Mélandrie Tome 4 : Les fils du destin

Chapitre 22

 Émergeant difficilement de son sommeil, Mélandrie garda les yeux plissés pour filtrer la lumière bien trop agressive à son goût. Son esprit encore engourdi et dans le brouillard, elle peinait à rassembler les derniers événements qu'elle avait vécu. Elle ne se souvenait d'ailleurs pas s'être endormie à un moment donné.

Reprenant tout par ordre chronologique, elle se rappela avoir combattu la déesse du destin, avoir perdu le contrôle et s'être transformée en ange du courroux, puis avoir été calmée par Kahina qui lui avait fait reprendre conscience.

— Kahina ! Sursauta-t-elle lorsqu'elle se souvint qu'elle avait été prise avec elle dans une attaque des anges de miséricorde venus pour la stopper.

— Je suis là, répondit la prêtresse en prenant sa main dans les siennes.

— Tu as l'air d'aller bien, souffla-t-elle, soulagée. Que s'est-il passé ? Je me souviens que tu étais prisonnière avec moi d'un sort d'entrave qui te faisait mal et me paralysait, mais après, c'est le néant complet.

— Tu as fait perdre connaissance à trois anges, ce qui t'a permis de me pousser pour que je sois hors de leur sort. Après, les autres ont intensifié leur attaque en pensant que tu étais trop dangereuse. Le temps qu'ils soient prévenus et qu'ils s'arrêtent, tu étais évanouie et salement amochée... J'étais si inquiète !

— Je m'en souviens maintenant. Et ensuite ? Que s'est-il passé ?

— Illiandra t'a soignée, mais tu ne reprenais pas connaissance, alors les anges de miséricorde nous ont emmenés.

— Emmenés ? Où ça ? Nous sommes prisonnières ?

— Non, je ne pense pas. Grâce aux anges, j'ai pu passer les portails. Ils nous ont menés à un arbre gigantesque aux feuilles violettes et nous ont fait entrer à l'intérieur de son tronc.

— La demeure du père des dieux, souffla Mélandrie de manière pensive.

S'il n'y avait pas de barreaux aux fenêtres, cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle n'était pas prisonnière. Après tout, elle avait déchaîné un pouvoir interdit et blessé plusieurs personnes dans sa folie, dont le fils préféré de celui qui régissait tout dans ce monde.

Qu'allait-il se passer à présent ? Allait-elle être jugée pour ce crime ou même pour avoir arpenté ce monde sans y être autorisée ? Il n'y avait que Kahina dans la chambre spacieuse qu'elle occupait. Allait-elle causer de gros problèmes à tous ceux qu'elle avait embarqués dans ce voyage ? Plus les scénarios s'enchaînaient dans sa tête et plus ils étaient sombres.

Tandis que Mélandrie broyait du noir tout en essayant de ne rien laisser paraître pour ne pas inquiéter sa prêtresse, la porte de la chambre s'ouvrit. L'un des serviteurs du père des dieux s'approcha sans dire un mot et passa sa main illuminée d'une lueur dorée au-dessus de la convalescente.

Si elle s'était méfiée au départ, l'ancienne conscience de la terre-mère savait reconnaître un sort curatif quand elle en voyait un, même si celui-ci en particulier lui était inconnu. Elle le laissa ainsi faire, ne sentant aucune différence physique après l'utilisation du sort.

— Je vois que dame Illiandra a fait un très bon travail, comme à son habitude, commenta-t-il. Pouvez-vous vous lever ?

— Je pense que oui, mais avant ça, où sont les autres ?

— Pas très loin. Je vous emmène justement auprès d'eux.

— Et... Ceux que j'ai blessés, comment vont-ils ?

— Merci de vous inquiéter, sourit l'ange aux ailes d'or. Moi et mes deux autres compagnons avons pu nous en remettre.

— Vous êtes l'un d'eux ? Je suis... vraiment désolée...