Ville sanglante

LA RAGE AU VENTRE

Soudain, Henry réexamina son bobo et aperçut d'autres blessures encore plus profondes qu'il s'était faites au poignet en pénétrant la demeure de son voisin Albert. Une sensation de malaise monta en lui alors qu'il réalisait que les cicatrices visibles n'étaient que le début d'une série de mystères à découvrir.

La vue de ces blessures raviva en lui le souvenir de cette même soirée, quelques heures auparavant, où il avait commis son acte désespéré, et une onde de culpabilité le submergea. Les images de ce début de soirée sombre défilèrent devant ses yeux, rappelant la douleur et le désespoir qui l'avaient poussé à pénétrer dans la demeure d'Albert.

Ses mains tremblaient légèrement alors qu'il examinait les cicatrices de son passé, réalisant à quel point il était facile de succomber à ses démons intérieurs. Dans cet instant de lucidité brutale, Henry se sentit submergé par le remords, réalisant que ses propres blessures étaient bien plus profondes que celles qu'il avait infligées à sa chair.

Sur le tas, il ne remarqua pas un clou qui s'accrochait dans l'une des planches de la fenêtre. Le clou, invisible dans l'obscurité de la nuit, attendait silencieusement de jouer son rôle dans le drame qui se déroulait autour de lui. Tel un acteur en coulisses, il était prêt à entrer en scène au moment opportun, déclenchant ainsi une série d'événements qui allaient changer le cours des choses.
- Aïe ! Quelle malchance ! frémissait Henry face à la douleur soudaine provoquée par le clou qui lui avait transpercé la peau. Son souffle se bloqua un instant alors que la douleur le traverse, faisant grimacer son visage dans l'obscurité de la nuit, songea-t-il brièvement.

La petite maison en bois d'Albert sembla se courber sous la colère déchaînée d'Henry. Chaque frémissement de rage émanant de lui semblait faire trembler les fondations fragiles de la demeure, comme si la propre intensité de ses émotions avait le pouvoir de modifier la réalité qui l'entourait.

En début de soirée, le vent sifflait dans les interstices des planches, les faisant grincer et craquer sous la pression de la rage qui montait en lui. Les murs semblaient frémir sous l'effet de sa colère, comme s'ils ressentaient eux aussi la violence de ses émotions déchaînées.

La maison, témoin muet de sa détresse, semblait plier sous le poids de sa rage incontrôlable, prête à céder sous l'impact de sa fureur dévastatrice. Sa haine endiablée contre son voisin mettait en déroute chaque obstacle dressé par le septuagénaire. Rien ne semblait pouvoir freiner son élan destructeur alors qu'il avançait inexorablement vers son objectif, aveuglé par sa rage et déterminé à faire payer Albert pour toutes les souffrances qu'il avait endurées.

Les portes et les fenêtres scellées n'atténuaient guère la fureur de l'homme endeuillé qui tenait à tout prix faire une pierre deux coups.
- Je vais t'avoir, vieux grincheux ! murmura Henry entre ses dents serrées. Tu vas me le payer.

Son désir de vengeance aveugle le conduisait à dépasser les limites de la raison, à briser les barrières morales qui le retenaient autrefois, emporté par la tourmente de son propre chagrin et de sa propre colère.
- J'ai toujours su que tu étais un incapable ! cracha Albert lui.  Sa voix chargée de mépris et de dédain résonnait encore dans la tête d’Henry.

Prendre sa revanche contre son voisin Albert et être à nouveau au côté de son unique fille Anna. Ces pensées tournaient en boucle dans l'esprit d'Henry
- Ne me regarde pas ainsi, l'alcoolique. Tu es un rejeton transformé au fil des ans en un vaurien, lui disait Albert avec froideur.

Sa détermination était inébranlable, sa volonté de retrouver sa fille et de venger sa mort irrésistible. Dans cet état de folie furieuse, il ne voyait plus rien d'autre que son objectif ultime, prêt à tout sacrifier pour obtenir satisfaction. Après son altercation avec Albert, Henry était déterminé à faire taire à jamais le septuagénaire qui lui avait fait tant de mal en le forçant à boire goutte-à-goutte cette vérité qui lui était si amère.