me soucier de la direction que j'empruntais ou des kilomètres parcourus. Rouler vite. Probablement trop vite. Assez pour devoir concentrer toute mon attention sur la route et ma conduite. Assez pour que plus rien ne compte en dehors de moi et de ma moto, de la fusion entre nous deux et du vent luttant contre nous. J'avais emprunté des routes sinueuses, courbant ma moto à l'extrême, frottant mes chaussures sur l'asphalte et me redressant à la dernière seconde. Celle où je sentais la moto commencer à perdre l'équilibre. Celle où je sentais la gravité attirer la moto mais ou il était encore temps de redresser ma monture.

- Une assistante sociale vous attend au deuxième étage, me renseigna la secrétaire sans même lever les yeux de l'écran de son ordinateur.

Je me souvenais vaguement m'être arrêté dans une petite station essence déserte pour aussitôt repartir. Je ne m'étais arrêté qu'une fois parvenu en hauteur, au sommet d'un mont dont j'ignorais même le nom. J'avais ôté mon casque et m'étais contenté de fixer le dénivelé de bosses et de creux devant moi en m'efforçant de vider mon esprit de la moindre pensée pour profiter de la vue et du vent puissant qui faisait claquer mes cheveux et semblait tirer mes vêtements dans tous les sens comme autant de doigts acharnés. Puis mon portable avait sonné me rappelant les innombrables fois précédentes ou je n'avais pas décroché. Je sortais le mobile de la poche de ma veste en cuir, jetant un coup d'œil à l'écran. Le numéro s'affichait tandis que la sonnerie persistait. Un numéro inconnu. Je fronçais les sourcils, perplexe avant de me décider à enfin décrocher.

Je me dirigeais vers l'ascenseur, appuyant sur le bouton d'appel.

- Oui allo ?

- Monsieur Ferrari ?

Je plissais mes yeux plus fortement encore. Il était rare qu'on me donne du monsieur. D'ailleurs, je détestais ça.

- Oui, répondis-je simplement.

- Madame Meynard, assistante sociale.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et je pénétrais à l'intérieur. Toujours plongé dans mes souvenirs, j'appuyais distraitement sur le bouton du deuxième étage.

Une assistance sociale ? Pourquoi diable une assistance sociale s'acharnait-elle à essayer de me joindre ?

- Je vous appelle du CHU de Bordeaux. C'est au sujet de Lily Evermore vous vous souvenez d'elle ?

L'image d'une petite fille blonde aux grands yeux bruns tristes me revient aussitôt en mémoire, charriant avec elle une vague intense de panique.

- Lily ? Oui bien sûr. Elle va bien ?

Même à moi l'angoisse qui transperça ma voix me parut évidente.

- J'aimerais bien le savoir, me répondit l'assistance sociale. Elle a été transporté ici à la suite d'un ... accident.

Son hésitation sur le dernier mot m'alarma un peu plus, approfondissant l'angoisse sourde qui accélérait les battements de mon cœur.

Premier étage, déclara la voix mécanique et totalement rébarbative de l'ascenseur.

- Accident ? Répétais-je.

- Son père était ivre, m'expliqua-t-elle après avoir marqué un instant d'hésitation. Il a frappé sa mère. Il a été arrêté et elle est à l'hôpital. En faisant des examens ils ont découvert qu'elle était droguée. La garde de Lily leur a été temporairement retiré en attendant une décision du juge. Nous cherhcons des membres de la famille sans succès. La mère est dans le coma et le père refuse de parler.

Dépendance | ⚠️EN PAUSE⚠️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant