Les fleurs de l'amour

Chapitre 3

Je ne sens aucun de mes membres, je n'arrive pas non plus à les bouger, ni à ouvrir les yeux, je sens seulement quelque chose tout autour de ma bouche et de mon nez et le lit sur lequel je suis allongé. Je me demande où je suis, je ne sais même pas le jour qu'on est, je ne me rappelle pas beaucoup ce qui s'est passé, seulement de certaines de mes pensées, et de cette voix, cette voix qui criait, sûrement mon nom, je ne m'en rappelle pas. Et même si je m'en rappelais, je n'aurais pas pu dire qui c'était, ma tête me faisait bien trop mal pour réfléchir.

Je suis consciente mais je n'arrive pas à bouger, à parler, à écouter les sons qui sont autour de moi et je n'arrive pas non plus à ouvrir les yeux. Je n'avais aucune explication à tout ça et ça ne faisait qu'accentuer mes pensées et mes angoisses ce qui me donnait un mal de crâne encore plus insupportable. Si je savais au moins l'endroit où j'étais et ce qui était sur mon visage, je n'essaierais pas de bouger autant. Mais je ne me sens pas bien, je ne sais pas ce qui s'est passé, et je ne sais pas ce qui se passe à présent.

Ma seule envie était de pouvoir ouvrir les yeux, une chose que la plupart des personnes savait faire depuis longtemps, mais que je n'arrivais pas à faire, comme si mes paupières étaient endormies. Ce moment me rappelle lorsqu'on fait un cauchemar et qu'on a qu'une seule envie, se réveiller, mais qu'on n'y arrive pas, tout autour de toi te semble si dangereux, tu as peur, tu veux seulement ouvrir tes yeux et te retrouver dans ton lit. Alors la seule chose que tu trouves à faire est d'essayé de fermer tes yeux dans ton cauchemar et d'essayer de les rouvrir en espérant te retrouver chez toi.

En repensant à cette sensation, à cette peur qu'on éprouve quand on ouvre les yeux et que on voit qu'on est toujours dans notre imagination, j'essaie quand même, j'essaie d'écouter, d'ouvrir les yeux, de bouger, ne serait-ce qu'un doigt, un orteil, de faire quelque chose qui me montre que je sois toujours en vie. Je mets toute ma force à faire un effort, il faut que j'essaie, que j'y arrive...

La notion du temps m'échappe, je le sais, mais plusieurs minutes passent ou peut-être est-ce des heures ou bien des jours, je n'en ai aucune idée, mais j'essaie, je continue à essayer, jusqu'à enfin entendre des sons autour de moi, des pas, des pleurs. Il faut que je fasse plus d'effort, que je bouge, je sais qu'il y a quelqu'un pas loin, surement à côté.

Si je bouge, si je montre un signe de vie, peut-être que la personne m'aidera, appellera quelqu'un. Peu importe qui c'était, peu importe ce qu'il allait faire, je voulais convaincre cette personne que j'étais toujours là, me convaincre moi-même que j'étais toujours là, que je pouvais vivre. Que j'allais vivre.

Je veux vivre.

Je vais vivre.

Cette pensée fut la dernière... La dernière que j'eu avant d'ouvrir les yeux. Doucement, mes paupières se décollent et la lumière aveuglante passent la barrière que forment celles-ci. Je me résigne et les referme, la lumière est bien trop violente pour mes iris, j'attends quelques secondes avant de réessayer, plus lentement cette fois-ci.

Le temps que mes yeux s'habituent à la lumière, je vois une lampe au-dessus de moi, je bouge ma tête afin de voir autour de moi. Des murs blancs se trouvent à ma droite, je fais un dernier effort afin de tourner ma tête de l'autre côté et me trouver face à ma mère, un mouchoir lui cachant le visage, j'attends qu'elle l'enlève, je n'ai plus d'énergies pour parler.

Peu à peu son visage se fend en un sourire quand elle me voit tourner vers elle, les yeux ouverts.

"Tu es réveillée..." elle m'a dit ça sans pour autant attendre de réponse, je n'en avais pas la force, je le sais, elle aussi.

Je réfléchis aux temps que j'avais passé dans ce lit d'hôpital, je n'ai pas d'autres solutions, je n'ai pas la force de parler et ce masque à oxygène m'en empêcherait de toute façon. Ma mère quant à elle est allée chercher un médecin pour le prévenir que j'étais réveillée.