-Dans cette situation, le sommeil est probablement le salut que tout homme attendrait avec impatience. La douleur est si forte qu'il est impossible de réfléchir comme il se doit. La peur, bien que masquée par le désespoir de survivre, gèle les membres et empêche le moindre mouvement logique. L'esprit n'est plus en accord avec les gestes. Tout est désordonné. Et la fin approche à grands pas. Alors l'inconscience est de loin la plus grande clémence qui peut être accordée.
-Mais, demanda la jolie jeune femme, si l'homme s'endort dans un endroit aussi peu sur et ouvert à tous les dangers de la nature, alors les chances pour qu'il ne se reveille plus sont encore plus grande.
-Que préféreriez-vous ? Mourir dans votre sommeil sans ressentir ni peur ni douleur ? Peut-être même en rêvant d'un endroit apaisant, entouré de vos proches, de ceux qui vous aiment et vous chérissent. Ou alors parfaitement éveillé, conscient de ce qui vous entoure et de ce que vous subissez sans pouvoir rien y faire ? Sentant chacune des secondes qui s'égrainent inlassablement, la terreur qui vous tenaille l'estomac jusqu'au dernier instant ne s'arrêtant pas un instant de croître ?
Un court silence, lourd de sous entendu.
La jeune femme baissa les yeux sans répondre.
Que dire de toute évidence ? Cette question n'avait qu'une seule réponse possible et sa solution était déjà toute trouvée. Argumenter à ce sujet ne servirait qu'à renforcer la terrible vérité dont elle n'avait que trop bien conscience.
Le silence s'étendit. Semblant durer plusieurs minutes. Chacun dans ses pensées respectives. Réfléchissant aux dernières paroles si lourdes, claquant comme une sentence.
Du coin de l'oeil, la jolie jeune femme pu voir le visage du vieil homme se crisper légèrement, son unique oeil se plissant. Sa main serrant un peu plus son genoux comme pour extérioriser une douleur qui venait de le saisir soudainement. Sa respiration, presque coupée pendant un court instant. Mais il ne dit rien, ne se plaignit pas, ne gémit pas sous la souffrance.
-Monsieur... commenca la jeune femme en effectuant un petit geste de la main dans sa direction.
Le vieil homme releva à peine le regard, mais le feu qui brûlait dans son iris était bien visible. Un désir qui n'avait pas été là depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Un désir de vivre et d'aller toujours plus loin malgré la souffrance. Un désir de se relever malgré tous les obstacles qui l'avaient mis au sol.
Se relever et continuer d'avancer.
Encore et encore.
Même pour quelques heures.
Il s'était perdu pendant des années à se replonger dans des souvenirs douloureux. Ressassant un passé qui lui collait à la peau.
Mais la réalité était là.
Même à la fin, il voulait encore se battre pour survivre un peu plus longtemps.
-Monsieur...
Quelqu'un toca à la porte, et la vieille femme qui avait acceuillit leur invitée entra, deux tasses fumantes posées sur un vieux plateau en bois, en équilibre précaire dans sa main. Avec un sourire, la jolie jeune femme prit la tasse qui lui était tendu, tandis que la vieille femme se dirigea vers le vieil homme.
-Vos médicaments du soir monsieur.
-Je n'en aurais pas l'usage pour ce soir...
-Monsieur...
-Se traitement me rend somnolent. Et ce soir n'est pas le bon soir pour dormir... Je les prendrais plus tard...
À ses mots, le vieil homme se contenta de saisir la tasse délicatement de ses doigts agiles. Contraste frappant avec la douleur qui se lisait parfaitement dans ses yeux. Les deux gorgées qu'il prit semblèrent l'apaiser presque aussitôt et la crispation sur son visage se détendit quelque peu.
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La Veille de Noël - Violet Evergarden Fanfiction
FanfictionTout le monde connaît La Grande Histoire. Mais quand est-il de la petite ? L'histoire de ses inconnus qui ont vécu les événements ? L'enfer, Gilbert Bougainvillea, major de l'armée française, l'a déjà vu. Mais il est loin de s'imaginer ce qu'il va v...