Ville sanglante

VIE RÊVÉE

Assis dans la semi-pénombre de la pièce, le visage d'Henry reflétait la lourdeur du fardeau qui pesait sur ses épaules. Son regard lointain était empreint d'une profonde introspection alors qu'il se plongeait dans les méandres de sa mémoire, revisitant les décisions cruciales prises au cours des dernières semaines.

En seulement 27 jours, il avait traversé une existence entière, chargée d'émotions tourbillonnantes et d'embûches insurmontables. Chaque moment, chaque choix, chaque épreuve se reflétait dans les lignes de son visage, témoins silencieux de la tumultueuse traversée qu'il avait parcourue. Dans ce silence oppressant, il cherchait des réponses, des solutions à ces défis inattendus qui avaient bouleversé sa vie en si peu de temps.

Une simple petite boîte en bois, apparemment insignifiante, allait saccager et mettre à terre la vie déjà fragile d'Henry. Dans cette boîte résidait le pouvoir de transformer son existence, de manière aussi inattendue que dévastatrice. D'un côté, il pouvait espérer ramener à lui des êtres chers, ressusciter des souvenirs perdus dans l'obscurité du temps. Mais d'un autre côté, cette même boîte pouvait aussi être le catalyseur de la disparition de ceux qui étaient au cœur de son existence, ceux qu'il chérissait et qui l'entouraient de leur amour et de leur soutien. Dans ce dilemme déchirant, Henry se tenait à la croisée des chemins, confronté à des choix aux conséquences incalculables.

Face à l'évanouissement soudain de Monsieur Normil, Henry sentit un frisson de panique lui parcourir l'échine. Ses yeux s'écarquillèrent d'horreur alors qu'il observait son compagnon s'affaisser, impuissant à intervenir. Une boule d'angoisse se forma dans sa gorge alors qu'il se précipitait auprès de lui, tentant de le secouer doucement pour le ramener à lui.

Son cœur battait la chamade, empli d'une anxiété croissante alors qu'il priait silencieusement pour que Monsieur Normil reprenne connaissance. Dans ce moment de crise, Henry était submergé par un mélange de peur et d'urgence, cherchant désespérément une solution pour aider son compagnon de route.

Henry se trouvait au cœur d'un tourbillon émotionnel déchirant, jonglant entre la joie de la reviviscence de sa fille Anna et l'horreur de la mort brutale et sanguinaire qui frappait un proche, un ami, un voisin ou une connaissance chaque jour. Chaque moment de bonheur était assombri par la perspective terrifiante de perdre quelqu'un de cher dans un cycle infernal de mort et de renaissance. Cette dualité oppressante pesait lourdement sur ses épaules, le plongeant dans un abîme de dilemmes moraux et de tourments intérieurs.

- Je n'ai pas voulu de tout ça, poussa Henry dans une crise de mélancolie, ses paroles chargées de remords et de douleur. Je ne savais pas que j'allais faire autant de mal et briser tellement de familles, poursuivit-il dans ses complaintes, sa voix tremblante de chagrin et de regret.

Alors que la conscience revenait lentement à Monsieur Normil, son visage pâle et fatigué se détendit peu à peu, ses traits marqués par la douleur se relâchant progressivement. Ses paupières papillonnèrent doucement avant de s'ouvrir lentement, révélant des yeux ternes mais empreints de lucidité. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres, signe que la torpeur qui l'avait enveloppé commençait à se dissiper.

Son comportement était empreint d'une certaine confusion initiale, mais bientôt, il prit conscience de son environnement et de la présence rassurante de Henry à ses côtés. Un léger sourire reconnaissant se dessina sur ses lèvres, exprimant sa gratitude envers son compagnon pour son soutien constant. Sa main tremblante se leva pour toucher doucement celle de Henry, un geste de reconnaissance silencieuse qui témoignait de leur lien indéfectible dans les moments les plus sombres.

Puis, submergé par ses émotions, il se mit à pleurer, ses sanglots remplissant la pièce d'une tristesse palpable. Il exprimait sa détresse en argot, laissant échapper de grandes lamentations qui résonnaient dans le silence de son désespoir.