La Veille de Noël - Violet Evergarden Fanfiction

12 - CHAPITRE 10 : Médecin

La jolie jeune femme souffla sur la tasse de porcelaine blanche, dispersant la vapeur blanchâtre qui s'échappait de son thé. Elle avait finalement cédé au froid environnant qui pénétrait peu à peu dans son corps pour la faire grelotter. La couverture sur ses épaules ne suffisait plus pour faire face à l'ambiance gelée qui tombait de plus en plus au fur et à mesure que la nuit avançait.

Ca et le récit avait fini de la congeler sur place, son cœur étreint par un sentiment de désespoir qui s'était transmis de la fiction à la réalité. Elle grelotta une fois de plus, pris une gorgée supplémentaire puis soupira de contentement. Les yeux clos pendant quelques instants pour savourer cet instant de chaleur qui se propagea en elle tel un torrent enragé.

Face à elle, le vieil homme, toujours fermement emmitouflé dans une couverture, toussa légèrement avant de prendre lui-même une gorgée du breuvage qui lui permettrait de se réchauffer de l'intérieur. Il avait lui aussi accepté de chercher à se réchauffer malgré son obstination.

-Si le feu ne peut plus vous réchauffer, il doit y avoir autre chose qui puisse vous aider... Avait suggéré la jeune femme en le fixant droit dans son seul œil visible.

Le vieil homme avait tenté de répondre mais c'était vite ravisé en voyant le regard rempli de reproche que lui lançait la femme. Et il devait bien admettre désormais qu'il était heureux de lui avoir obéi. Son cœur glacé était parvenu à se réchauffer quelque peu. Le doux breuvage venait se répandre dans ses membres las et raidit.

-Nous approchons de la fin du voyage, lâcha t-il dans un murmure. Et quelle route cela fut, chargé d'obstacles et d'embûches... Tout cela pour quoi ? Finir à moitié mort attrapé par un piège à loup... Vous parlez d'une chance...

-Mais le Major n'est pas mort. Et la jeune fille non plus. Et des soldats amis les ont retrouvés. Ils leur restent encore de l'espoir...

Un moment de silence.

-L'espoir ? Ils l'ont usé depuis bien longtemps... Non, tout ce qu'il leurs restent désormais, c'est le souffle de la vie qui refuse de les quitter au moment où ils le souhaitent le plus. Condamnés à continuer d'avancer quand leurs corps ne demande qu'à lâcher prise. Se regardant l'un l'autre sans pouvoir apaiser leurs tourments alors qu'ils le désirent plus que tout... Oui, à ce moment-là, le major ne voulait rien de plus que mourir. Oublier ses rêves d'avenir, ses espoirs de revoir ses proches ou même de pouvoir tenter de sauver ce qui lui restait de bras. La seule chose que son esprit souhaitait ardemment alors qu'il était encore dans le déni, était de mourir une bonne fois.

-Mais il ne l'a pas fait... Se contenta de répondre la jolie jeune femme avant de reprendre une gorgé de son thé brulant.

Le vieil homme ne répondit pas à cela, laissant apparaître un léger sourire qui avait été bien trop rare ces derniers temps. Il se contenta de prendre à son tour une gorgé sans quitter la jolie jeune femme des yeux. Cette dernière lui rendit son regard du coin des yeux, laissant transparaître une expression malicieuse qui resta sur son visage à peine quelques secondes avant de se transformer en regard concerné quand il se mit à tousser. Plus sèchement que les fois précédentes.

Aussitôt, la jeune femme se retrouva à ses côtés, enlevant la tasse de sa main pour qu'il puisse se masser la poitrine avec une expression de douleur se dessinant sur ses traits tirés. La toux sembla ne jamais vouloir prendre fin, s'accentuant de plus en plus.

Se poursuivant pendant ce qui sembla être une éternité.

Lourde.

Grasse.

Douloureuse.

Et la jeune femme ne pouvait rien faire de plus que le regarder s'étouffer sans pouvoir rien faire de plus que lui frotter le dos dans un geste circulaire qui se voulait apaisant. Elle était incapable de prononcer le moindre mot. Espérant que sa seule présence l'aiderait à retrouver son calme. Finalement, le vieil homme parvint à se calmer en reprenant des inspirations profondes et sifflantes, une expression de fatigue et de douleur marquant ses traits et voilant davantage son regard.