SAC DE NŒUDS

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En ce 5 Octobre 1970, le chant du coq, la ruée du voisinage et les rayons du soleil ne parvenaient pas à réveiller Henry après une énième cuite. Son sommeil était profond, semblable à celui d'un homme épuisé par les épreuves de la vie et submergé par le poids de ses soucis. Même les bruits de la vie quotidienne semblaient impuissants à le tirer de son sommeil, laissant son corps reposé mais son esprit tourmenté par les événements récents. 

À travers la fenêtre entrouverte, les premiers rayons du soleil filtraient doucement, éclairant doucement la pièce d'une lueur dorée, mais Henry restait immobile, perdu dans un sommeil sans rêve, loin des réalités de la journée. Encore étendu sur son lit, il se prélassait dans ses draps jusqu'à ce qu'il prenne réellement conscience de l'heure qui avançait à grands pas. 

Henry sauta du lit sans grande énergie. Il fait sa toilette habituelle en un temps record et enfile un pantalon gris et une chemise blanche. Ses gestes étaient mécaniques, dénués de tout enthousiasme, comme s'il était encore engourdi par les épreuves de la veille. 

Pourtant, Henry semblait déterminé à affronter la journée qui l'attendait, comme s'il puisait dans une réserve de force intérieure pour surmonter les obstacles qui se dressaient sur son chemin. Le sac en bandoulière balançait légèrement sur son épaule alors qu'il traversait la cuisine, sa main attrapant avec habileté une mangue bien mûre avant de se diriger vers la porte pour partir travailler. Son geste était presque instinctif, comme s'il cherchait un réconfort simple dans le contact avec ce fruit frais avant de se lancer dans la journée qui l'attendait.

Les tourments de la veille et les soucis qui pesaient sur ses épaules ne privaient pas Henry de savourer un petit moment de plaisir dans ce geste simple, une parenthèse de douceur dans le tumulte de sa vie. Avec la mangue en main, il quitta la maison, prêt à affronter les défis de la journée avec la même détermination résolue qui l'avait animé jusque-là.

Enjambant deux rues avec un esprit troublé, il croisa son voisin Hugues qui lui parla de sa cuite de la veille. Le film qu'il lui décrivit produisit un hérissement des poils de ses bras. L'image de sa propre débauche lui semblait soudain plus réelle et une bouffée de honte l'envahit. 

La confrontation avec sa propre faiblesse le laissait désorienté et vulnérable, conscient du poids de ses propres erreurs dans le fardeau déjà lourd qu'il portait.
- Écoute, Henry ! La vie n'a pas été tendre avec toi. Mais jusqu'à présent, tu arrives à tenir le coup, déclara son voisin Hugues d'une voix douce, empruntant la voie de la compassion. 

Henry baissa la tête en culpabilisant. Ses épaules étaient voûtées sous le poids de sa honte, ses yeux évitèrent le regard de son ex beau-père, cherchant un refuge dans le sol sous ses pieds. 

Son visage était marqué par un mélange de tristesse et de gêne, ses traits tirés par le poids de ses remords. Henry avait l'impression que chaque mot prononcé par Hugues résonnait comme un reproche, ravivant sa propre culpabilité et alimentant ses tourments intérieurs. 
- L'alcool n'a jamais été un bon conseiller, poursuivit-il avec calme. Nous sommes tous passés par de mauvaises impasses, l'essentiel est de savoir en tirer des leçons et dépasser nos vieux démons. 
Les mots de Hugues résonnaient avec sagesse, soulignant l'importance de la croissance personnelle et de la résilience face aux défis de la vie.
- Hugues ! Je te remercie pour ces belles paroles, mais je suis pressé d'aller travailler, dit-il en sortant sa montre à gousset de sa poche. 
- Bien sûr ! On en reparle plus tard, dit-il en touchant l'épaule de Henry. 
Son geste témoignait d'une compréhension empathique et d'une ouverture à continuer la conversation à un autre moment.

Mal à l'aise, Henry marmonna quelques mots d'excuse avant de s'éloigner précipitamment, le regard fuyant et le cœur lourd de remords. Il coupa court à la conversation en prenant la route menant à la supérette de Balan où il travaille depuis quatre ans. Il mordit une fois de plus dans la mangue en saluant les voisins par-ci par-là. Son geste était un mélange de politesse automatique et de tentative désespérée de retrouver un semblant de normalité après l'incident gênant avec Hugues. 

Ville sanglante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant