Mélandrie Tome 4 : Les fils du destin

Chapitre 14

 Après avoir passé un bon moment avec le capitaine à la barre, celui-ci la confia à son second et fit visiter au groupe de prétendus inspecteurs les quartiers d'habitation. Bien qu'ils soient toujours en vol, le fait de se trouver en intérieur avait apaisé Kahina qui ne se tenait plus fermement à tout ce qui était à sa portée.

La partie habitable était plutôt spacieuse. Elle s'étendait sur un étage entier de l'aéronef, juste en dessous le pont et comportait une salle de repos, un réfectoire ainsi que des chambres de huit couchettes. Le confort y était sommaire, mais cela convenait à Mélandrie qui pensait qu'un tel bâtiment qui n'était pas fait pour le transport de passager le serait bien moins.

— Et voici votre chambre, annonça le capitaine en pointant une porte. Elle est similaire aux autres. Je m'excuse de ne pas avoir pu faire plus, mais comprenez que nous avons été prévenus au dernier moment et que...

— Ne vous en faites pas pour ça, c'est déjà très bien d'avoir une chambre, le coupa Lief.

— D'ailleurs, j'espère que vous n'avez pas déplacé certaines personnes ou que d'autres se retrouvent sans couchage à cause de nous, s'inquiéta Illiandra.

— Ne vous en faites pas, cette chambre était vide. Cela aurait posé problème si votre inspection ne concernait pas uniquement le trajet vers Asphora, mais vu que vous descendez là-bas, tout va bien.

— Parce que vous allez embarquer plus de monde ? Questionna Scyllia.

— Exact. Une fois les marchandises débarquées, nous en chargerons bien plus pour les amener dans trois villes différentes, donc nous allons avoir besoin de bras supplémentaires.

— L'aéronef semble déjà bien chargé de ce que nous avons pu voir, commenta Mélandrie.

— Croyez-moi, on trouve toujours de la place, répondit l'ange rouge avec un clin d'œil. Pour vous, les étages inférieurs donnent l'impression d'être pleins, mais si moi je descends, j'aurai l'impression que nous faisons ce voyage à vide tellement nous emportons peu de choses.

— Ça ne va pas gêner d'un point de vue sécurité ? Demanda l'ange de miséricorde pour coller à son rôle.

— Absolument pas. Ce bâtiment a été construit pour transporter dix fois le volume de ce qui se trouve actuellement dans la cale et au moins cent fois ce poids.

— Et pourquoi faire monter des personnes supplémentaires ? S'interrogea pour la première fois la jeune prêtresse. Ceux qui chargent peuvent très bien descendre lorsque vous partez et la marchandise sera déchargée par d'autres à votre prochain atterrissage.

— C'est ce que nous faisons lorsque nous nous rendons dans une grande ville comme c'est le cas ici, mais les plus petites n'ont pas les effectifs nécessaires ou, du moins, ne compter que sur ça nous mettrait en retard, donc nous préférons embarquer toute la main d'œuvre qu'il faut pour un maximum d'efficacité. Sur ce, si vous n'avez pas d'autres questions, je vous laisse vous installer et je vais retourner à la barre. N'hésitez pas à venir me voir si vous avez besoin de quoi que ce soit. Vous pouvez aussi demander aux membres d'équipage. Ils ont été prévenus et répondront à toutes vos interrogations. À mon avis, avoir leur point de vue sur les traversées peut aussi vous être utile.

— Merci pour tout. Vous avez été prévenu au dernier moment et, malgré ça, nous n'aurions pu espérer un meilleur accueil, félicita Mélandrie.

— Vos paroles me vont droit au cœur. À tout à l'heure sur le pont.

Après s'être incliné devant l'ange de miséricorde, le capitaine tourna les talons et retourna à ses propres affaires. Le fait qu'elle soit considérée comme un serviteur du père des dieux devait aider à ce qu'il soit aussi aimable, mais Mélandrie avait plus l'impression qu'il s'agissait d'un homme passionné par son travail qui était simplement heureux de le partager et qu'on s'y intéresse.